ARKEA ULTIM CHALLENGE : il va y avoir du monde à Cape Town !
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Victime d’une collision qui a endommagé le foil bâbord, le marin pensait pouvoir poursuivre sa route en se privant d’un appui. Las, le foil prend du jeu dans le flotteur et menace son intégrité. Actual Ultim 3 appontera donc rapidement ; le foil sera extrait du trimaran et, après d’éventuelles autres réparations, une bonne nuit de sommeil à terre et le respect des 24 heures d’une immobilisation imposée par la direction de course pour chaque escale technique, le solitaire pourra reprendre sa route, comme l’a fait précédemment Armel Le Cléac’h, premier des trois navigateurs contraints de stopper un temps pour réparer.
Une équipe technique du team Actual est en route vers Cape Town, se préparant à rejoindre celle de SVR – Lazartigue, à pied d’œuvre depuis mardi. Sans s’en réjouir ni se moquer, oui, il va y avoir du monde dans le bourg. La présence de deux trimarans Ultim dans les ports du Cap ne devrait pas passer inaperçue…
Naviguant en ce milieu d’après-midi à peu près à la latitude de Madagascar, le Maxi Banque Populaire XI est remonté vers le nord. Son skipper cherche sans doute à échapper à la forte mer générée à l’arrière d’une dépression et qui progressait dans sa direction. Cela fait un peu plus de route, mais plus de vitesse et un peu moins d’inconfort de navigation. Surtout, cela protège la structure de ce géant des mers. Le marin et son bateaux devraient parvenir à faire le tour de l’anticyclone, seul obstacle du moment. À 2500 milles de Charles Caudrelier, à 1200 milles de Thomas Coville, Armel Le Cléac’h tient ses vitesses-cibles, mais il attend son heure pour attaquer. Elle n’a pas encore sonné. 48 heures de belles vitesses lui semblent promises en lisière d’une dépression qui lui court après depuis l’ouest.
De la même manière, Thomas Coville transige entre vitesse et mode conservatoire. Racontant sa nuit dernière, le skipper a décrit l’ambiance à bord de Sodebo Ultim 3 : « I_l y a 34, 36 nœuds de vent. Je suis dans mon siège de veille. Dans ma main gauche, j'ai le traveller de grand-voile (écoute du chariot de grand-voile) qui est l'accélérateur ou le moyen de réagir et réguler en cas de survente. Dans ma main droite, j'ai la télécommande du pilote automatique, comme si j'étais avec un petit bateau. (…) Là, je monte le son pour que vous entendiez le bateau qui accélère ! (On entend, NDLR) à la fois les rafales de vent qui rentrent et les vagues qui prennent le nez du bateau et l'embarquent, c'est impressionnant. On joue avec de gros phénomènes qui peuvent devenir dangereux et auxquels on essaie d'échapper. On est un peu sur la limite. J'ai mis le casque sur les oreilles et ça me coupe un peu des bruits. Je suis plus sur les mouvements, les tambourinements et les vibrations, ce sont des petits détails qui m'aident à régler le bateau. Je ne suis pas très toilé avec 2 ris dans la grand-voile, et c'est largement assez. (…) À 35 nœuds dans la nuit, il faut imaginer le bateau qui se cabre, qui accélère et qui enfourne dans les vagues qui se projettent sur le cockpit. C'est très humide et ça ruisselle de partout ! _»
Un bon bout de pain blanc bien mérité. Après quelques travaux fastidieux à bord, Éric Péron poursuit sa route à belle vitesse, sur une belle trajectoire. Le skipper d’Adagio raconte dans une vidéos ses derniers « chantiers » : « À bord, j’ai deux moteurs. J’en ai un petit – qu’on nomme ‘groupe électrogène’ – et le moteur principal. J’ai interverti les réservoirs parce que j’avais un problème d’amorçage. Maintenant, tout va mieux. J’avais les mains dans le gasoil hier. Heureusement, j’avais des durites de rechange. J’ai dû siphonner. Le gasoil, c’est pas bon. Et pendant que je faisais tout ça, je recevais des messages de mon équipe à terre qui était bien vigilante. Je ne les avais pas prévenus que je bricolais. Mon routeur, David Lasnier, m’alertait sur le fait que je n’allais pas vite. Effectivement, j’avais une bâche prise dans le safran central. Elle n’était pas perceptible avec les alarmes de performance. Dans la nuit, je ne l’ai pas vue tout de suite. Il a fallu que je fasse marche arrière, ce qui n’est pas simple, pour repartir tranquillement. On a perdu 10 degrés, mais il ne fait plus que 20°C et ça avance bien, à 25 nœuds sous grand gennaker. Ça glisse bien sur une mer relativement plate. Ça s’oriente bien, je devrais avoir 48 heures assez sympa ».
Caudrelier à 4 jours du Pacifique
En tête, Charles Caudrelier compose avec les circonstances du moment. Lui qui a fait le tour de l’anticyclone des Mascareignes par le sud, reconnaît avoir connu des moments bien agités, ces 48 dernières heures. « _Il y a beaucoup de manœuvres, un vent très instable qui passe de 20 à 30 nœuds en permanence. Il faut tout le temps régler les voiles, on est parfois trop, parfois trop peu toilé. On navigue sur une mer de 4 mètres, on passe relativement bien. Devant nous, il y a la zone des glaces qui m’embête bien ». Cela promet un bon « nombre de jybes, avec la rotation du vent, qui va passer de sud-ouest à nord-ouest. Ma route annonce quelques virages, des jybes. Dans le vent fort, on ne trouve pas la solution pour faire vite ces manœuvres. J’espère en faire quatre ou cinq – j’en ai déjà fait pas mal. Ensuite, ça devrait aller plus droit, avec deux bords pour passer sous l’Australie _». Dans quatre jours, le leader de l’Arkéa Ultim Challenge – Brest devrait en avoir terminé « avec l’Indien ». On parlera alors du Pacifique, qui n’est pas non plus de tout repos.