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Pas trop dur ce confinement ?
"Lorsque le confinement a été déclaré j'ai décidé de m'installer à Concarneau (Finistère), là ou ma famille a ses attaches depuis de nombreuses années. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles j'ai décidé d'installer mon projet dans cette ville. J'y vais depuis de nombreuses années pour des raisons personnelles et depuis 5 ans pour des raisons professionnelles, j'y ai désormais des amis, j'ai mes repères et je m'y sens bien. En plus, j'ai cette chance de pouvoir télé-travailler donc je continue à le faire à distance pour mes clients. En parallèle, pendant mon temps libre, j'essaie d'avancer sur les aspects administratifs de mon projet transatlantique. Le fait d'être près de la mer est très agréable et me permet de prendre l'air quand j'ai passé trop de temps derrière l'ordinateur. Je ne me plains pas.
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Pourquoi avoir décidé de franchir le pas en vous lançant dans l'aventure de la Mini-Transat ?
"Il y a six ans j'ai lancé mon activité professionnelle : celle d'attaché de presse pour des aventuriers et des explorateurs. Mon métier consiste ainsi à mettre à contribution mon réseau afin que leurs projets soient connus du grand public. J'ai ainsi eu l'opportunité de travailler pour un skipper du Vendée Globe en 2016 et un autre lors de la Route du Rhum en 2018. Toutes ces missions m'ont beaucoup inspiré et à 30 ans j'ai eu, moi aussi, cette envie de lancer mon propre projet. Professionnellement, je trouve cela intéressant de passer de l'autre côté de la barrière afin de comprendre ce que vivent mes clients quand il s'agit de trouver des financements, mettre en place un plan de communication, préparer son matériel, se préparer physiquement, etc. Personnellement, je sais que cette Mini Transat va me permettre de rencontrer de nombreuses personnes, d'acquérir plein de compétences dans de nombreux domaines et d'apprendre sur moi. C'est déjà le cas et cela me réjouit."
Vous mettez en avant votre côté néophyte dans la course au large, le pari est osé. Comment s'y préparer ?
"Avant d'acheter le Mini 887 je n'avais jamais navigué sur un Mini 6,50, jamais fait de régates côtières et seulement 5 heures de solo dans ma vie il y a une dizaine d'années. Cette situation m'a d'ailleurs beaucoup questionné avant que je me lance. Allais-je aimer le solitaire, la course au large, la compétition, etc. ? À force de trop y réfléchir, j'ai décidé justement d'arrêter de le faire et de me lancer. Concernant la préparation nous avions théoriquement en mars, des cours et des entraînements le week-end, organisés par le CEMC (le Centre d'Entraînement Mini 6,50 de Concarneau), sous la direction d'Erwan Tabarly. Les premières sessions ont été très riches en enseignement et j'avais hâte que cela se poursuive. Hélas, la crise sanitaire a mis un coup d'arrêt à notre préparation. Par conséquent, j'essaie de maintenir une activité physique à la maison. Par ailleurs, certains skippers de notre promotion organisent des vidéos-conférences avec d'anciens skippers des éditions précédentes afin qu'ils nous partagent leurs expériences. C'est très instructif mais également un peu angoissant car cela me montre à quel point je suis en retard sur bien des sujets et la charge de travail qui m'attend. En revanche ce qui est frustrant, c'est qu'il nous est impossible de préparer le bateau et de pouvoir acheter du matériel dans les magasins, alors que le bateau est juste à proximité."
Etes-vous bien accueilli par le milieu de la course au large ?
"Pour le moment les personnes avec qui j'échange sont toutes bienveillantes. En revanche, j'ai peur d'être mal vu au sein de la Classe Mini. En effet, je n'ai jamais fait une seule course, j'ai très peu navigué, je suis ignorant dans bien des domaines et ne connais pas grand monde dans cette Classe. Or, en parallèle, je fais des vidéos, je travaille beaucoup pour qu'elles soient vues et des médias comme le vôtre les relaient. Il y a une forme d'injustice car je ne suis pas le skipper le plus méritant d'un point de vue sportif. Ainsi, j'ai peur de donner une mauvais image de qui je suis."
Un mot sur vos vidéos. Pourquoi avoir choisi cet angle humoristique ?
"L'objectif principal avec ces vidéos est de raconter le projet de A à Z : le cheminement, les questionnements, les doutes, les déboires, les succès, etc.. Personnellement, je ne suis pas très sensible aux vidéos d'IMOCA où l'on voit les navires taper la vague et les skippers se faire rincer. Ce qui m'intéresse ce sont les humains derrière les projets et leurs histoires. Je trouve cela fascinant de savoir que les gars de VPLP Design dessinent depuis 30 ans les bateaux les plus rapides de la planète. Je suis impressionné lorsque je découvre la technicité de la production d'une Formule 1 des mers, la manière dont sont fabriquées les voiles, d'apprendre qu'il y a de la fibre optique dans les appendices pour récolter des données en mer, de mieux connaître un artiste comme Jean-Baptise Epron qui va imaginer l'identité visuelle d'un navire, etc. Bref, je vais tenter à ma mesure de raconter les étapes du projet, les gens qui my aident et de partager les connaissances que j'acquière. Concernant la réalisation, je dois ici rendre hommage à mon ami Victor qui réalise les vidéos. Il utilise les méthodes du documentaire de télévision classique tout en y ajoutant les codes des Youtubeurs afin de réaliser des web-documentaires qui soient à la fois instructifs et drôles."
Vos planning et projets d'ici le départ en 2021 ?
"J'espère pouvoir réaliser une ou deux courses en juin (mes premières !). Puis en juillet, j'avais prévu de participer à la S.A.S : Les Sables d'Olonne - Les Açores - Les Sables d'Olonne. Malheureusement, je ne suis pas certains d'être prêt. Ainsi, je ferai peut être ma qualification hors course à ce moment-là. Par la suite, il se pourrait que les courses, qui ont été annulées en avril et mai, soient décalées en septembre et octobre. Si c'est le cas, j'aimerais pouvoir les faire pour continuer à engranger des milles en course. L'objectif étant de pouvoir me qualifier à la Mini Transat dès cette année. Je mettrai ensuite le bateau en chantier afin de le préparer au mieux à la Transatlantique. Enfin, côté vidéo, j'ai pour objectif d'en publier une par mois jusqu'au jour du grand départ. Mais tout cela dépendra aussi des financements que je trouverai..."