Romain Attanasio : « le plus éprouvant, c'est d'être seul et devoir décider tout seul ! »
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Votre préparation physique et mentale pour le prochain Vendée Globe ?
Romain Attanasio : « Je suis basé au centre d’entraînement de Port-la-Forêt et je fais une préparation en groupe avec d’autres marins.Deux fois par semaine on fait de la musculation, du cross-training, du cardio et du gainage. La voile est un sport particulier. Vous êtes en train de dormir et d’un coup on vous demande de déménager une maison ! Cela va à l’encontre de tout ce qu’on t’apprend dans le sport. Celui qui gagne n’est pas celui qui est le plus fort mais au moins cela peut aider. D’être gainé, cela évite les blessures. Je pratique aussi la boxe une fois par semaine… Pour la préparation mentale, j’en avais fait il y a quelques années, je n’avais pas spécialement accroché. Mais cet hiver, j’ai retenté l'expérience via une connaissance. L’idée est de reprendre tout ce qui avait été compliqué durant le dernier Vendée Globe. Des passages difficiles comme au moment de Noël où tu te sens très seul par exemple. Même si un Vendée Globe ne ressemble jamais à un autre dans la préparation, il y a toujours des similitudes. C’est le principe de la voile, il y a beaucoup d’imprévus. Il faut pouvoir cadrer ce qui est prévisible ! »
Comment se préparer à la solitude ?
R.A : « Je suis assez solitaire mais cela reste la partie difficile de la course. En mer, c’est beaucoup. Lors du dernier Vendée Globe, je suis resté seul 110 jours, c’est très long, d’autant plus qu’il y a les périodes de Noël, des périodes familiales que vous manquez. Le Vendée Globe n’est pas une course dure physiquement même si on dort peu. Mais ce n’est pas non plus Mike Horn qui traverse le pôle nord avec un chariot de 200 kilos sur la glace ! (rires) Le plus éprouvant, c’est d’être seul et devoir tout décider tout seul. La navigation en double, ce n’est pas deux fois plus facile, c’est 100 fois plus facile ! Tu as quelqu’un pour t‘aider comme par exemple sortir une voile de la soute. A deux personnes, cela prend deux secondes, seul c’est deux minutes. Et ensuite, c’est dans la prise de décision, avoir quelqu’un pour décider cela change tout. Sans parler de la fatigue où tu passes ton temps à douter. Tu doutes sur la stratégie, si tu as mis la bonne voile, si tu vas dans la bonne direction, si le bateau ne va pas casser... Tu pars sur le Vendée Globe et tu te demandes à quel moment tu vas tout prendre sur la gueule et que tout va s’arrêter ? C’est pesant car tu n’as jamais envie d’abandonner ! »