
Depuis sa création en 1960, The Transat CIC a offert d’incroyables récits de victoires et d’échecs. C’est là que Chichester et Tabarly ont fait leurs armes. Là aussi que tous les marins sont perpétuellement obligés de repousser leurs limites et celles de leurs bateaux. « Ça a été une épreuve très difficile, fidèle à sa réputation avec du vent fort, de la mer, du froid… Pour ma part, j’ai vraiment trouvé ce que j’étais venu chercher. La course m’a permis de voir où j’en étais sportivement et où en était le bateau », a commenté Fabrice Amedeo ce vendredi après-midi, après avoir livré une bagarre contre lui-même mais aussi contre les éléments. Des éléments qui ne lui ont laissé, à lui comme aux autres, que bien peu de répit sur l’ensemble du parcours, avec une infernale succession de systèmes météorologiques ayant coup sur coup générés des conditions de mer et de vent pour le moins copieuses (parfois plus de 50 nœuds !). Dans ce contexte, le premier défi était donc de parvenir à boucler la boucle. De terminer après avoir essayé de placer le curseur au meilleur endroit. « Cette transat a vraiment été idéale pour faire un point complet concernant le bonhomme et le bateau à six mois du Vendée Globe car elle a été véritablement très engagée. J’ai calculé : j’ai subi quatre dépressions sur le parcours. C’est, en exagérant un peu, quasiment le nombre que je vais en rencontrer dans les mers du Sud cet hiver lors du Vendée Globe. C’était donc un bel exercice de préparation pour le tour du monde. Je pense que tous ceux qui ont fait cette course ont indiscutablement marqué des points pour la suite », a relaté le skipper journaliste qui s’empare, au final, de la 23e place sur 34 concurrents au départ. « Sportivement, clairement, aussi bien pour le marin que pour la machine, il y a des choses à revoir. Rien d’inquiétant pour le Vendée Globe mais si je veux être plus performant, il va falloir que je m’entraîne encore davantage et qu’on améliore deux ou trois petits points », a détaillé Fabrice Amedeo qui ne se trompe évidemment pas d’objectif et qui peut, parallèlement, se satisfaire d’avoir retrouvé de bonnes sensations en mer. « Un an et demi après le naufrage vécu lors de la Route du Rhum, j’ai pris beaucoup de plaisir à être sur l’eau et je me suis vraiment senti serein sur mon bateau. A présent, il faut que je capitalise sur toutes ses bonnes ondes, sur cette connivence que j’ai pu avoir avec ma machine que je commence à connaitre enfin pour réussir, avec l’équipe, à faire en sorte qu’elle soit la plus parfaite possible au départ du Vendée Globe », a souligné le navigateur, conscient que si Nexans – Wewise a largement gagné en fiabilité depuis la fin de la Transat Jacques Vabre et du Retour à la Base en fin d’année dernière, il lui reste encore quelques détails à soigner.

Un bilan positif à plusieurs égards
« Avant, on était sur de gros dossiers. Aujourd’hui, on commence à travailler sur de plus petites choses, ce qui est assez positif. Vincent Riou (vainqueur du Vendée Globe 2004-2005, ndlr), qui me coache un peu sur le projet, m’a dit que j’avais une bonne mobylette pour faire le tour du monde. Je pense que c’est exactement ça. L’idée va être de naviguer régulièrement, sans rien casser, avec quand même la possibilité de tenir de bonnes moyennes de vitesse par moments face aux grosses motos de certains », a commenté Fabrice, par ailleurs émerveillé par son arrivée à New-York. Sa deuxième en bateau après celle réalisée en 2016 au terme du convoyage pour s’aligner au départ de la New-York Vendée – Les Sables d’Olonne. « On passe d’une nature très sauvage et du gris de l’Atlantique Nord à la lumière et aux bruits de la ville avec ses remarquables gratte-ciels. C’est toujours complètement incroyable ! », a commenté le marin alors encore dans le long corridor de 100 milles établit entre la ligne d’arrivée et l’île de Manhattan par l’organisation dans le but de préserver les nombreux cétacés présents dans la zone. Des cétacés mais aussi tout un ensemble de vie microscopique dont il espère obtenir une cartographie biologique la plus précise possible grâce aux mesures réalisées tout du long de son parcours à l’aide de son nouveau capteur d’ADN environnemental. Un capteur qui vient s’ajouter à ceux précédemment mis en place à bord de son IMOCA et destinés à mesurer le CO2, la salinité, la température et les microplastiques « Lors de cette transat, des échantillonnages ont été récolté tous les deux jours. L'équipe de surveillance moléculaire de l'Institut Cawthron va en extraire plusieurs millions de séquences d'ADN et identifiera des milliers d’espèces. En utilisant le métabarcodage et les données disponibles dans les bases de données publiques, elle pourra identifier avec certitude des organismes de toute l'arbre de la vie jusqu'au niveau de l'espèce », a terminé Fabrice Amedeo, fidèle à son engagement envers la science et la préservation des océans et rappelant que ce dispositif sera déployé à plus grande échelle sur le Vendée Globe.