François Gabart et le tourbillon médiatique

Course au large
Par Figaro Nautisme

 Il a franchi la ligne d’arrivée ce dimanche après 78 jours de course autour du monde. A peine à terre, le voilà pris dans une autre course, médiatique, cette fois.

 Il a franchi la ligne d’arrivée ce dimanche après 78 jours de course autour du monde. A peine à terre, le voilà pris dans une autre course, médiatique, cette fois.

Nous avions rendez-vous sur le bateau Macif avec un petit groupe de journalistes mais au dernier moment, l’attachée de presse de François Gabart a préféré nous faire venir à lui, dans un petit salon. Il faut dire que chaque déplacement ressemble à une bousculade avec le public encore très nombreux aux Sables d’Olonne.

 

Une autre course, médiatique cette fois

 

« Ce matin, je rejoignais mon hôtel par les quais après une interview et les gens aux cafés m’applaudissaient. C’est plutôt valorisant mais c’est surprenant ! » Ses yeux sont rougis de fatigue, il rêve d’une sieste, mais son programme médiatique est très serré. Il est encore étonné par l’enchaînement des directs TV après son arrivée. « Toutes les chaînes étaient là, alignées sur 15 mètres, et j’ai enchaîné les directs de 3 à 4 minutes. Après tu ne fais pas ça pendant trois jours, c’est un registre particulier ! » Le jeune vainqueur explique qu’il faut continuer à faire le job et qu’une nouvelle course commence. « Mais ce n’est pas simple car physiquement, on est cramé. » Il ajoute apprécier l’expérience de Mer Agitée, la structure de Michel Desjoyeaux. « Ils ont l’expérience du Vendée Globe et des Vendée Globe victorieux. Alors, je ferme les yeux et je me laisse mener. » Le Professeur, qui s’inquiétait déjà du tourbillon médiatique à la fin de la course de son protégé, explique : « François est quelqu’un de fondamentalement gentil, c’est un mec bien tout simplement. Le problème c’est que quand on est trop gentil, on ne sait pas forcément dire non. Je ne sais plus comment je lui ai écrit ça, dit-il en jetant un œil à son téléphone portable. Mais il faut qu’il se préserve pour qu’il reste lui-même et pour qu’il continue à avoir plaisir à partager tout ce qu’il a vécu. S’il ne se protège pas un peu, il va se faire bouffer et il va y laisser son âme. » Michel Desjoyeaux ajoute : « François sait aussi que si on a des bateaux comme ça c’est parce qu’on a la chance d’avoir des sponsors et après l’arrivée on a aussi des obligations logiques donc il faut faire le job jusqu’au bout. Mais autant le faire avec plaisir, il ne faut donc pas en faire trop. »

 

Une grande maîtrise psychologique à bord

 

François Gabart est revenu sur l’impression de facilité qui se dégageait de ses communications pendant la course. Le marin nous a d’emblée confié qu’il avait pleuré en course, et pas qu’une fois. « De joie aussi ! Enfin, parfois cela se confond et tu ne sais plus si c’est de la peine ou de la joie. C’est de l’émotion intense. » De sa main, il trace une ligne légèrement ondulée pour illustrer les fluctuations de moral à terre. Puis une courbe, beaucoup plus accidentée pour nous faire visualiser le moral en mer. « Des coups de blues, tu en as tout le temps, mais c'est normal: c'est la vie, comme à terre. La seule différence, c'est qu'ils sont plus accentués en course. Donc, l'idée, quand tu es en bas, c'est de remonter vite, de switcher, de penser à autre chose, de te concentrer sur les choses que tu sais faire. » François Gabart ajoute que c’est là que le Vendée Globe se joue. « Etre bon quand c'est facile, tout le monde sait le faire. Si je vous confie mon bateau bien réglé, vous filez à 24 nœuds sans problème. Mais sur le Vendée Globe, il faut être bon quand c'est compliqué et que c'est mentalement difficile. » Pour les vacations, il explique tout net : « Quand c'est vraiment difficile, que tu es au bord de l'asphyxie, en mode survie, tu ne passes pas à la vacation! Tu ne peux pas te permettre de le faire, pour moi cela devient superficiel. Quand tu prends le téléphone, c'est déjà que ça va, que ton bateau est à peu près bien réglé pour te permettre de décrocher. » Il précise que c’est aussi dans sa nature : il ne se plaint pas à terre donc il ne se plaint pas sur l’eau. « Je n'ai pas envie d'envoyer une vidéo en disant la mer est moche et que ça ne va pas. Donc, voilà, j'envoie une vidéo, quand je suis content. Du coup, les vidéos que vous avez vu, ce n'est qu'un fragment de la course... »
François Gabart vient de livrer un carnet de bord au skipper Christopher Pratt. Ce dernier étudie l’autodétermination des sportifs en vue d’une publication scientifique et peut-être aussi d’une version grand public.

 

Des embryons de rêve


Lors du premier Vendée Globe, en 1989, François Gabart avait toujours ses dents de lait mais il connaissait déjà le large grâce à une navigation familiale avec ses parents et ses deux sœurs. L’histoire de cette course en solitaire autour du monde est enlacée dans son histoire personnelle et il est entré sur le circuit Figaro, devenant champion de France en 2010, pour viser le Vendée Globe. Finalement, il a réalisé son rêve avant même d’avoir fêté ses trente ans et ne sait pas s’il souhaite y retourner. Il dit lui-même qu’il faut vraiment avoir une fascination chevillée aux tripes pour affronter ce tour du monde sans qu’il soit vécu comme un calvaire. « J’avais tellement d’énergie pour cette course depuis tant d’années ! Mais là j’ai tout utilisé, je suis à plat, à zéro. J'imagine que je vais me regonfler assez vite, mais, pour l'instant, je n'ai pas encore le désir d'y retourner. Cela aurait certainement été différent si j’avais terminé deuxième, j’aurais eu ce petit quelque chose me disant que je pouvais faire mieux. » François Gabart se rappelle de son entrée au centre d’entraînement, il y a quatre ans, avec Christian Le Pape, directeur du centre, qui s’interrogeait, devant sa fascination pour le Vendée Globe : mais tu es très jeune, qu’est-ce que tu vas faire après ? « Et bien aujourd’hui, je n’en sais rien et cela ne m’inquiète pas du tout du tout ! lance François Gabart avec le sourire. Il n’y a pas aujourd’hui de course qui me fascine autant, ou presque autant, que le Vendée Globe mais je sais que cela va venir. » Pendant sa navigation, il explique avoir développé des embryons de rêves. Il n’en dira pas plus, ces embryons sont beaucoup trop précieux pour en parler maintenant.

 

Programme 2013/2014 pour François Gabart: 

- Transat Jacques Vabre (3 novembre 2013)

- Route du Rhum (automne 2014)

 

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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