Rolex Fastnet Race 2025 : SVR Lazartigue triomphe en tacticienne au large de Cherbourg

Course au large
Par Le Figaro Nautisme

Il était 4h38 ce lundi matin lorsque la silhouette bleu azur de SVR Lazartigue a franchi la ligne d’arrivée de la 51e Rolex Fastnet Race au large de Cherbourg-en-Cotentin. Avec un temps de 1 jour, 17 heures, 18 minutes et 4 secondes, le trimaran Ultim mené par Tom Laperche s’offre les honneurs de la ligne pour la deuxième fois consécutive, même si la marque reste loin de son record de 2023 établi dans des conditions nettement plus musclées.

©Paul Wyeth/RORC
Il était 4h38 ce lundi matin lorsque la silhouette bleu azur de SVR Lazartigue a franchi la ligne d’arrivée de la 51e Rolex Fastnet Race au large de Cherbourg-en-Cotentin. Avec un temps de 1 jour, 17 heures, 18 minutes et 4 secondes, le trimaran Ultim mené par Tom Laperche s’offre les honneurs de la ligne pour la deuxième fois consécutive, même si la marque reste loin de son record de 2023 établi dans des conditions nettement plus musclées.

Cette année, la météo a imposé un tout autre tempo : vents modérés, stratégie millimétrée, et une bataille de trajectoires jusqu’aux derniers empannages. « La course a été beaucoup plus tactique que l’an dernier. Le vent n’a jamais dépassé 20 nœuds, contre 35 l’an dernier », expliquait Laperche à l’arrivée. Un choix précoce de longer la côte sud de l’Angleterre a permis à SVR Lazartigue de prendre l’avantage sur Banque Populaire dès la remontée vers l’ouest, en recoupant la trajectoire adverse tribord amure.
Une course-poursuite entre géants
La hiérarchie a pourtant mis du temps à s’installer. Durant les premières heures, ce sont les MOD70, plus légers et plus maniables, qui ont mené la danse sur l’eau jusqu’à Start Point. « Ce sont de très bons bateaux, surtout par vent faible, et quand on ne vole pas, ils vont aussi vite que nous », admettait Laperche. Une fois lancés dans le retour depuis le Fastnet Rock, les Ultim ont enfin pu s’exprimer, avec des pointes à 43 nœuds sur des allures portantes.
À bord de SVR Lazartigue, un équipage de haut vol : Franck Cammas, Peter Burling (fraîchement vainqueur du SailGP de Portsmouth), et quatre autres marins expérimentés. « C’est fou comme on peut avancer à 40 nœuds sans presque rien toucher, parfois même sous pilote automatique », s’émerveillait Burling. Le contraste avec l’édition 2023 était frappant, mais la domination de Lazartigue n’en a pas été moins nette.
Banque Populaire, mené par Armel Le Cléac’h, termine à 05:23:52, avec un temps total de 1 jour, 18 heures, 3 minutes, 52 secondes. Suivent Actual Ultim 4 puis Sodebo Ultim 3, dans une course au contact qui s’est jouée à chaque virement et chaque variation du vent.

MOD70, Ocean Fifty et monocoques en embuscade
En marge des Ultim, les MOD70 Zoulou et Argo se sont livré une bataille féroce. Zoulou, skippé par Erik Maris, a viré le Fastnet Rock à 19:05:54, 48 minutes avant Argo. Les deux bateaux ont ensuite opté pour des routes différentes autour des TSS des Scilly. Ce matin, Argo tentait encore de combler l’écart, dans un vent modéré de nord-ouest.
Chez les Ocean Fifty, Inter Invest (Perraut/Gellée) a passé le Fastnet à 19:58:17, suivi de Lazare (Le Turquais/Le Draoulec) et de Koesio (Le Roux/Ogereau), qui est remonté à la deuxième place ce matin. À l’approche de la côte cornouaillaise, la hiérarchie reste mouvante, avec des écarts serrés.
Dans le peloton IRC, SHK Scallywag mené par Seng Huang Lee a franchi le Fastnet Rock à 23:00:51, avec seulement 6 minutes 17 d’avance sur Black Jack 100, et moins de 3 minutes sur Leopard 3. Ce trio de géants se livre une course haletante dans les vents légers, bien loin des conditions extrêmes de 2023. À bord de Scallywag, le navigateur Will Oxley rapportait depuis la table à cartes : « On manque de sommeil, il pleut, et un bateau plus rapide est devant. On cherche encore une ouverture dans les 200 prochains milles. »

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© ROLEX/Carlo Borlenghi


IRC, IMOCA, Class40 : rien n’est joué
En IRC SZ, Tschüss 2 de Christian Zugel mène toujours en temps compensé devant Leopard 3 et Pyewacket 70, le voilier de Roy P Disney. Ce dernier a pris la tête en IRC Overall, devant Bedouin, qui tente de rééditer son exploit de 2019 (alors sous le nom Wizard). À bord de Pyewacket 70, Peter Isler évoque une course difficile : « Beaucoup plus de près que ce à quoi on est habitués. Tschüss 2 est très rapide dans ces conditions. On espère reprendre l’avantage sous le vent. »
En IMOCA, le positionnement avant le rocher a été crucial. Association Petits Princes-Queguiner (Elodie Bonafous) et Charal (Beyou) ont attendu plus longtemps que Paprec Arkea (Richomme) et Initiatives Cœur (Davies) pour virer, ce qui leur a permis de virer le rocher en tête vers 2h30. La flotte est désormais engagée dans une longue descente vers l’est, avec des options tactiques variées.
Du côté des Class40, Faites un Don sur SNSM.org (Tréhin/Douguet) mène avec trois milles d’avance sur Les Invincibles (Mathelin-Moreaux). Toute la flotte progresse au près vers le rocher, à l’ouest de la ligne directe.

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© Paul Wyeth/RORC


L’Admiral’s Cup et les autres IRC : duels serrés et options audacieuses
En IRC Zero, Whisper (David Griffith) garde la main, après avoir passé le Fastnet Rock à 05:30:06, devant Palanad 4 (Antoine Magre) et Varuna 6 (Jens Kellinghusen). Magre, à bord d’un Mach 50 tout juste lancé en France, racontait : « On fait de notre mieux pour rester au contact malgré le déficit de vent. Le bateau est rapide, mais il lui faut plus de pression. »
En Admiral’s Cup, Black Pearl a viré le rocher en tête à 06:54:11, mais en temps compensé c’est Beau Geste (Karl Kwok, Royal Hong Kong YC) qui mène devant Jolt 3 (Peter Harrison) et Zen. Plus loin, Jolt 6 de Pierre Casiraghi approchait le rocher, après une nuit « brutale » selon ses mots. « Beaucoup de mer, du vent, on commence à fatiguer mais c’est pour ça qu’on est là », confiait-il.
En IRC One, Moana menait sur l’eau, mais Bedouin, malgré une pénalité de deux heures pour départ anticipé, restait en tête en temps compensé. Surprise aussi du côté du yacht classique Hound, actuellement troisième.
En IRC Two, Corazon (J/133) avait pris une trajectoire à l’est du TSS de Land’s End, tandis que Mojito et Pilou avaient opté pour des routes plus extrêmes à l’ouest. En temps compensé, Aurelia, Moana (NL) et Bulldog se disputaient le podium provisoire.
En IRC Three, Hey Jude (Philippe Girardin) menait sur l’eau, mais en temps compensé, le Sun Fast 3600 Bellino (Rob Craigie / Deb Fish) dominait la flotte deux mains, devant Fujitsu British Soldier et Kestrel.
Enfin, en IRC Four, la majorité des concurrents avait opté pour une trajectoire très à l’ouest. Fever (Simeon Tienpont) menait en temps compensé devant Zephyrin et Xception 2, avec encore beaucoup de milles à parcourir.

Une course plus subtile mais toujours palpitante
Si la météo n’a pas offert les frissons de 2023, elle a révélé toute la complexité tactique de la Rolex Fastnet Race. Des trajectoires audacieuses, des empannages décisifs, et des vitesses qui font encore tourner les têtes. SVR Lazartigue, en tête des multicoques, s’impose une nouvelle fois par sa maîtrise du vent... et du jeu.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...