Route du Rhum – Les Guadeloupéens dans la course

Ils seront cinq cette année à ne pas devoir retraverser l’océan Atlantique en décembre vers la métropole. Pour Willy Bissainte, la Route du Rhum est « la plus belle course du monde », alors c’est en habitué de la route, pourtant parfois mal pavée, entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, qu'il prendra le départ pour la quatrième fois le 6 novembre prochain. Son bateau, baptisé du doux nom de « Tradysion Gwadloup », est le même qu’en 2018, un 50 pieds Open dessiné par le cabinet Berret-Racoupeau et lancé en 2002. Contraint à l’abandon, comme nombre de skippers, lors de la précédente édition, il veut finir cette fois, et si possible encore mieux qu’en 2014 (6ème) et qu’en 2010 où il concourrait en Class40.
Derrière le « doyen » (en nombre de participations) ils sont deux à redoubler, voire tripler leur Route du Rhum. Après deux éditions en Class40, Rodolphe Sépho s’attaque au très haut niveau en accédant à la classe reine des Imoca. Son bateau certes n’est pas tout neuf, ce plan Owen Clark a été lancé en 2007 sous le nom d’Ecover pour Mike Golding, mais il est fiable et éprouvé. Mieux, Rodolphe Sépho a bénéficié d’une prise en mains personnalisée puisqu’il a couru à son bord la dernière Transat Jacques Vabre en compagnie du vendeur, l'expérimenté (4 Vendée Globe !) Arnaud Boissières. Un exemple à suivre pour celui qui a grandi à Goyave en Basse-Terre et qui a pour projet de disputer l’édition 2024 du tour du monde en solitaire et sans escale. Le bateau de David Ducosson connaît bien lui aussi la route de Pointe-à-Pitre puisqu’il s’agit du trimaran Trilogic construit en 2003, mené à l’origine par Eric Bruneel. Marqué par son abandon de 2018, si la priorité du Gosérien est avant tout d’arriver à bon port, il a ensuite pour objectif sportif le podium dans cette classe Rhum Multi où il côtoiera des légendes comme Philippe Poupon, Roland Jourdain, Marc Guillemot ou encore Halvard Mabire. Des skippers qu’il a déjà croisés entre 2002 et 2010 lorsqu’il préparait les bateaux des autres, ceux de Claude Thélier et de Philippe Fiston notamment.
Quant aux deux derniers Guadeloupéens, ils ont beau être bizuths (première participation) ils ne manquent pas d’ambition et sont inscrits dans la classe la plus représentée, celle des Class40 qui seront 55 sur la ligne de départ. Jeunes et talentueux, ils ont déjà un CV nautique fourni et seront à surveiller de près. A 32 ans, Sacha Daunar s’est bâti un joli palmarès dans les Caraïbes et a décidé d’agrandir son terrain de jeu en passant à la transatlantique. Avec son Pogo 40 S2 de 2010 il a fait le choix de la fiabilité et pour peu que les conditions soient musclées au départ, il pourrait être très bien placé à l’arrivée. Quant au benjamin de ce club des cinq, on serait tenté de dire « attention talent ! ». A seulement 26 ans, Kéni Piperol dispose qui plus est d’un Class40 de toute dernière génération, un Lift2 signé Marc Lombard, construit en 2021 entièrement en matériaux recyclables, y compris la résine, de l’Elium développée par Arkema. Détecté par le sorcier du Sud-Ouest Lalou Roucayrol, il a accueilli Kéni dans sa structure Lalou Multi de Port Médoc et l’accompagne dans son apprentissage de la course au large. Les bons résultats des premières courses (8ème sur les 1000 milles des Sables en avril et 6ème du championnat du monde de Class40 en juin) font du Mornalien un client sérieux dans une catégorie où ils sont une bonne dizaine à pouvoir l’emporter. Enfin, toute la Guadeloupe aura un regard affectueux et bienveillant pour Thibault Vauchel Camus qui court en Ocean Fifty et pour Damien Seguin en Imoca, deux skippers qui ont passé une partie de leur enfance sur l’île Papillon.