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Du Havre à Saint-Brieuc : pas de tour de chauffe pour les 36 Figaristes cette année
Les premiers 150 milles de cette Solitaire sont une entrée en matière très musclée dont certains se seraient bien passés. 20 noeuds de vent au départ donné sous spi pour un très beau spectacle, 30 noeuds deux heures après. Et des pointes à 45 avec des vagues de 3 mètres au passage de la bouée Ouest Pullar, au pied des côtes anglaises… La Manche est avalée en moins de 6 heures dans une chevauchée sous spi à la limite du raisonnable. Les dégâts sont nombreux avant même de doubler l’île de Wight. Safran délaminé pour Nick Cherry (RedShift), grand voile déchirée pour Eric Delamare (Région Normandie), barres de flèches cassées pour Thomas Dolan (Smurfit Kappa) et Gildas Mahé, dans le trio de tête au moment d’entamer le louvoyage. En tête, on retrouve les favoris de l’épreuve bien groupés : Anthony Marchand, Charlie Dalin, Xavier Macaire (Groupe SNEF) mais aussi Sébastien Simon qui après un mauvais départ remonte la flotte comme un avion. Alexis Loison (Custo Pol) et Corentin Douguet (NF Habitat) complètent le petit groupe de gros bras. C’est finalement Anthony Marchand qui coupe le premier la ligne devant Saint-Quay-Portrieux. Prophète en son pays, le briochin signe sa première victoire d’étape en huit Solitaires et confirme qu’il va falloir compter sur lui. Auteur d’un formidable dernier bord, Thierry Chabagny revient de loin et se place deuxième devant Charlie Dalin. Quatrième et amer, Sébastien Simon annonce à qui veut l’entendre que certains ont "cramé leur capital chance pour le reste de la Solitaire "…
De Saint-Brieuc à Muros Noia : à pleine vitesse dans le golfe
Les conditions sont excellentes : 12 noeuds de vent, grand soleil et c’est Vincent Biarnès qui fait le spectacle chez lui. Le skipper de Baie de Saint-Brieuc passe la bouée Radio France en tête à l’issue d’un parcours côtier suivi par des dizaines de plaisanciers venus fêter les Solitaires. La suite s’avère beaucoup plus compliquée. Après un splendide coucher de soleil, le vent abandonne les Solitaires aux Héauts de Bréhat. Première nuit blanche à chasser les algues et à raser les cailloux pour se protéger du courant. C’est Gildas Mahé, piqué au vif par son abandon en Angleterre qui s’échappe à la pointe de Bretagne. Il prolonge son bord sous spi vers le passage du Fromveur, le plus proche de Ouessant. Il embarque notamment avec lui Alexis Loison et Erwan Tabarly, venus eux aussi chercher les courants les plus puissants de la Bretagne.
Le vent forcit graduellement. Les vitesses s’affolent et le golfe de Gascogne est avalé en 36 heures. Très rapide au portant, Sébastien Simon est le premier à se recaler sur la route directe dans la nuit. Il est suivi par un Eric Péron inspiré et tenace. Les empannages dans un vent monté à 30 noeuds font parfois des dégâts. A l’approche du fameux cap Finisterre, le vent mollit un peu. C’est finalement Sébastien Simon qui l’emporte dans la nuit espagnole en multipliant les empannages à la côte. Le skipper de Bretagne CMB Performance s’installe en tête au général avec 26 minutes d’avance.
De Muros Noia à Saint-Gilles-Croix-de-Vie : l’échappée belle
A la sortie de la baie, les eaux de Galice ressemblent à un lac de montagne et l’ascension des nombreux cols pour entrer dans le golfe s’annonce de première catégorie. Sébastien Simon pointe à la 35ème place à la sortie de la baie, s’enfermant au large et au Sud, quand Pierre Quiroga, montre la voie du Nord en rasant les cailloux. Simon ne désarme pas, prend son piolet et s’accroche. A la fin de l’après-midi, il a remonté la moitié de la flotte et raccroche le bon paquet emmené par Frédéric Duthil et Anthony Marchand. Toute la nuit, Simon grappille les places dans le paquet, tricote en rythme à l’inverse d’Alan Roberts ou Corentin Douguet qui tentent à terre et ne s’en remettront jamais vraiment. En moins de 24 heures, après un contournement interminable de la pointe de l’Espagne, il a refait tout son retard et s’installe en tête.
La suite est une longue procession au louvoyage le long des côtes de Galice et des Asturies. C’est au petit matin du troisième jour que Sébastien Simon plante sa dernière banderille au petit groupe dans lequel il tricote depuis 48 heures. Simon continue de tricoter dans le bon tempo et s’impose finalement en leader aux Chiens Perrin, au Nord-Ouest de l’île d’Yeu. La suite n’est plus qu’une formalité pour le Vendéen de naissance qui ne va pas se laisser piéger sur le dernier bord par une flotte très regroupée emmenée par Pierre Quiroga et Xavier Macaire. Troisième, ce dernier conforte sa deuxième place au général. Quant à Anthony Marchand, septième, il reste sur le podium au général.
24 Heures Vendée Massif Marine : classement chamboulé…
Qui peut encore battre Sébastien Simon ? C’est la question que tout le monde se pose sur le village de Saint-Gilles. La réponse est rapide : Xavier Macaire est à 35 minutes, Anthony Marchand et Charlie Dalin à 40’ et 45’. Derrière c’est le trou. Même constat en bizuth : Thomas Cardrin compte 45 minutes d’avance sur Lois Berrehar (Bretagne CMB Espoir), rien ne semble pouvoir lui arriver. Annoncée peu sélective et sans véritable piège, cette dernière boucle sur le format initié il y a deux ans va pourtant maintenir le suspens et chambouler le « top 10 » où six skippers se tiennent en moins de dix minutes.
Anthony Marchand l’emporte pour la deuxième fois. Deuxième homme de cette Solitaire avec ses deux victoires, le skipper de Groupe Royer-Secours populaire sait cependant qu’avec le vent bien installé, Sébastien Simon ne sera pas détrôné. Terminant 14ème de l’étape, le skipper de Bretagne CMB Performance conserve 16 minutes d’avance au général et reste le grand vainqueur de cette 49ème édition.
Derrière, le général est chamboulé : Eric Péron et Pierre Leboucher sortent du top 10. Pour Xavier Macaire, la sanction est très lourde puisqu’il perd le podium et 6 places sur ces dernières 24 heures… Autant d’espoirs déçus qui font l’affaire de Benjamin Dutreux (5ème), Pierre Quiroga (6ème), Martin Lepape (7ème) et même Thomas Cardrin. Alors que Loïs Berrehar remporte l’étape, le skipper de Team Vendée Formation est bel et bien le premier Bizuth. Il entre dans le top 10, une porte symbolique que seul Morgan Lagravière avait ouvert depuis 12 ans.
Rendez-vous en 2019 sur le nouveau Figaro 3 pour voir si quelques "anciens" au palmarès prestigieux bousculeront l’appétit de cette nouvelle génération…