
Après dix jours de compétition en mer comme en baie, entre parcours tactiques inshore et navigations engagées au large, les équipages de l’Admiral’s Cup ont bouclé leur campagne sur l’épreuve reine de la Rolex Fastnet Race. Une épreuve centenaire pour les uns, une première pour d’autres, mais tous s’accordent : cette édition 2025 restera gravée dans les mémoires.
L’émotion d’un retour attendu
Pour de nombreux marins, retrouver l’Admiral’s Cup n’était pas seulement une ambition sportive, c’était un rêve éveillé. Stefan Jentzsch (Black Pearl), qui a investi un an dans la préparation de son équipe, résume : « C’est une épreuve à laquelle on participe à fond, ou pas du tout. On menait encore à 20 milles de l’arrivée avant de tomber dans une bulle sans vent. Douloureux, mais c’est ça la course au large. »
Des parcours haletants, des duels à couteaux tirés
La flotte n’a pas été épargnée. Départs complexes, molles imprévues, courants imprévisibles et des nuits à batailler au près dans la mer formée ont ponctué cette Fastnet. Sur Jolt 6, vainqueur provisoire de la classe AC2, Pierre Casiraghi retient l’engagement total de son équipe : « Épuisant, intense, mais incroyable. Chaque décision comptait, chaque relâchement pouvait tout faire basculer. »
Même tonalité chez Cameron Dunn (Jolt 3), bluffé par un mano a mano de 400 milles avec Beau Geste : « On était comme reliés par un fil élastique, incapables de se décrocher. » Un duel d’une rare intensité, tout comme celui vécu par Callisto, où Dean Barker souligne le niveau exceptionnel : « La Channel Race était sans doute le meilleur portant de ma vie. »

Des campagnes construites sur la durée
Pour certains, la victoire avait des allures de conte. ROST Van Uden, plus petit bateau de la classe AC1, a triomphé face aux géants. Une performance saluée par leur skipper Gerd-Jan Poortman : « Pas une seule erreur de manœuvre, des choix tactiques impeccables. C’est plus que de la chance, c’est du travail bien fait. »
Du côté de Beau Geste, le tandem Karl Kwok - Gavin Brady fêtait sa 100e régate ensemble sur un projet qu’ils ont eux-mêmes façonné. « On a construit notre bateau pour ça, avec la meilleure équipe et une vision commune. Cette édition, c’est une leçon de mer, une régate complète, à l’ancienne. »

Une atmosphère unique, un esprit retrouvé
Au-delà du palmarès, tous saluent l’ambiance incomparable. Marc Lagesse (Black Pearl) l’affirme : « Pas de stars, juste les bonnes personnes, avec le bon état d’esprit. » Et c’est peut-être là le plus bel héritage de cette renaissance : un retour à l’essence même du sport, où la solidarité, la stratégie et l’endurance priment.
L’Admiral’s Cup est bel et bien de retour. Elle a trouvé dans la Rolex Fastnet Race une conclusion à sa hauteur : exigeante, spectaculaire et inoubliable. Tous ceux qui y étaient savent qu’ils ont vécu quelque chose de rare. Et tous ceux qui n’y étaient pas rêvent déjà de la prochaine édition.