Noirmoutier, embarquement sur un navire ancien

L’histoire maritime de Noirmoutier est marquée par sa résistance aux tentatives de conquête guerrière ou d’envahissement par la mer. Son château fort érigé pour combattre les attaques de Vikings en est le vestige le plus marquant. Durant la Révolution française, les armées républicaines croyant au débarquement d’une armada anglo-royaliste, ont mis en place en 1793 un important blocus maritime et ont éliminé le reste des armées vendéennes qui auraient pu être les complices des supposés assaillants. Plus tard, à la fin de la Première Guerre mondiale, les Américains ont installé à Barbâtre une très importante escadre d’hydravions pour assurer la surveillance et la défense aérienne de ses nombreux convois maritimes transportant vers Saint-Nazaire les armes et équipements militaires pour leur intervention au front. Enfin, lors de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont construit sur l’île de nombreux ouvrages faisant partie du Mur de l’Atlantique pour protéger l’estuaire de la Loire et Saint-Nazaire d’éventuelles attaques navales et aériennes.
Aujourd’hui, l’actualité maritime est beaucoup plus pacifique et concerne la navigation de plaisance et les activités de pêche professionnelle. Fait remarquable, Noirmoutier est le port d’attache de nombreux vieux gréements et bateaux classiques et le lieu d’importants événements nautiques (Régates du Bois de la Chaize, NO Classic comptant pour le Challenge Métrique,etc.). Parmi ces vieux navires basés à Noirmoutier, on ne compte pas moins de quatre bateaux classés monuments historiques : trois voiliers de course (Jauge Internationale – 8mJI et 6mJI) et un voilier de service, ancien baliseur.
On peut classer ces voiliers, vapeurs et bateaux à moteur, etc. en :
navires anciens restaurés et maintenus strictement à leur condition et état d’origine comme Aile VI, 8mJI, Champion olympique en 1928 ;
navires anciens modernisés comme le Belem ;
répliques de construction récente comme l’Hermione.
L’armateur est souvent du secteur privé à travers des formes juridiques de multipropriété. L’exploitation maritime (maintenance et conduite) est généralement sous le régime des NUC (Navires à Usage Commercial - division 241 ou 242 de la Réglementation des Navires de Plaisance Professionnelle en Mer) avec la participation de nombreux bénévoles.
Le financement (construction et entretien) est assuré en général par du mécénat d’entreprise, des investissements de particuliers, des subventions publiques et des souscriptions de la population.
Leur exploitation n’est pas toujours commerciale, mais les vieux gréements naviguent et accueillent à leur bord des équipages permanents ou de passage lors de croisières, de régates, d’événements nautiques ou de service maritime - le cabotage de marchandises par des cargos à voile anciens comme le Nordlys, accueilli en octobre 2017 à Noirmoutier, est une solution écologique très prisée.
Pour ma part, j’ai récemment embarqué sur Aile VI pour un entraînement au large du Bois de la Chaize à Noirmoutier - expérience inoubliable de manœuvres délicates pour respecter cette véritable bête de race. Un autre beau souvenir : quelques bords tirés avec le Martroger, un baliseur lourd et rétif à la remontée au près, avec sa barre franche à maîtriser !
L'Aile VI n'est pas seulement un navire ancien de plaisance mais également un navire olympique ! Il a été construit en 1927 pour Virginie Hériot, célèbre navigatrice à l'époque. A son bord, elle remporta les Jeux Olympiques en 1928 et la Coupe de France. Cannes, ville d'adoption de la navigatrice, inaugure en 1936 une stèle à son effigie sur la jetée Albert-Edouard.