
Marcus Hutchinson, marin irlandais passé du côté de l’organisation des plus grandes courses au large, connaît bien Alex Thomson. Il nous présente le skipper d’Hugo Boss tandis que celui-ci affronte les derniers milles qui le séparent de la troisième marche du podium.
Vous rappelez-vous de votre première rencontre avec Alex Thomson ?
Je l’ai rencontré en 2000, à l’arrivée de la Transat Anglaise alors qu’il naviguait en 50 pieds. Je lui ai trouvé beaucoup de détermination. Il a eu un parcours de carrière intéressant et pas très classique par rapport aux coureurs en France. Par exemple, il n’a jamais fait de course en Figaro. Il a eu pas mal de soucis techniques avec ses projets et il s’est entraîné souvent tout seul de son côté, selon son caractère. Il a mis plus de dix ans pour arriver à un certain niveau et – on croise les doigts jusque demain - pour finir en troisième position du Vendée Globe. C’est un bel aboutissement de carrière.
Vous l’avez vu progresser ; quelles qualités a-t-il développé au fil des années ?
Je crois que tout s’est vraiment passé ces deux dernières années. Il a eu un grand changement d’attitude, d’objectifs et de structure de son équipe. Ce qui est très important à comprendre c’est qu’en France, les structures, les sponsors et les partenaires fonctionnent très bien ensemble. C’est bien rôdé. Mais à l’étranger, il faut faire beaucoup plus pour garder un partenaire. Alex est obligé de passer beaucoup plus de temps en tournée pour son sponsor. Il doit faire des opérations promotionnelles comme l’homme sur la quille ou en ski nautique derrière son bateau…
VIDEO: Alex Thomson en mode James Bond sur sa quille
Il a un deuxième bateau qui est tout le temps en tournée et il se donne énormément pour garder Hugo Boss. C’est un sponsor conséquent mais il faut aussi réaliser qu’Alex se dépense beaucoup pour activer ce partenariat. Pour justifier le niveau de dépenses nécessaire à un Vendée Globe, il faut créer de la valeur autour de ce projet et Alex et son équipe sont les rois dans ce domaine. Pour faire un très bon Vendée Globe, Alex a aussi su garder du temps pour naviguer en solitaire. Il a fait quatre transatlantiques avec ce bateau ce qui est inédit pour lui.
Quel est selon vous le moment le plus important de la course d’Alex Thomson sur ce Vendée Globe ?
Je crois que c’est en ce moment. Il a bien géré le rythme. Il savait qu’il n’avait pas le bateau le plus performant (ndlr : un plan Farr 2007) et il s’était préparé aux dégâts matériels. Par le passé, il avait une réputation de tête brûlée mais il a appris à jouer le long terme. Mais là, c'est dur. On a vu avec la vacation de ce mardi midi qu’il y a beaucoup de vent et beaucoup de mer et surtout c’est la fin. L’homme et le bateau sont fatigués. Et comme on approche de l’arrivée, il y a beaucoup moins d’options météo. La ligne d’arrivée est en plein milieu de l’orage. Alors, sincèrement, je pense que c’est maintenant le plus dur.
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