Route du Rhum : la Classe Ultim répond à François Gabart
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Il n'aura pas fallu attendre bien longtemps pour découvrir la réponse de la Classe Ultim 32/23 à François Gabart et Didier Tabary, PDG du groupe Kresk, armateur du trimaran SVR-Lazartigue. Concernant le différend portant sur la non-conformité du trimaran depuis sa conception et sa sortie du chantier MerConcept en juillet 2021, la réponse de la Classe et de ses skippers est claire : le respect des règles est impératif, d'autant plus lorsqu'il s'agit de renforcer la sécurité des marins.
Voici le communiqué de la Classe Ultim 32/23 :
"Une dérogation avant des travaux et une mise en conformité
Dernier-né des trimarans Ultim, le trimaran SVR-Lazartigue a été mis à l’eau en juillet 2021. Pour participer à sa première course quelques mois plus tard, la Transat Jacques Vabre, Francois Gabart et son équipe ont dû obtenir une dérogation de la Fédération Française de Voile, leur bateau ne remplissant pas toutes les conditions d’obtention du certificat de jauge. Pour rappel, cette demande a dû être formulée auprès de la FFVoile; le trimaran SVR-Lazartigue n’étant, d’une part, pas adhérent de la Classe Ultim 32 /23 et, d’autre part, puisque la Transat Jacques Vabre se courrait en catégorie et non en classe. Compte tenu des délais très courts, qui n’autorisaient pas de pouvoir procéder à la mise en conformité, mais surtout dans un esprit sportif, constructif et de collégialité, aucun armateur ne s’est alors opposé à cette demande. Cependant il avait clairement été énoncé à MerConcept, dès le mois d’Octobre dernier, qu’il devrait procéder aux travaux nécessaires le temps de leur chantier d’hiver post-course pour rejoindre la Classe et s’inscrire ainsi aux régates des calendriers 2022 puis 2023.
Un refus de réaliser des modifications
À date, et malgré de nombreux échanges et réunions de travail qui ont rassemblé toutes les parties, le trimaran SVR-Lazartigue ne réunit toujours pas les conditions requises. En effet, la conformité du trimaran à certaines règles, notamment la règle 3.11 des OSR (Offshore Special Regulations de World Sailing), n’est pas établie et a été réfutée par les instances du World Sailing en date du 23 février 2022. Par conséquent, la Classe ne peut l’admettre et lui délivrer son certificat de jauge nécessaire pour son inscription à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe.
Pour un dialogue nourri mais exigeant
La Classe Ultim 32/23, ses armateurs, ses skippers et l’ensemble des membres des maxi-trimarans regrettent cette situation, préjudiciable pour tous, et au-delà, tout en étant fortement éloignée de leurs valeurs. Les échanges demeurent néanmoins ouverts, avec la volonté affichée de trouver une solution rapide, garante de la sécurité et sportivement équitable, pour autant que François Gabart soit prêt à se conformer aux règles que tous les acteurs respectent à ce jour.
POUR APPRONFONDIR
La jauge de la Classe Ultim 32 / 23
À la création de la Classe, fin 2013, le sujet de la jauge a été débattu entre les teams doublés d’architectes, de jaugeurs, d’autres navigants et de la FFVoile pendant 17 mois. Les choix possibles vont de la contrainte la plus importante à une forme de liberté totale mis à part, évidemment, le respect, à minima, des règles internationales (OSR / World Sailing), pour ne pas être interdit de naviguer dans les courses à grande majorité régies par les OSR.
François Gabart, tout comme l’ensemble des membres fondateurs de la Classe, ont co-écrit la jauge en vigueur aujourd’hui.
Par ses choix, la Classe voulait des règles :
- ouvertes, pour permettre et encourager l’innovation
- évolutives, tous les 4 ans, pour éviter une obsolescence trop rapide des bateaux, maintenir une compétition intéressante et permettre un certain maintien de leurs valeurs
- optimisant, le plus possible, les paramètres de sécurité des marins
Du comité d’experts au World Sailing, chronologie des faits
À l’issue de la Transat Jacques Vabre, courue sous dérogation pour SVR, les acteurs de la classe ont fait valoir la demande de conformité du trimaran. Fin décembre 2021, et face à l’impasse des négociations pour tenter de résoudre les divergences, un comité d’experts a été mandaté par la Classe Ultim 32 / 23 sur proposition de la FFVoile. L’interprétation des experts ne menant toujours pas à un consensus auprès des armateurs d’Ultims, une dernière alternative a été proposée et validée par tous le 16 février 2022 lors d’une réunion rassemblant l’ensemble des armateurs Ultims sous la médiation de la FFVoile : faire appel à l’arbitrage international des OSR pour trancher. Didier Tabary naturellement présent lors de cette réunion avait donné son accord pour suivre le jugement des OSR pour autant qu’il soit rendu avant le 4 mars afin de permettre aux équipes de MerConcept de réaliser des modifications avant la remise à l’eau de leur trimaran.
Le 23 février, le World Sailing a rendu un avis négatif arguant que SVR-Lazartigue ne remplissait pas les critères de conformité requis pour faire valoir l’obtention de son certificat de jauge par la Classe. Face à ce jugement défavorable, MerConcept et le Groupe Kresk ont finalement choisi de ne pas tenir les engagements pris le 16 février, compromettant ainsi leur entrée dans la classe et leur participation à la Route du Rhum."
Un avis partagé et appuyé par les autres skippers de la Classe, comme Armel Le Cléac'h (Maxi Banque Populaire XI) : "Avec la Classe Ultim 32/23, c’est aussi ce que nous avons voulu faire en écrivant - tous ensemble y compris François Gabart - une jauge qui est assez simple mais où il y a quand même un cadre à respecter. Nous avons voulu justement avec la Classe Ultim 32/23, créer cette jauge pour éviter des débordements. Aujourd’hui, le trimaran SVR-Lazartigue ne la respecte pas et ne respecte donc pas l’équité sportive. " ou encore Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) : "En tant qu’athlète, je suis attaché aux valeurs d’équité et je trouve normal de vouloir que tout le monde applique la règle. S’il y a un désaccord sur une interprétation, on en réfère à l’arbitre qui régule et est habilité à nous mettre d’accord. L’arbitre a toujours raison et je m’en remettrai à son avis et c’est donc à François Gabart de s’accorder avec le World Sailing."