
Le premier Mondial après les JO de Londres, disputé à La Rochelle, a déjoué les pronostics. Il s’est terminé par une médaille d’argent pour Pierre Leboucher et Nicolas Le Berre, un sacre loin d’être gagné d’avance.
Il y a encore trois semaines, personne n’aurait parié sur ce nouveau duo, constitué par un jeune coureur, Pierre Leboucher, et son ancien coach, Nicolas Le Berre. « Avant le début du championnat, nous n’étions même pas certains de prendre le départ en raison de la blessure au genou de Nicolas », rappelle le barreur. Après une préparation écourtée, leur objectif, modeste, était donc de se classer dans le top huit. Mais les premières régates leurs réservaient encore quelques embûches et notamment une disqualification mercredi pour refus de tribord face aux Anglais. C’est donc l’épée de Damoclès au-dessus de leur bateau que les deux Français se sont lancés pour leur dernier jour de course, en quatrième position au classement général. Mais un coup de théâtre a changé la donne. Les outsiders ont vu leurs adversaires grecs et argentins se prendre les pieds dans le tapis tandis qu’ils prenaient brillamment l’avantage. Les Australiens, solides leaders de ce mondial, leur ont aussi donné un coup de main involontaire puisqu’ils ont tout fait pour mettre des bâtons dans les roues de leurs adversaires directs, les équipiers grecs. « Nous sommes un peu émus, ont déclaré les deux médaillés d’argent. Cette deuxième place, ce n’est pas inespéré mais c’est un résultat génial. C’est trop fort de faire ça comme premier résultat » Les deux sportifs qui répétaient sur les pontons de La Rochelle qu’ils ne savaient pas vraiment où se situer par rapport à leurs concurrents ont maintenant la réponse. « Et c’est de bon augure pour la suite » se réjouissent-ils. Pendant ce temps-là, sur la plus haute marche du podium, le barreur australien, Mat Belcher, entrait dans les annales en gagnant un quatrième titre consécutif. Le deuxième équipage masculin français, composé de Sofiane Bouvet et Jérémie Mion, termine lui en huitième position. « Nous sommes contents pour Nico et Pierre, ont-ils assuré. Mais nous aurions bien voulu briller avec eux. Ils l’ont fait et on sait qu’on aurait pu le faire aussi. On va revenir beaucoup, beaucoup, beaucoup plus fort la prochaine fois. »
Bilan en demi-teinte
Grande déception en revanche pour les Françaises Camille Lecointre et Mathilde Géron qui se sont alignées en deuxième position au classement général avant de terminer au pied du podium. Elles rejouent ainsi la frustration des JO de Londres qu’elles cherchaient tant à oublier. « Nous nous sommes trompées de priorité, analysent-elles. « Nous ne savions pas combien il fallait mettre de points et nous nous sommes emmêlées les pinceaux. Il fallait coller aux basques de la Chinoise. » Le duo, très attendu sur ce championnat, parle de manque de préparation. « Cela aurait dû faire tilt, que l’argent était perdu et qu’on jouait pour le bronze mais ça ne l’a pas fait », regrettent-elles. « On s’est fait salement pourrir par une des Chinoises. Elle nous tue. Il faut vraiment revoir notre méthode." En première position, les Néo-Zélandaises, championnes olympiques en titre, ont survolé le championnat avant de remporter leur titre avec 20 points d’avance.
Le parcours des deux Françaises a suscité les encouragements unanimes des responsables de la fédération française de voile. « Elles méritent mieux que ça, Jean-Pierre Champion, le président de la fédération. Elles avaient fait un beau progrès en remportant le titre européen mais ça n’a pas été suffisant pour remporter le cycle des podiums, voire des victoires. Elles échouent à un rien, au pied du podium. C’est un équipage à la fois de grand talent, et à mes yeux de grand avenir. » Jacques Cathelineau, directeur technique national, a de son côté rappelé que l’objectif était bel et bien les JO de Rio en 2016.
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