
La Copa del Rey ne se joue pas seulement au ballon, elle investit également la baie de Palma aux Baléares. C’est l’épreuve phare de la voile espagnole.
Sur le plan d’eau, les coques effilées de 117 voiliers venus de 20 nationalités bataillent ardemment devant la baie de Palma, havre de paix fréquenté depuis l’antiquité et arène d’exception pour les spectateurs de la Copa del Rey Mapfre. « Ce qui marque le plus, c’est cette eau translucide qu’on n’a pas toujours l’habitude de voir en Méditerranée ! Cela fait très plaisir de trouver pas très loin de chez nous un cadre aussi beau », assure le Français Laurent Camprubi. Le vainqueur de la Giraglia Rolex Cup 2013 sur Alizée, le XP44 de la Société nautique de Marseille, rêvait depuis longtemps de prendre le départ de ce rendez-vous annuel. En nous confiant ses premières impressions, le marin évoque tout à la fois le niveau sur l’eau, mais aussi la très bonne ambiance sur les pontons et bien sûr la beauté du lieu. Côté spectateurs, le rendez-vous méditerranéen attire à la fois les amateurs de têtes couronnées, qui observent avec délectation les prouesses du prince héritier d’Espagne, et les passionnés de voile sportive. Cette année encore, la 32e édition n’a pas déçu les premiers avec une belle performance de Felipe d’Espagne, sous les applaudissements de sa famille venue l’encourager. Au quatrième jour de la compétition, la reine Sofia et l'infante Elena étaient en effet aux premières loges de la victoire du prince des Asturies sur Aifos, navire de la marine espagnole. Malheureusement, il s’agissait de la première et de la dernière victoire du voilier, distancé à la 5e place au classement général de la catégorie Hublot IRC 1. Dans cette catégorie, c’est finalement l’équipage italien de Michele Galli, sur B2, qui a largement remporté la victoire finale après sept victoires sur dix manches. Mais au-delà du spectacle royal, les amateurs de voile sportive ont souvent dû ronger leur frein cette année en raison des conditions de vent capricieuses, fréquentes aux Baléares. Les huit catégories présentes ont pu courir une manche mais beaucoup n’ont pas pu prendre de deuxième départ.
Une baie surprenante
Mais pour Thierry Peponnet, médaillé d’or en voile olympique (1988), ce sont justement les caprices d’Eole qui donnent du sel à cette compétition. « C’est tactiquement très intéressant avec des conditions mixtes, explique-t-il. Une journée peut commencer avec très peu d’air puis une brise de mer va se lever et donner un plan d’eau très venté. » Des conditions exigeantes pour les novices comme Laurent Camprubi qui ne cachait pas un apprentissage difficile. « Lors de nos premières manches, nous avons navigué trop près de la côte et nous avons été déstabilisés par une zone de vent thermique, explique-t-il. C’est un phénomène local que les navigateurs habitués avaient anticipé … Maintenant, nous sommes prévenus ! » Le Marseillais s’est finalement classé 20e de sa catégorie sur 36 participants et deuxième des trois bateaux français. De son côté, Thierry Peponnet, très demandé grâce à son titre olympique et son expérience victorieuse sur la Copa del Rey, coachait Ran, arrivé deuxième de sa catégorie derrière l’Américain Quantum Racing. Le vainqueur était skippé par le spécialiste du match racing et grand nom de la Coupe de l’America, Ed Baird tandis que Ran était mené par un amateur éclairé. « Le propriétaire de Ran a eu le courage d’affronter des marins professionnels venus de l’élite de la voile mondiale », souligne Thierry Peponnet. Au final, Ran est loin d’avoir démérité après trois victoires en régate. La Copa del Rey, s’est aussi construite comme une bataille de haut niveau entre amateurs éclairés et professionnels reconnus et c’est dans cet esprit qu’elle accueillera ces différents marins du 2 au 9 août 2014, toujours dans la baie de Palma.