« Les Bahamas seront une destination refuge après la crise » Karin Mallet-Gautier, directrice de l'office de tourisme
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"Les Bahamas sont rentrés en confinement complet depuis lundi 23 mars. Plus de bateaux, plus d’avions, toutes les frontières sont fermées. Le confinement est H24 avec un couvre-feu entre 21h et 5h du matin tous les jours et comme en France, on ne sort que pour les premières nécessités et pour travailler. On dénombre actuellement 5 cas de contamination au Covid-19 aux Bahamas, aucun décès. Quatre sont à Nassau et un à Grand Bahama. Ils sont à l’hôpital actuellement, en quarantaine." nous explique Karin Mallet-Gautier sur la situation actuelle dans l'archipel. Elle ajoute : "Nous avons évidemment averti les professionnels et nous avons sur notre site une page dédiée avec la mise à jour et toutes les informations concernant le Covid-19 aux Bahamas."
Les Bahamas étant un archipel, il est d'autant plus vital d'appliquer des mesures strictes rapidement ? "Toutes les plages sont fermées, les restaurants… En effet, les îles sont plus fragiles s’il y a propagation. L’archipel est vaste (1200 km) et cela renforce la difficulté de surveillance et de soins si cela devait se propager. Les cas ne sont que sur des îles qui sont équipées en termes d'infrastructures hospitalières. D’où la décision prise par le Premier Ministre Hubert Minnis de fermer les frontières lundi. Le trafic inter-îles continue uniquement pour les besoins de livraisons nécessaires à la vie locale, mais pas de transport de passagers. Il n’y a plus d’activités touristiques et nautiques. Comme en France."
La proximité avec les Etats-Unis a accéléré la prise de décision ? "Oui, les Bahamas sont très proches des USA, on peut y venir en bateau facilement du coup on souhaitait éviter le risque de propagation par ce biais là. Et nous ne sommes pas équipés pour prendre en charge la population plus des touristes contaminés."
Cela est un véritable coup dur pour le tourisme aux Bahamas ? "Nous avons la chance aux Bahamas de ne pas avoir de saison touristique. L’hiver est une haute saison tarifaire dû à la fréquentation des Américains qui viennent en week-end entre Noël et Pâques mais niveau climatique, on peut se rendre aux Bahamas toute l’année. Plus on va vers l’été, plus les journées sont longues."
Comment faites-vous pour continuer à promouvoir la destination actuellement ? "Dès que les Bahamas vont rouvrir leurs frontières, ce pourra être une destination refuge car dès l’ouverture on ne rentrera pas dans une basse saison climatique et notamment pour la voile puisque du printemps à l'automne, les alizés soufflent tout le temps, pas de chaleur humide et nous avons un côté océanique puisque nous sommes situés dans l’Atlantique.
Nous sommes très présents sur les réseaux sociaux ainsi que plateforme de marque Bahamazing Experiences. Cette plateforme regroupe nos vidéos, paroles de locaux, expériences d’influenceurs, des replays d'émissions tv… pour que les gens puissent commencer à penser à leur futur voyage !"
Quels sont les nouveautés que vous allez mettre en avant pour la prochaine saison ? "Avant le confinement, nous attaquions notre période de promotion de cette plateforme Bahamazing Experiences chez les voyagistes, les loueurs, les sites de voyage et de location. L'accent a été renforcé également sur les Bahamas comme destination responsable et nature avec zéro plastique et zéro polystyrène depuis le 1er janvier 2020. Les Bahamas ont été précurseurs dans la protection de l’environnement puisque le premier parc naturel sous-marin et terrestre a vu le jour aux Bahamas en 1958, nous avons une quarantaine de parcs terrestres et marins sur l’archipel, on continue de créer des parcs nationaux, de protéger les mangroves qui ont d'ailleurs permis à Grand Bahama et les Abacos lors de l’ouragan Dorian de ne pas perdre du littoral."
Quelle est votre vision pour l'avenir des Bahams, du tourisme en général ? "Je pense qu’après cet événement, le monde va un peu changer et qu’il y aura un regain de recherche pour des destinations authentiques, préservées où l’on peut pratique le "slow" tourisme, la navigation tranquille.
Nous proposons des séjours sur les îles extérieures qui n’ont pas bougé depuis des années où le tourisme est très peu développé puisque l’hôtellerie ne dépasse pas 50 chambres, il n’y a pas de tourisme de masse. Les Bahamas ont concentré leur développement touristique à Nassau et une partie de Grand Bahama Island c’est tout. Tout l’archipel aura beaucoup à offrir aux futurs voyageurs à la recherche d’évasion et de nautisme . Ce qu’il va falloir remettre en avant c’est la prochaine saison, à partir de juin, car nous avons des festivals culturels et culinaires, la fête de l’indépendance le 10 juillet, la fête de l’émancipation le premier lundi d’août… les régates vont reprendre aussi l’été. Il nous faut renforcer le discours sur lequel les Bahamas sont différents de la Caraïbe traditionnelle, entièrement dans l’Atlantique, beaucoup plus au nord et du coup soumis à des périodes climatiques complètement différentes.
Il y aura deux attitudes : des gens traumatisés qui vont vouloir rester auprès des leurs et d’autres qui auront besoin de s’évader, loin. Nous serons là."