
Figaro Nautisme. - Avez-vous pris du plaisir à suivre la course?
Roland Jourdain. - Bien sûr, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette édition. C'est toujours beau à voir et, de surcroît, je m'y voyais bien. En plus, il y avait une rapidité impressionnante. On savait qu'une régate était possible sur ce Vendée Globe mais personne ne pensait que les skippers de tête seraient aussi proches et surtout pendant aussi longtemps.
Gardez-vous le même intérêt maintenant que les premiers skippers arrivent?
Je fais toujours attention à ce qui se passe. Je suis spécialement le parcours d'Alex car il est en train de réaliser quelque chose d'exceptionnel. Il y a le cas de Jean-Pierre qui est aussi très intéressant avec toutes ses tribulations. Je suis aussi très friand des petites histoires, notamment celles d'Alessandro et les pitreries de Jean. Enfin, il y a la bagarre pour la cinquième place entre Jean et Mike qui est aussi presque passionnante que celle pour la victoire.
Comment jugez-vous la performance de François Gabart?
Il a les qualités de sa génération, il gère extrêmement bien sa communication et il est, en plus, un marin hors pair. Cependant, je ne pense pas que l'on puisse vraiment dissocier la performance de François de celle d'Armel sur cette course. Ce qui est sûr, c'est que François fait preuve d'une maturité exceptionnelle.
A-t-il encore une grande marge de progression?
Je ne sais pas. Forcément, il a le potentiel pour rester au sommet très longtemps. Dans une génération, il y a toujours un ou deux skippers qui émergent et qui se placent nettement au-dessus des autres et François est ce skipper. Au début du Vendée Globe, il partait avec l'étiquette de favori-outsider, désormais, il aura l'étiquette de grand favori mais je ne pense pas que cela le perturbe. Il a déjà vécu la pression, ce n'est pas maintenant que ça va le déranger à mon avis.
Vous avez un passé compliqué avec le Vendée Globe. Pourriez-vous être tenté par un retour sur la course?
C'est un objectif parmi tant d'autres. J'ai volontairement pris du recul sur cette édition pour l'observer de l'extérieur et maintenant, j'ai envie de retenter cette aventure. C'est une course que je n'ai jamais gagné et donc, par définition, une course à faire.
Vous faites partie des skippers qui font la promotion des bateaux «propres». A ce titre, suivez-vous particulièrement la course de Javier Sansó?
Je suis Javier tout comme je suis les autres concurrents. C'est une vraie belle voie qu'il a emprunté et c'est intéressant pour l'avenir de voir les performances qu'il tire d'un bateau comme celui-là. Pour autant, je me dissocie de lui. Son bateau fonctionne aux énergies propres et il y a déjà beaucoup de monde très compétent dans ce domaine. Moi, je travaille sur du bio-composite, c'est-à-dire construire des bateaux, et même d'autres choses, en matériaux écologiques. Bien sûr, le prochain vainqueur du Vendée Globe n'aura pas un bateau 100% bio-composite mais des applications sont déjà possibles sur des bateaux de plaisance. Aujourd'hui, on fait le tour du monde avec l'équivalent de trois plein de voiture, c'est déjà bien, mais on pourrait même économiser ces 3 pleins et ce serait merveilleux.
Quelles sont vos échéances?
Je cherche un sponsor pour un projet de 60 pieds. J'aimerais faire la prochaine Transat Jacques Vabre. Ce serait bien que j'obtienne des partenaires mais si ça ne se fait pas je pourrais essayer de me rattacher à quelqu'un. J'ai quelques pistes de personnes avec qui je pourrais participer mais il n'y a rien de signer. Il y a aussi la Route du Rhum en 2014 mais toutes ces idées s'inscriraient dans un projet qui aurait comme terme le Vendée Globe 2016.
Qu'en est-il du MOD70?
Le MOD a un programme bien trop flou, il n'y a pas vraiment de possibilité pour chercher de l'argent sur ce genre de projet. Par contre, si quelqu'un me propose de venir naviguer sur son bateau, je serais content. Je ne me ferme pas à d'autres supports que les 60 pieds, ça me permettrait de garder une certaine activité de marin, ce n'est pas plus mal.