
Peu après avoir coupé la ligne d’arrivée, François Gabart a livré ses premières impressions sur la course.
« C’est un soulagement énorme. Tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, on ne sait pas ce qui se passer avec les pêcheurs et les cargos. Ca faisait quelques jours que je commençais à y croire, mais je voulais rester concentré. Les bateaux sont de plus en plus performants, e nous, nous sommes de mieux en mieux préparés. Donc ces performances qui s’améliorent à chaque course, c’est normal, en fait. J’ai pris un petit avantage au large de l’Argentine, je me suis décalé dans l’est et lui (Armel le Cléac’h) a été bloqué dans une dépression orageuse, j’ai pu creuser l’écart. Il y a eu des yo-yo, des effets élastiques, mais j’étais devant. Quand je suis parti, je ne pensais pas jouer la victoire. Je savais que c’était possible mais je ne cherchais pas ça. Dans l’Indien, j’ai commencé à y penser et quand Armel et moi nous sommes tirés la bourre, je me suis dit que j’avais une chance sur deux de gagner. Et ensuite, dans l’Atlantique, j’y ai crû. Quand on prend des coups dans la figure, il faut se battre. Je me suis investi pour faire face à ce qui nous arrive, et il nous en est arrivé beaucoup ! Je n’ai jamais baissé les bras. Mon moteur m’a lâché cinq jours après le départ, ça a été dur, surtout qu’on a vu que l’énergie est importante dans cette course. Mais j’ai réussi à réparer. La longueur, l’enchaînement, c’est le plus dur. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir un seul moment de répit. Même le golfe de Gascogne à la fin, il fallait rester hyper attentif. Ce qui m’a manqué, c’est le calme et la vie terrienne. Merci à Armel, on a vécu des choses exceptionnelles. C’est plus beau pour moi mais je pense qu’il en gardera un beau souvenir aussi. Cette intensité pendant trois mois, c’est grâce à lui, ou à cause de lui, je ne sais pas comment dire… »