
Armel Le Cléac’h a coupé la ligne d’arrivée dimanche à la tombée de la nuit, signant, comme il y a quatre ans, une belle 2e place. L’occasion de revenir sur la course du skipper avec Chantal Petrachi, Directrice de la Communication de Banque Populaire.
Figaro Nautisme : Quel était votre objectif au départ de la course?
Chantal Petrachi : Notre objectif était d’offrir un maximum de visibilité à la marque Banque Populaire, avec une volonté de notoriété. Le sponsoring est complémentaire à notre communication publicitaire, d’autant que nous sommes loin d’être le plus gros annonceur dans le secteur bancaire. La voile nous offre une belle exposition. Nous voulions également associer la marque aux valeurs du Vendée Globe que sont la performance du skipper, la compétence, le courage, ainsi que la capacité à aller au bout de soi-même et au delà.
Mission accomplie ?
Notre objectif a été totalement rempli. Armel et François ont été en concurrence de manière quasi permanente. Ce duel a généré une belle couverture médiatique. Les deux skippers sont tous deux expérimentés et affûtés. Ils ont été tout le temps au taquet. En plus, Armel a été en tête pendant un certain temps. On ne peut pas dire qu’on n’a pas entendu parler de lui ! Nous calculons les retombées en nombre d’alertes, tous types de médias confondus. Pour le moment, les données sont encore brutes, mais le 17 janvier dernier, nous étions entre 18 et 19.000 retombées. Cela va encore augmenter dans les jours à venir (l’interview a été réalisée plusieurs jours avant l’arrivée d’Armel, ndlr). Nous avons en tous cas atteint des records, d’autant que ça a commencé avant le départ de la course, vu qu’Armel faisait partie des favoris. Et ça a continué quand il était premier, puis pendant le mano à mano avec François.
Comment situez-vous le Vendée Globe par rapport au Trophée Jules Verne en termes de retombées ?
C’est difficile de comparer les deux si on regarde dans le détail. Sur le Jules Verne, on a communiqué sur les différents records battus tout au long du parcours. On a eu plus de retombées sur la fin. Le bateau est arrivé un week-end où il n’y avait pas beaucoup d’actualité. Et puis Loïck (Peyron) est très médiatique. La communication s’est faite sur la puissance du Maxi trimaran Banque Populaire, les compétences et l’esprit de l’équipage. Loïck a également bien fait la promotion autour du record. C’est dur de faire la différence entre l’aura du projet et celle de Loïck. Sur le Vendée Globe, la communication a moins tourné autour du bateau car Banque Populaire et MACIF sont très similaires, mais plus autour du courage, du dépassement de soi, du talent, de la force d’âme, de la ténacité et de la combativité des hommes. Le grand public retiendra plus la victoire de l’homme que le niveau de performance du bateau. En outre, la notoriété d’Armel n’est pas aussi forte que celle de Loïck en dehors du milieu de la voile. Les retombées sont donc différentes.
Armel termine 2e, alors qu’il a mené pendant une partie de la course. Des regrets ?
Si je vous réponds avec mon âme de supporter, je vous dirais que je ressentirais plus de la frustration que des regrets, car on y allait pour gagner, pas pour juste « participer ». Donc j’avoue qu’en tant que compétiteur, j’éprouverais une forme de colère liée à la déception, d’autant qu’Armel n’a pas commis de faute. Je me mets à la place d’Armel ou de tous les membres du Team Banque Populaire et comme eux, je crois que j’enragerais. Ca ne veut pas dire que je sois mauvaise perdante. C’est, me semble t-il, le sentiment légitime de tout sportif de haut niveau qui fait partie des quatre ou cinq favoris. Nous sommes un Team reconnu pour sa compétence. Il est normal que nous ayons des exigences sur les performances sportives. Mais en tant que Directrice de la Communication, si c’était à refaire, je le referais sans hésiter une seconde, car notre objectif de communication a été largement atteint. Par ailleurs, même s’il n’est que second, personne ne dira qu’Armel n’a pas fait une belle course. Tout le monde félicitera les deux premiers pour l’incroyable duo qu’ils ont formé pendant la course. François aura tous les honneurs et cela sera mérité, mais les gens sont respectueux de la course qu’a faite Armel. Tous deux sont des compétiteurs hors pairs qui ont été au bout d’eux-mêmes.
Qu’est ce qui, selon vous, a fait perdre la victoire à Armel ?
Armel et François ont un profil très proche. Ils ont la compétition dans l’âme et sont tous deux très professionnels. Il y a eu un problème de fichier météo. J’ai déjà constaté des situations identiques sur la Solitaire du Figaro avec une distorsion entre ce qu’annonçait le fichier et ce qu’on trouve comme situation réelle sur place. C’est la faute à pas de chance. Ils naviguent tous les deux très bien, mais à un moment donné, en plus du talent, François a eu un petit coup de chance supplémentaire en touchant plus de vent que ne le laissaient présager les fichiers. A talent identique, cela permet de creuser un peu l’écart. Alain Gautier disait à une vacation l’autre jour que toutes les portes semblaient s’ouvrir devant François. Je ne sais pas si la voile en plus ou en moins qu’avait François a fait la différence. Les écarts ont été tellement faibles pendant si longtemps que je pense que les deux skippers ont le même niveau. D’ailleurs, sur la Solitaire du Figaro, on a retrouvé le même podium, mais dans l’ordre inverse.
Vous avez évoqué la possibilité de vendre le 60’ si une occasion se présente. Envisagez-vous malgré tout d’être présent sur le Vendée Globe 2016 ?V
Je n’exclus rien, même si je trouve que c’est dur d’avoir de la visibilité à plus de deux ans aujourd’hui. Il y aura un repositionnement de certains sponsors à la fin du Vendée Globe, à l’instar de Virbac-Paprec, qui part sur le circuit MOD 70. Pour l’instant, notre objectif est la Route du Rhum 2014. On commencera à réfléchir à l’avenir fin 2013, début 2014. Une fois qu’on aura fait (et j’espère gagné !) la Route du Rhum, on avisera, en fonction de ce qui fait rêver les gens, et correspond à notre image et notre statut. On verra à ce moment là si le Vendée Globe est la course qui correspond le mieux à notre cahier des charges ou pas. C’est un peu tôt pour dire si oui ou non on y sera, mais ce n’est pas exclu.
LIRE AUSSI :