Vendée Globe : les solitaires à l’approche du Grand Sud et de ses défis

Par Figaronautisme.com

Si la vitesse a eu la part belle ces derniers jours, la donne est en train de changer. Les marins du Vendée Globe n’ont en effet plus seulement l’œil rivé sur le rétroviseur pour contrôler leurs adversaires. Ils l’ont également pour surveiller l’arrivée d’un train de dépressions. Un enchaînement de zones fermées de basses pressions atmosphériques qui va normalement les percuter en milieu de semaine prochaine et les faire entrer, cette fois pour de bon, dans l’ambiance du Grand Sud. Si après déjà 21 jours de course, on a presque envie de dire « enfin », les solitaires eux-mêmes ne cachent pas leur impatience de rentrer dans le vif du sujet, même si ça risque de piquer un peu. En attendant la métamorphose radicale de leurs conditions de navigation, aussi bien en Atlantique Sud que dans l’Indien, les uns et les autres prennent néanmoins soin d’anticiper au mieux les choses, à commencer par les leaders. Actuellement en approche des îles Marion et Prince Edward, ces derniers doivent décider dès à présent de la manière dont ils vont gérer leur premier « problème » austral. Passer au nord ou au sud ? Tel est leur dilemme !

« Fini l’anticyclone, les zones de mou et la douceur. Il va falloir se mettre au rythme des mers du Sud, s’habituer au froid et accepter les bruits du bateau dans la mer formée », a commenté Fabrice Amedeo (Nexans – Wewise) qui, comme tous les autres, se serait presque habitué à naviguer dans des conditions relativement clémentes depuis son départ des Sables d’Olonne sauf qu’évidemment, ça ne pouvait pas durer éternellement sur un exercice tel qu’un tour du monde. « Il fallait bien qu’à un moment donné, on quitte le short et le tee-shirt », a confirmé Damien Seguin qui s'adapte depuis 24 heures. « Il y a quatre ans, je me souviens que j’avais vécu cette transition de manière abrupte car elle s’était produite du jour au lendemain. C’est pareil cette fois. Le changement est beaucoup moins pondéré dans ce sens que dans l’autre sens, quand on passe de la zone tropicale à l’Atlantique Nord », a ajouté le skipper de Groupe APICIL. A bord des IMOCA, la vie se réorganise donc doucement. L’équipement du marin aussi.

Savoir faire preuve d’humilité
« Ces mers du Sud, elles font un peu peur et en même temps, elles attirent énormément. Ce sont des contrées sauvages. On y passe avec humilité, sur la pointe des pieds, en s’excusant d’être là, au milieu de toute cette nature sauvage », a ajouté Fabrice Amedeo qui sait, pour l’avoir déjà vécu, qu’il se prépare à franchir une frontière invisible. Une frontière qui va assurément marquer un tournant dans son aventure. « Le dépaysement, c’est précisément ce que l’on vient chercher. Reste à placer le curseur là où on en a vraiment envie. On gère chacun à notre niveau. On a tous des perceptions distinctes. Des bateaux et des histoires différentes aussi », a très justement rappelé Damien Seguin. Car il s’agit bien de cela : mesurer les risques que l’on est prêts à prendre ou non. C’est d’ailleurs la question que se posent d’ores et déjà un certain nombre de marins et en particulier les leaders. Aux abords des îles Marion et Prince Edward, ils sont confrontés à un dilemme. Ils doivent, en l’occurrence, décider de la manière la plus judicieuse de négocier une dépression qui déboule derrière eux. Le genre plutôt active, avec des biscotos qui feraient jalouser Popeye.

Une histoire de compromis
« Passer au milieu, ça ne donne pas très envie. Il reste deux options : passer au sud ou passer au nord. Dans le premier cas, c’est un peu risqué mais ça raccourcit la route. Dans le second, il faut être sûr de ne pas se retrouver bloqué dans la molle et donc de passer trois jours de plus que nécessaire dans l’Indien », a détaillé Sam Goodchild (VULNERABLE). Pour l’heure, ni lui ni ses adversaires semblent avoir tranché. La tâche est rendue d’autant plus difficile que les modèles météo s’opposent et qu’en prime, sur l’eau, de grosses zones de molle ont décidé de jouer au Chamboule-tout. « Ce matin, au lieu d’avancer à 20 nœuds vers l’Est, j’ai progressé à 5 nœuds vers le Sud. Tout dépendra donc des timings, en sachant que dans l’Indien, tout bouge très vite », a prévenu le navigateur Britannique dont la trajectoire dans les heures qui suivent, tout comme celles de ses concurrents directs, vont donner de premières indications.

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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.