Météo Vendée Globe : contournement de l'anticyclone des Açores !

Par Figaronautisme.com

Chaque jour, un expert en météo marine de METEO CONSULT analyse et décrypte la situation météo et son évolution pour les skippers de l’édition 2020-2021 du Vendée Globe. Ce vendredi, les 12 premiers sont passés au nord de l'équateur et s'apprêtent à gérer le passage de la barrière anticyclonique des Açores qui s'étend devant eux. La bataille stratégique est rude pour les premiers, où le suspens reste entier à moins de 10 jours des premières arrivées aux Sables.

Du suspens pour le podium !

Le suspens reste entier dans le peloton de tête alors que Burton a effectué une remontada énorme en grillant tout le monde, présentant un bon angle au vent et naviguant à environ 17  noeuds. Son option très à l'ouest semble s'avérer payante à ce jour malgré son sacré détour. Plus à l'arrière, Seguin semble rentrer trop dans la molle anticyclonique, mais globalement, tout le monde semble bien se présenter pour le contournement de l'anticyclone des Açores par son flanc Ouest.

Contournement de l'anticyclone des Açores

Les premiers approchent le célèbre anticyclone des Açores, qui est situé plutôt bas en latitude, à 1025 hPa dans l'ouest des Canaries, au sud de l'archipel des Açores. L'objectif des skippers étant de contourner cet anticyclone par son flanc ouest et de toucher ainsi un flux de secteur est, tournant lentement au sud-est puis sud. Cette période de 48 h sera très tactique, et, de leurs choix, dépendra la future place des skippers à l'arrivée. Entre L.Burton, le plus à l'ouest, et T. Ruyant, qui semble faire un choix plus vers l'est, bien malin celui qui pourrait présager actuellement de l'issue de ces choix. 

Les bateaux seront freinés mais peut-être pas durablement et pas totalement non plus, car il subsiste de l'air, surtout dans l'ouest de l'anticyclone. Notons aussi que dans leur remontée vers le nord, et malgré la présence du calme anticyclonique, les skippers toucheront une grande houle de secteur ouest à nord-ouest (montant à 4 m), générée par le train des dépressions très creuses circulant sur l'Atlantique nord, assez bas en latitude, au niveau du 45 ème nord, c'est à dire entre le sud de La Nouvelle-Ecosse et le Golfe de Gascogne.

Plus à l'arrière, le groupe entre le 4 ème et le 10 ème avance bien dans les alizès de nord-est, qui passeront progressivement à l'ouest de l'archipel du Cap Vert, en plein milieu de l'Atlantique. 

Enfin, plus à l'arrière, on continuera à remonter plein nord en retrouvant des alizès assez faibles mais plutôt réguliers de secteur Est, au large du Brésil. Le Pot au Noir sera réduit à peau de chagrin, ce qui devrait en faciliter sa traversée. Néanmoins, autour de la 12 ème position, quelques skippers n'échapperont pas au calme tropical de ce Pot au Noir. Entre le 20 ème et le 24ème, les skippers négocieront le passage d'une zone dépressionnaire active, tandis que les deux derniers s'apprèteront à franchir la latitude du Cap Horn dans des conditions favorables mais assez musclées tout de même.

SITUATION METEO DU VENDREDI 22 : la bataille de l'anticyclone des Açores !

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La journée de vendredi verra la flotte s'étaler du Cap Horn (pour les derniers qui le franchiront) jusqu'à l'anticyclone des Açores. Tous les regards seront alors rivés sur le groupe de tête. Les 6 ou 7 premiers concurrents entameront le contournement de l'anticyclone " des Açores" par son flanc ouest, notamment L.Burton, le plus à l'ouest, dans un vent arrière pas très favorable dans un premier temps. Dans ce contexte, plusieurs options se présentent aux concurrents : s'approcher plus ou moins près du centre anticyclonique pour coller à la route directe et faire moins de distance (comme C.Dalin et B.Herrmann), mais aussi avec moins de vent ou alors le contourner par l'ouest pour bénéficier de plus de plus de vent mais en rallongeant la route avant de récupérer un vent adonnant. Dans ce contexte, les fichiers météo semblent prévoir deux routes quasiment parallèles pour C.Dalin et L.Burton, mais T.Ruyant ne serait pas bien loin non plus. Une chose est sûre : les skippers de tête ne perdent pas de vue l'important changement météo qui les attend pour le week-end, où ils vont attrapper le train des dépressions hivernales de l'Atlantique Nord, circulant vers les côtes portugaises : le changement sera assez rude mais sans menace de tempête non plus.

A l'arrière, autour du 13 ème concurrent, certains franchiront alors le Pot au Noir qui ne devrait pas présenter trop de calme car il sera très peu étendu, donc assez vite traversé, tout étant relatif : il leur faudra quand même 2 ou 3 jours pour s'extirper de cette glue ponctuée d'averses orageuses, à priori pas trop violentes à ce moment-là.

Plus au sud, entre les 14 ème (J.Beyou) et 20 ème concurrents (D.Costa), on naviguera dans un alizé d'est qui se rétablit plutôt favorablement, tandis que vers la 23 ème place, on rencontrera un flux de nord-ouest favorable également, tous ces vents tournant autour de l'anticyclone situé au milieu de l'Atlantique sud.  Et enfin, les derniers franchiront la longitude du Cap Horn dans de bonnes conditions.

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SITUATION METEO DU SAMEDI 23 : vers un week-end crucial pour les premiers ?

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Le week-end s'annoncera décisif pour les 10 premiers qui toucheront tour à tour le flux d'ouest à sud-ouest en liaison avec les dépressions de l'Atlantique Nord, qui circuleront entre les Etats-Unis et le Portugal. L'objectif est toujours de trouver le meilleur passage pour rattraper le flux de sud-ouest à l’avant des fronts nord atlantiques les poussant vers la dernière ligne droite. L'attention sera fortement portée alors sur l'analyse et la fiabilité de la situtation et des fichiers météos dans cette dernière partie de ce Vendée Globe bien atypique ! Mais à ce jour, les modèles météo présentent des différences de prévision notables pour les 8 premiers, jusqu'à J.Le Cam.

Il semblerait que les 8 premiers, jusqu'à J.Le Cam, attrappent un flux de sud-ouest modéré, autour de 20 noeuds dans un premier temps, ce qui serait à l'avantage de tout le monde, mais selon les modèles, les vents pourraient bien mollir avec une dorsale anticyclonique se reconstituant au fur et à mesure de leur progression vers le Golfe de Gascogne puis la France en début de semaine prochaine. Puis, le flux océanique de secteur sud-ouest à ouest devrait reprendre dès mercredi, propulsant le peloton de tête vers les Sables. 

Ce samedi, l'anticyclone " des Açores" sera en réalité toujours situé entre Madère et les Canaries, ce qui justifie le contournement de celui-ci par son flanc ouest. Mais, nous l'avons vu, les options sont différentes selon les skippers. Ce choix semble toujours plutôt favorable à L.Burton qui touchera le flux de sud-ouest, à quelques encablures de C.Dalin et de B.Herrmann. Plus à l'est, T.Ruyant et D.Seguin pourraient être ralentis par un air beaucoup plus faible mais pas absent non plus.

A l'arrière, les alizès d'est à nord-est se maintiennent pour les skippers qui auront franchi le Pot au Noir et l'équateur. Dans le grand sud, les conditions de vent resteront majoritairement favorables à de bonnes vitesses de progression, tandis qu'en 24è position, A.Barrier devrait passer la longitude du Cap Horn dans de grosses conditions.

Dimanche, l'incertitude météo s'accentuera pour les 10 premiers, toujours en liaison avec le retour plus ou moins rapide du flux océanique qui servirait de tremplin en direction de la France. Mais il semble possible aussi qu'une dorsale anticyclonique regonfle entre les Açores et l'ouest du Portugal, freinant l'arrivée du rail océanique. Cela obligerait les skippers de tête à poursuivre leur remontée vers le nord pour garder du vent (orienté au secteur sud-ouest dominant), mais ralentissant leur approche du Golfe de Gascogne. 

C'est la journée de lundi qui sera décisive d'un point de vue météo, avec la mise en place de l'un ou l'autre de ces scénarios, conditionnant alors le programme d'arrivée aux Sables, prévu au plus tôt mercredi prochain pour la tête du peloton, qui risque de se tenir dans un mouchoir de poche. Le suspens restera entier jusqu'au bout.

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Régis Crépet, meteoconsult marine 

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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.