
Au classement de 8 heures, Biotherm conserve son avantage, avec 18 milles d’avance sur Paprec Arkéa (2e) et 27 milles sur Team Malizia (3e). Paul Meilhat, Yoann Richomme et Will Harris évoquent cette dernière ligne - pas - droite.
Ils ont la voix de ceux qui ont déjà mené un sacré combat... Et qui savent qu’un autre les attend. Ce mercredi matin, après 2 jours et 16 heures de compétition depuis Kiel (Allemagne), les skippers ont bien conscience que tout reste à faire au fil des 130 milles (240 km) qui les séparent encore de Portsmouth (Angleterre) où ils sont attendus jeudi matin. « Tout le parcours qui longe la côte anglaise va nous donner du fil à retordre, cela peut être très imprévisible », assure le Britannique Will Harris (Team Malizia).
« Des conditions de rêve »
Hier, les cinq équipages ont d’abord dû franchir une dorsale, un passage sans vent à la crête de l’anticyclone où chacun a connu des fortunes diverses. Si Yoann Richomme (Paprec Arkéa), s’est réjoui de « l’avoir passé plus vite que prévu », Will Harris reconnaît que Team Malizia « y a perdu beaucoup plus de temps, bien plus que ce à quoi on s’attendait ». « On avait l’impression d’être coincés, c’était agaçant ». D’autant que Team Malizia, qui était revenu à 2,5 milles de Paprec Arkéa, a vu l’écart se creuser à nouveau (9 milles ce matin).
En revanche, le leader Biotherm est le premier à s’être extirpé de cette dorsale. « On a pu bénéficier de conditions de rêve dans la foulée avec un vent d’est, sud-est qui nous a permis de progresser très vite vers les côtes anglaises », apprécie Paul Meilhat. Le skipper savoure d’autant plus qu’ils ont réussi à augmenter légèrement leur avance sur leurs deux concurrents directs. « Plus ils sont loin mieux c’est, surtout avec ce qui nous attend ».
« On va lutter pour progresser toute la journée ! »
Car les « conditions de rêves » n’ont pas duré. En début de soirée, les équipages ont une nouvelle fois dû traverser une zone de calme dans laquelle ils ont bataillé toute la nuit. « L’autre point qui complique la donne, c’est le courant, confie Paul Meilhat. Dans la nuit, il nous est même arrivé de faire marche arrière ! » Biotherm a légèrement accéléré ce matin en sortant au près de cette zone de transition.
La suite s’annonce complexe pour toute la flotte qui comprend aussi Canada Ocean Racing - Be Water Positive (à 48 milles) et Team AMAALA (à 76 milles). « On ne devrait pas avoir de vent une grande partie de la journée, annonce Yoann Richomme. Il faut arriver à se frayer un passage dans le sud mais ce ne sera pas évident avec le courant, les bancs de sable et les zones interdites (DST). On va lutter pour progresser toute la journée ! »
Le constat est partagé par Will Harris : « il y a beaucoup d’obstacles qui nous attendent, d’autant que la marée est très forte, ce qui complexifie un peu plus la navigation ». Et le skipper britannique rappelle « qu’une fois dans le détroit de Douvres, ça ne va pas s’arranger ! » En somme, le jeu consiste désormais à se faufiler entre la côte anglaise et le rail des cargos.
« On va tirer des bords toute la journée, en faisant du ping-pong entre les deux, décrypte Paul Meilhat. On n’aura jamais plus d’une demi-heure sans manœuvre jusqu’à la fin de la course ! » Malgré la répétition des efforts et la fatigue qui se fait sentir, tous sont prêts à tout donner, jusqu’à l’arrivée demain matin.