
Si Armel Le Cleac’h n’avait pas pu partir, c’est Christopher Pratt qui prenait le départ sur Banque Populaire. Le jeune skipper a suivi l’arrivée avec le regard ému de celui qui se verrait bien sur la ligne de départ 2016.
Comment s’est passée l’arrivée d’Armel ?
Il y avait une très belle lumière avec le soleil qui venait juste de se coucher. Il est apparu à l’horizon comme un petit point. On était vraiment comme des gosses sur le zodiac ! Tout de suite on a foncé vers lui, on a hurlé et il a crié, il était tout content de nous voir donc ça c’était génial. Après il a fallu aller très vite entre la ligne et le chenal en raison de la marée donc on est tout de suite monté à bord pour ranger les voiles, déplomber et démarrer le moteur. Je me suis retrouvé à allumer feu à main sur feu à main alors je n’ai pas vu grand-chose. Il faudra que je regarde l’arrivée sur les vidéos ! Mais c’était magique.
Et puis après je crois que les moments forts, pour les avoir vécu, même si c’était des courses beaucoup plus courtes, ce sont les retrouvailles avec son team mais surtout avec sa femme et ses enfants. Donc on a tout de suite cherché sa femme pour qu’il puisse serrer ses proches dans ses bras. C’est quelque chose de super fort.
Aviez-vous discuté avant de le retrouver par radio ?
Non, on échangeait car nous étions à côté en zodiac mais nous n’entendions pas très bien. On lui criait quelques félicitations ou des blagues. En fait ce sont les regards qui étaient très forts.
Dans l’optique de prendre le départ du Vendée Globe 2016, comment avez-vous vécu cette arrivée ?
Au moment du départ j’avais envie de partir moi aussi je ne les enviais pas vraiment dans le sens où c’est vraiment très dur de quitter ses proches, cela se lit sur les visages de tous les concurrents. Autant là, on a qu’une envie c’est d’être à leur place ! Ils ont fait quelque chose d’extraordinaire et à un niveau de compétition qui n’avait jamais été égalé. Ça donne envie d’y être dans quatre ans !
François Gabart l’a dit à l’arrivée, « il faut vraiment avoir ça aux tripes sinon c’est un vrai calvaire ». Comment le ressentez-vous ?
Ce n’est pas quelque chose que j’ai aux tripes depuis tout petit, c’est venu avec le temps. Aujourd’hui l’envie est là, viscérale, et je vois aussi le Vendée Globe comme l’aboutissement d’une carrière de marin. Je ne le ferai pas pour simplement faire le tour du monde mais de là à égaler leur niveau de performance, il y a encore du chemin !
Aux Sables, François Gabart a été littéralement happé par toutes les sollicitations. Est-ce que c’est quelque chose que vous appréhendez ?
Nous n’y sommes pas habitués car même les vainqueurs de grandes courses ne sont pas forcément reconnus dans la rue, hormis par le microcosme de la voile. Ce n’est pas du tout ce que je recherche en naviguant non plus. Mais cela veut dire qu’il y a une reconnaissance, qu’on fait rêver… C’est la rançon du succès. Et puis je pense qu’il va y avoir quelques moments sympas sur les plateaux TV des émissions qu’on regarde habituellement depuis notre canapé !
Vous êtes aussi là pour récolter les résultats d’une étude sur l’autodétermination avec le laboratoire Sport MG Performance et la Faculté des sciences du sport de Marseille.
L’autodétermination des sportifs a déjà été testée avant, après, ou sur un laps de temps plus long entre plusieurs épreuves, mais jamais pendant. Il faut dire qu’il est difficile de faire remplir un questionnaire de motivation à Roger Federer entre deux sets ! Mais avec le Vendée Globe, nous avons cette opportunité. Et puis quand on voit la bataille à laquelle se sont livrés Armel et François, on a du mal à douter de leur autodétermination ! J’ai hâte de découvrir les résultats car les deux premiers ont vraiment joué le jeu avec un questionnaire tous les dix jours. Le but à long terme c’est de trouver des outils de performance pour les skippers et d’utiliser ces résultats pour le monde de l’entreprise. Nous visons une publication scientifique et nous envisageons une version grand public.
Christopher Pratt cherche actuellement des partenaires dans le sud de la France pour prendre le départ du Tour de France à la voile.
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