Transat Jacques Vabre 2023 : Quand la molle s'en mêle…

Par Figaronautisme.com

À l’image des interrogations qui planent en IMOCA, la dispersion des bateaux de la Class40 en deux groupes nord-sud laisse planer le doute sur le dénouement de cette Route du café. À 1300 milles de l’arrivée, si les routages donnaient hier un léger avantage aux nordistes, les dernières heures qu’ils ont endurées dans des petits airs asthmatiques relancent le débat. D’autant que de probables perturbations dans le flux d’alizés en approche de l’arc antillais sèment aussi le trouble dans le jeu des pronostics. Qui, du Nord ou du Sud, l’emportera ? C’est toujours toute la question…

« Oh molle. Oh pétole… Oh ralentissement ennemi ! Tu nous a gardés dans tes filets une bonne partie de la nuit ! Flip-flop, tels ont été les bruits de la nuit ; les voiles qui dansent au gré des vagues sans jamais ne pouvoir se gonfler. Ça n'était pas prévu comme ça. Tu as tenté d'éroder nos espoirs, mais c’est sans compter sur notre détermination absolue. Rien n’est jamais fini, tant que personne n'a coupé cette ligne d'arrivée encore si lointaine et pourtant jamais si proche ».

Dans son dernier message de la nuit, Antoine Carpentier (Crédit Mutuel) fait un récit assez éloquent des dernières heures de navigationdans les méandres des isobares trop distendus de paresseux calmes anticycloniques. 

 

Avec des vitesses dépassant difficilement les 3 nœuds et se matérialisant par une perte de 60 milles en l’espace de six heures pour Groupe SNEF, premier de cordée de nordistes, par rapport à Alla Grande Pirelli, premier sudistes, le petit coup de frein a été bien réel. Mais il était temporaire, puisque dans le milieu d’après-midi, les speedomètres des nordistes reprenaient vite des couleurs. De quoi redonner le sourire à tous ceux qui progressent sur cette option, comme le duo d’Amarris, ou celui d’Influence 2. Auteur d’ une belle remontée dans le classement ce dernier, même s'il concède un bel écart progresse  en bonne position pour poursuivre sur sa lancée ; si d’aventure le choix de la route nord remportait la mise à Fort-de-France.

 

À six jours des probables premières arrivées, le suspense s’intensifie et chaque équipage campe sur son positionnement pour tirer le meilleur de son monocoque et déjouer les pièges et embûches jalonnant sa route. À bord de Café JoyeuxNicolas D’Estais confie aussi avoir vécu des dernières heures frustrantes. « On essaye de mener notre bout de chemin au sein du groupe du Sud, où s’est revenu un peu par derrière (…) En étant au Nord du groupe, on est plutôt bien positionnés pour une prochaine bascule à droite à plus moyen terme. On essaie vraiment de faire marcher le bateau le plus rapidement possible en faisant des quarts assez courts pour grappiller le moindre dixième de nœuds », explique celui qui pointe en 4è position, à une quarantaine de milles du premier duo lancé sur la voie du sud. 

 

Toujours à la lutte avec son compatriote d’IBSA, Ambrogio Beccaria, chef de file du plus gros peloton de la flotte qui s’étire au fil des milles confie aussi maquer un oeu de pression : « On a un vent faible aujourd’hui et il fait trop chaud, surtout pour Nico (Andrieu, le co-skipper). La bataille continue à chaque bascule et avec chaque variation de la vitesse du vent. On a arrêté de regarder ce qui se passe au nord, parce que l’on ne peut rien contre eux. Il faut que l’on reste concentré sur notre position au sud. » Alors que le régate bat son plein, la chaleur s’invite à bord et donne quelques suées aux équipages, déjà bien calés sous les latitudes tropicales.  « On a profité des petites variations du vent pour nous recaler un peu plus au sud par rapport à nos petits copains. On a plutôt la vitesse, donc on est assez contents. On commence à souffrir de la chaleur. Quand on empanne et quand on s’attaque au matossage, on ressort littéralement trempés », raconte Emmanuel Le Roch. « Sinon, tout va bien, le bateau va plutôt vite. C’est plus technique depuis quelques jours. On a plutôt choisi une option sud, par rapport au risque de se faire bloquer, comme c’est arrivé ces dernières heures aux petits copains du nord. On n’aura pas le verdict avant la veille, voire le jour d’arrivée. On croise les doigts », complète le co-skipper d’Edenred, visiblement content d'avoir remonté quelques places au classement. Tout ce qui est pris, n'est plus à prendre.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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