
François Gabart et Armel Le Cleac’h ont tous les deux suivi des études d’ingénieur, le premier est diplômé de l’INSA Lyon, le second a étudié à l’INSA Rennes. Pour comprendre l’intérêt d’une telle formation dans le monde de la voile, nous vous proposons de rencontrer Matthieu Souben, ingénieur et marin. Il navigue en ce moment auprès de Lionel Lemonchois.
Pourquoi avoir choisi une formation d’ingénieur ?
Aujourd’hui la vie de marin professionnel, c’est une vie de chef de projet car il faut savoir gérer une équipe sur l’eau et à terre. En navigation, il faut être inventif et ingénieux pour aller chercher des solutions aux problèmes que l’on rencontre tous les jours. Alors, quand on regarde les marins qui percent, ils ont le plus souvent une formation scientifique poussée.
Quel est l’intérêt de cette formation dans le monde de la voile ?
Très jeune, on doit démarcher des partenaires alors le fait d’avoir une formation solide nous permet d’être plus confiant. Pour convaincre les partenaires financiers de miser sur un jeune marin, il est important de montrer qu’on a la tête bien faite car souvent il y a quand même une grande différence d’âge entre eux et nous. Le fait d’avoir souvent validé le même niveau d ‘études que les partenaires les rassure.
Ensuite , avec les équipes qui travaillent sur nos bateaux, on peut avoir une discussion technique, être force de proposition, ou, au moins, avoir la compréhension des problématiques rencontrées par ces professionnels.
Est-ce que vos parents ont joué un rôle dans votre choix d’orientation après votre bac ?
C’est vrai qu’il est rassurant d’avoir une roue de secours mais je n’ai pas eu de pression familiale pour suivre une école d’ingénieur. J’ai choisi cette formation car elle permet d’avoir des aménagements d’emploi du temps pendant les études que je n’aurais pas pu avoir ailleurs. J’étais sur l’eau du mercredi au samedi soir et je m’absentais pendant des semaines entières pendant la saison. A mon retour, je passais une heure en tête à tête avec mon enseignant et je rattrapais trois heures de cours. Les cours particuliers, cela a du bon ! J’ai passé quatre ans à l’INSA Rennes (au lieu de 3 pour un parcours classique à Bac + 2) car j’ai dû m’absenter 8 mois pour mon entraînement olympique.
Quel était le regard des potentiels employeurs lorsque vous êtes arrivé sur le marché du travail ?
Je crois que les parcours mixtes sport-études sont valorisés sur le marché du travail. Nous pouvons nous démarquer. Quand on a mené à bien un parcours olympique, par exemple, on fait un peu moins la fête que nos compagnons de promo (sourire) et on a une belle histoire à raconter aux employeurs. Cela prouve aussi que, très tôt, nous avons su manager une équipe et gérer des problématiques d’organisation. Enfin, on a souvent passé beaucoup de temps à l’étranger donc on maîtrise 2 sinon 3 langues.
Depuis la fin de ses études à l’INSA, Matthieu Souben partage son temps entre les navigations et la gestion de la voilerie Quantum.
LIRE AUSSI:
Jérémie Beyou: Une course imeccable et quasiment sans erreur