Les dernières confidences des marins avant le grand départ

Par Figaronautisme.com
carte de la course Arkea Ultim en direct

De 8h à 10h, de la nuit au soleil levant, les six skippers de l’Arkea Ultim Challenge ont fait leur "au revoir". La scénographie était soignée : passage devant les médias, puis sur scène, traversée de la foule, descente sur les pontons, dernières interviews, embrassades avec les proches, départ du ponton et… Moments d’émotions garanties. Il y a, au creux des regards et des dernières phrases, l’idée que ces six marins-là partent pour un défi un peu différent, un peu plus grand et un peu plus vertigineux que les autres. Démonstration dans les mots, en attendant les actes.

Éric Péron (ULTIM ADAGIO) : « le moment de fêter un moment historique »

 

« Hier soir, j’ai convié deux copains à boire un verre, et j’ai bien dormi. Comme le bateau est présent au ponton depuis longtemps, on a vu le village s’y monter, l’effervescence progresser, et ça a rythmé notre préparation. Hier, on réglait encore des détails pour partir. On est prêt… On accepte d’être prêt de cette manière. C’est le moment de fêter un moment historique, on va entrer progressivement dans le mode course. Dès qu’on sera sur l’eau, qu’on déroulera les voiles, qu’on sera sur la ligne de départ, l’excitation va monter et, ce soir, après un empannage ou deux, on sera enfin en place pour ce tour du monde. Entretemps, il y a tout un protocole de départ que j’ai confié à l’équipe technique. Jusqu’à la sortie du goulet, je serai passager de mon bateau, pour passer du temps sur la météo. Les conditions sont plutôt bonnes, on va pouvoir manger, se reposer, se caler. On ne va pas être malmené, il y a beaucoup de manœuvres, mais ça devrait bien se passer. Avec l’actualisation permanente des routeurs, il n’y a pas de pression à se mettre sur la météo à trois quatre jours ».

Charles Caudrelier (Maxi Edmond-de-Rothschild) : « on est des privilégiés d’être au départ »

« C’est un peu bizarre, on a tellement l’habitude de prendre des départs, sauf que ce qui s’annonce est plus long que généralement. Les 48 dernières heures ne sont pas toujours très agréables, mais ce matin ça va mieux parce qu’on est dans l’action. Les émotions ? Il y en a. J’ai essayé de me blinder de ce côté-là, ça a une saveur particulière, surtout pour mes enfants, qui ne m’ont jamais trop vus partir si longtemps. Ils sont inquiets, mais je les ai rassurés. Tout va bien parce qu’on fait ce qu’on sait faire, ce qu’on a envie de faire. Ça génère toujours un petit peu d’émotion. Il va y avoir un petit déchirement au moment de dire au revoir aux enfants, c’est sûr, mais j’essaie de me blinder de ça parce que c’est mon point faible. C’est juste un mois et demi, il y a ensuite les vacances scolaires et on a déjà calé la date de nos vacances ensemble. On est des privilégiés d’être au départ de cette course et d’être aux commandes d’un bateau tel que Edmond-de-Rothschild et il faut s’en rappeler à chaque fois qu’on se demande si on a peur ou qu’on se dit que ça va être dur. On ne peut pas se plaindre. C’est juste un peu dur, ça va passer dès que la ligne de départ sera passée. »

Anthony Marchand (Actual Ultim 3) : « On ne va pas avoir le temps de s’ennuyer »

« C’est cool, j’ai bien dormi cette nuit. Je n’ai pas regardé de film hier soir, mais j’ai eu le temps de traîner en pilou-pilou, avec un bon plat de pâtes bolognaises avec ma chérie. J’ai une petite boule au ventre parce que la journée va être longue, pleine d’émotions. Les ‘au revoir’ ne sont jamais hyper agréables, tout le monde le redoute, mais c’est chouette. Le plus beau mouvement de la partition sera le top départ, je pense. Auparavant, il y a la hâte de quitter le ponton, de faire les vrais ‘au revoir’ à la famille, de retrouver l’équipe sur le bateau ; il y a aussi ce moment particulier au moment où les gars sautent à l’eau, puis il y aura le départ et le top départ. On sera en course, on aura remis la casquette de régatier.

Est-ce que ça va jouer sur la ligne de départ ? Oui, parce qu’on va partir sous gennaker. Il y a donc une grosse voile à déployer, il faudra bien se positionner et faire un bon départ pour remercier le partenaire, Actual, et l’équipe, et ne pas anticiper le départ. Les premiers jours sont cléments, mais il y aura beaucoup de manœuvres, ce qui ne rend pas les choses plus simples. La mer calme nous permettra de plus nous amariner avant d’aller chercher la grosse dépression au niveau des Canaries. Mais avant cela, il y aura beaucoup de changements de voiles, de prises de ris… On ne va pas avoir le temps de s’ennuyer jusqu’à l’Équateur. »

Tom Laperche (SVR Lazartigue) : « je vais en profiter à fond ! »

« C’est sûr qu’il y a beaucoup d’émotions. Des moments comme ça, on n’en vit pas beaucoup dans une vie. J’ai confiance dans toute l’équipe, ils ont préparé le bateau à merveille et on sera au meilleur niveau sur la ligne de départ. Le jour se lève, il fait beau, ce sont des supers conditions. Il y a du monde en ce dimanche matin, c’est quelque chose d’intense. J’espère que les gens seront aussi nombreux aux arrivées. Je vais m’appliquer, tout faire au mieux. Voir l’équipe, ça fait quelque chose. Ces dernières semaines, ils ont été aux aguets sur tous les sujets du bateau et qu’ils ont beaucoup travaillé. J’ai confiance en eux, j’ai une relation d’amitié avec eux. C’est fort de me sentir partir sur ce bateau en ayant toute cette équipe qui veille sur moi et sur ce bateau. J’ai plein de scénarios, plein de questions en tête et en même temps, je suis heureux d’avoir le privilège de faire ce tour du monde sur le trimaran SVR-Lazartigue. Je vais en profiter à fond ! »

Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) : « mon premier tour du monde sans mes parents »

« J’ai hyper bien dormi, contrairement aux deux dernières nuits. J’ai été épaté parce que ça ne m’est jamais arrivé. J’ai pris ma bouffée d’émotions hier soir lors du gros briefing opérationnel avec l’équipe technique hier soir. On se disait que, ce dimanche matin, il y aurait beaucoup d’émotions et qu’il fallait qu’on reste dans ce qu’on savait déjà très bien faire. Et j’ai lâché la bombe atomique, et on s’est tous mis à pleurer. C’est mon premier tour du monde sans mes parents. Mes parents sont ailleurs, et je fais - la course, les choses ? - pour moi. Je le fais pour moi et avec eux, dans cette logique de loyauté à l’égard de ses parents. J’ai dit ça hier soir, ça a été terrible, mais peut-être est-ce que le fait de verbaliser ça a libéré quelque chose.

Je suis là-dedans, je me sens très heureux et très en phase avec un moment de ma vie très agréable. Des tours du monde sont des occasions privilégiées d’être vraiment quelqu’un et d’être avec quelqu’un, en l’occurrence une équipe, un groupe formidable que j’ai vraiment choisi. Il va y avoir du bateau à faire, je suis dans ce sujet depuis hier soir. Je suis déjà dans le maritime, le sportif, l’opérationnel, très directement ancré dans le bateau. Mer nature a été cool avec nous, avec les gens de Brest et l’organisation, un départ qui va être joli avec du soleil, on va voler juste après. Ce sera très esthétique, mais six bateaux sur une ligne, ce ne sera pas anodin.»

Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) : « ça fait longtemps que j’en rêvais »

«J’espère que le spectacle sera à la hauteur de ce que le public nous a offert ce matin. J’avoue que je n’aime pas trop m’approcher du trophée, ça porte malheur. Le trophée, c’est pour l’arrivée ! Ça fait longtemps que je rêvais d’une grande course qui s’élance depuis le Finistère, tout est réuni pour une belle histoire. J’ai grandi dans ce beau département, j’ai appris à naviguer pas loin, on ne pouvait pas espérer mieux avant un tour du monde en solitaire sur ces bateaux-là. Maintenant, à moi de réussir ma mission et revenir ici fin février. Il y a de l’émotion, j’essaie de rester concentrer sur ma course. Dans quelques heures, il faudra être vigilant, concentré. La course ne va peut-être pas se gagner sur le départ mais on peut faire des bêtises si on manque de lucidité. Comme un pilote de Formule 1, il faut rentrer dans sa course, être concentré. Après c’est un grand moment de partage, d’émotions et on ne peut pas être insensible à ça. J’ai vécu ça sur le Vendée Globe et là aussi, c’est fort. Je vis aussi pour vivre ça ! »

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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