Le jeune marin de 29 ans a devancé son rival Armel Le Cléac'h de 3 h 17 pour remporter le Vendée Globe.
Un immense exploit. François Gabart, 29 ans et benjamin de la flotte, a remporté dimanche la 7e édition du Vendée Globe. Le skipper du bateau Macif a bouclé le tour du monde en 78 jours 2 heures 16 minutes et 40 secondes (28 646,55 milles parcourus à la vitesse moyenne de 15,3 noeuds) et laminé le record de Michel Desjoyeaux de 6 jours et 53 minutes.
Il y a quatre ans, Gabart ne faisait de la voile professionnelle que depuis six mois. «J'étais très loin de m'imaginer en tête du prochain Vendée Globe!» Mais sa fascination pour l'aventure planétaire était tellement forte qu'il aurait tout fait pour s'élancer des Sables-d'Olonne, «même en Optimist!» a-t-il lancé après son arrivée. «Cette fascination qui prend aux tripes est nécessaire, sinon le Vendée Globe est un calvaire, a ajouté le jeune vainqueur. Si je suis si ému, c'est aussi parce que pendant près de 80 jours j'ai vécu avec l'idée que tout pouvait s'arrêter d'une seconde à l'autre.»
François Gabart a eu bien de la peine à retenir ses larmes lorsqu'il a évoqué son bateau après sa remontée triomphale du chenal des Sables-d'Olonne: «Moi, j'ai eu la chance de me reposer mais lui, jamais.» Heureusement, la foule était là dimanche, nombreuse et enthousiaste, pour l'acclamer et le soutenir dans ce moment d'émotion.
Michel Desjoyeaux avait prévenu son poulain avant le départ: «Tu auras une galère par jour et c'est normal.» Après 78 jours de course, François Gabart a bien compris la leçon du professeur. «Heureusement, elles ne sont pas toutes arrivées en même temps!», s'amuse-t-il. La première difficulté est arrivée dès Madère avec une avarie de moteur. «En partant, je ne savais pas si j'allais réussir à gérer toutes les difficultés car c'est long un tour du monde. Mais tu les gères la première journée, puis le lendemain, puis le surlendemain... Et tu te retrouves aux Sables-d'Olonne...»
Le jeune bizut évoque cette première avarie comme un moment fondateur de sa course. Il s'est senti plus fort quand il a réussi à la résoudre puis de plus en plus sûr de lui au fil des réparations. C'est aussi à ce moment-là qu'il a décidé de cadrer sa communication. «Il y a quatre ans, Michel Desjoyeaux s'était trouvé dans ce type de communication (minimaliste) mais, lors du départ, j'étais convaincu que je n'allais pas faire la même chose, a-t-il expliqué lors de la conférence de presse. Je me disais que ma nature était plus spontanée. Et puis lorsque le souci de moteur est arrivé, je me suis dit que cela allait être vu comme une faiblesse et que c'était dommage de le dire dès ce moment-là. À partir de là, j'ai commencé à garder des choses pour moi puis on a commencé à se tirer la bourre avec Armel (Le Cléac'h)... Là, c'était trop difficile pour se permettre de donner des choses à l'adversaire.» François Gabart assure avoir été surpris de vivre trois mois de compétition intense. «Je voudrais remercier Armel de m'avoir fait vivre cette compétition incroyable... Et je voudrais aussi le remercier de ne pas m'avoir doublé!»
Sitôt après avoir prononcé ces quelques mots, le nouveau vainqueur du Vendée Globe est parti rejoindre ses proches, pieds nus car il ne souhaitait pas enfiler les bottes qui ne l'avaient pas quitté depuis si longtemps. Pendant ce temps-là, Armel Le Cléac'h parcourait les derniers milles de son tour du monde à bord de Banque Populaire, au soleil couchant.
Et au final, 3 heures et 17 minutes séparent seulement les deux leaders pour le plus petit écart jamais enregistré sur le Vendée Globe. «Il n'est pas mauvais le petit jeune, c'est sûr, confie le Cléac'h de retour aux pontons. Il a fait le break au 5e set et gagné 6-4. Deuxième, ce n'est pas si mal (comme en 2009). Je suis content de ma copie à 99 %. Avec 78 jours, on a monté le niveau de jeu. C'était super-intense sur l'eau...»
Les deux skippers se retrouveront très vite au Centre d'entraînement de Port-la-Forêt pour de nouvelles batailles. Devant leur performance, le directeur du centre, Christian Le Pape, a salué ses artistes des océans: «Ce sont des talents à l'état pur. Difficile de différencier la part de la technique et de la sensibilité. Ils gagnent sans monter sur la tête des autres...» Pendant que des dizaines de milliers de passionnés fêtaient leurs héros du jour, Alex Thomson (Hugo Boss) poursuivait sa route et devrait compléter le podium mardi ou mercredi. Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3), en quatrième position, continuait lui sa remontée, au moins jusqu'au Portugal, malgré la perte de sa quille.
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