Arrivée de The Ocean Race Europe : petits airs et questions existentielles

Régates
Par François Tregouet

The Ocean Race Europe vient de livrer son verdict pour ce qui est des courses offshore, à Gênes en Italie. Après trois étapes passées dans un relatif anonymat au sein de l’hexagone, malgré la présence de trois équipages français en Imoca, Figaro Nautisme tire un premier bilan de cette course, prélude à The Ocean Race 2022-2023, tour du monde en équipage, ex-Volvo, ex-Whitbread.

©The Ocean Race Europe & Teams
The Ocean Race Europe vient de livrer son verdict pour ce qui est des courses offshore, à Gênes en Italie. Après trois étapes passées dans un relatif anonymat au sein de l’hexagone, malgré la présence de trois équipages français en Imoca, Figaro Nautisme tire un premier bilan de cette course, prélude à The Ocean Race 2022-2023, tour du monde en équipage, ex-Volvo, ex-Whitbread.

Dans les petits airs typiques de la mer Méditerranée, le VO65 Mirpuri Foundation Racing Team skippé par le français Yoann Richomme, déjà leader au classement général, ne s’est pas laissé surprendre en enchainant après Alicante, une seconde victoire d’étape d’affilée à Gênes. Chez les Imoca, le plus ancien, seul bateau à dérives droites et non à foils, de la flotte, Offshore Team Germany, a creusé un écart important en restant sur la route directe au Nord des îles Baléares. Il s’empare du classement général avec une belle progression en ayant gagné une place sur chacune des manches courues. Il lui sera cependant impossible de faire mieux samedi lors de la régate inshore de clôture qui se disputera devant le port Génois. Cette ultime manche devrait pourtant être décisive, puisque dans les deux classes, un seul point sépare les deux premiers de chaque classement après quatre régates, signe de l’homogénéité de la flotte.

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Du haut niveau en petit nombre

Pourtant, depuis son départ de Lorient, haut lieu de la course au large française, l’engouement n’est pas vraiment au rendez-vous de cette première course de niveau vraiment international depuis le Vendée Globe.  Peut-être trop proche de l’arrivée de ce dernier, visitant des pays (France, Portugal, Espagne et Italie) pas encore au vent de la bouée de la pandémie, la flotte réunie -12 bateaux -paraissait bien faible au regard des 33 monocoques présents au départ des Sables d’Olonne en novembre dernier, et aux 15 à 20 Imoca attendus au départ de la prochaine Transat Jacques Vabre Normandie-Le Havre.

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L’union sacrée ?

Inaugurant la période de cohabitation entre traditionnels VO65, habitués des tours du monde en équipage, et 60 pieds Imoca, jusqu’ici menés exclusivement en solitaire ou en double, le plateau ne proposait que 7 unités dans la première catégorie et 5 dans la deuxième. La démarche initiée par Johan Salén et Richard Brisius, qui ont repris l’organisation de l’historique tour du monde à la suite du départ de Volvo est pourtant on ne peut plus méritoire. Il s’agit ni plus ni moins, si ce n’est de réconcilier, mais au moins d’associer les conceptions anglo-saxonne et française de la course au large. En effet, malgré la constante présence du trublion Alex Thomson en Imoca, et la victoire du Groupama de Franck Cammas dans la Volvo Ocean Race en 2012, voire celle des « Franco-Chinois » de Dongfeng en 2018, les deux mondes s’ignorent le plus souvent.

Un pari sur l’avenir

D’un côté les vénérables monotypes VO65, certes ultra performants, mais sur lesquels les équipages sont extrêmement exposés pour des bateaux conçus pour faire le tour du monde par les latitudes sud menés, sont menés à un train d’enfer par une douzaine d’équipiers. De l’autre, des foilers de haute technologie, menés par quatre ou cinq équipier(ère)s. Finalement, sur les trois étapes disputées entre Lorient, Cascais, Alicante et Gênes leurs performances s’avèrent très proches et si les VO65 arrivent toujours un peu devant ce n’est, sauf mistoufle météorologique, que de quelques minutes le plus souvent. Même si deux classements distincts sont bien réalisés, cela augure de belles bagarres autour du monde dès l’an prochain, mais combien seront-ils à l’automne prochain au départ d’Alicante ? Johan Salén espère « entre 10 et 15 Imoca et 5 à 7 équipes en VO65 ».

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Sponsors français ou mondiaux ?

Problème, les sponsors habituels des Imoca, habitués aux retombées mirifiques d’un Vendée Globe, sont pour la plupart des ETI françaises peu motivées par un parcours international aux coûteuses escales « exotiques » (Cap-Vert, Afrique du Sud, Chine, Nouvelle-Zélande, Brésil …). Des pays dans lesquels ils ont généralement peyu ou pas d’intérêts économique. On ne peut donc que saluer les trois représentants tricolores, tous en Imoca, sur cette édition inaugurale européenne, Louis Burton (Bureau Vallée), Thomas Ruyant (Linked Out / Advens) et Nicolas Troussel (Corum L’Epargne). Des transfuges français, en quête d’heures de vol et de visibilité pour leurs projets personnels de Vendée Globe ou/et The Ocean Race sont également présents à bord de bateaux battant pavillon allemand (Benjamin Dutreux), américain (Pascal Bidegorry) ou encore portugais (Yoann Richomme). Rien n’est encore gagné, mais rien n’est perdu non plus, pour les organisateurs du tour du monde qui, avec ce prologue européen ont fait la démonstration de la cohérence de leurs choix en termes de bateaux présents.

 

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…