Yann Clavillier, directeur Lac Annecy Tourisme : « On attend les Français qui auront soif de nouveaux espaces »
Quel est l'impact de la crise pour le tourisme dans la région du lac d'Annecy ? « Il y a un impact très fort pour nous avec des conséquences très négatives sur toute l’activité touristique, et sur les hébergements dans un premier temps (les hôtels, les villages vacances, les chambres d’hôtes, les auberges de jeunesse, etc.). Cela arrive alors que l’ensemble des professionnels de ce secteur indiquait une hausse de 20% par rapport à l’année dernière mi-mars car nous avons eu d’excellents mois de janvier et février. Idem pour la restauration et les prestataires d’activité puisque le début de saison coïncidait avec le début du confinement. Toutes les activités de plein air sont impactées car le lac d’Annecy a la chance d’être dans un territoire qui offre une grande variété de pratiques comme tous les sports de montagne, les sports « d’air » comme le parapente et bien sûr les activités nautiques, en allant de l’apnée à la voile en passant par l’aviron et le kayak. C’est un gros manque à gagner d’un point de vue touristique puisqu’il ne se passe plus rien. Mais aussi pour les habitants, pour tous ceux de la région qui sont inscrits dans les divers clubs. »
Comment envisagez-vous la reprise cet été ? « Pour l’éventuelle reprise cet été, les prestataires sont face à de nombreuses difficultés. Comment un baptême de parapente peut-il respecter la distanciation sociale sur un vol bi-place par exemple ? La plupart des prestataires vont s’attacher à rendre la pratique de leur discipline possible en répondant aux mesures sanitaires en vigueur qui sont assez drastiques, ce qui nécessite de l’investissement financier, du temps, de la formation… avec un chiffre d’affaires qui sera divisé par deux puisque le nombre de participants sera forcément divisé pour chaque activité. Autre point bloquant pour le tourisme : nous ne savons pas quand nous pourrons rouvrir les plages, et toutes les pratiques liées au lac. Nous attendons les informations de la part de la Préfecture de Haute Savoie sur les conditions de la reprise des activités de plein air sur le territoire, dont le nautisme bien sûr. »
Que représente le nautisme sur le lac ? « Le nautisme représente une part importante pour le tourisme sur le territoire. La base nautique de Sevrier est labellisée France Nautique. Il y a toute l’offre possible : aviron, plongée, canoë, Optimist… et les clubs nautiques proposent également beaucoup de stages, très pratiqués par les locaux, puis les vacanciers. Il y a plusieurs clubs tout autour du lac (5-6) qui permettent toutes ces pratiques. La ville d’Annecy et son club de voile pratiquent beaucoup sur le lac à cette période, normalement. »
Quelle est votre communication actuellement pour promouvoir la destination ? « Nous sommes sur une communication d’image en ce moment pour affirmer notre positionnement comme lac le plus pur d’Europe, sur toutes les activités possibles, sans oublier le patrimoine et la gastronomie étoilée. Nous voulons donner envie aux gens de venir pratiquer le territoire, de venir le respirer et se ressourcer après le confinement. De plus, nous sommes une destination à taille humaine (200 000 habitants), ce qui correspond aux valeurs véhiculées en ce moment de recherche d’authenticité, de lieux en phase avec l’environnement. Entre le lac et la montagne, nous avons une offre qui permet de répondre à tous types de demande. Chacun œuvre de son côté pour être prêt et accueillir au mieux la clientèle, même si on sait que ce ne sera pas évident. On attend les Français qui auront soif de nouveaux espaces. »
De nombreux évènements ont été annulés également ? « Oui, tous les évènements ont été annulés, à commencer par le Carnaval Vénitien qui est un grand événement qui accueille énormément de touristes étrangers, mais aussi beaucoup d’évènements sportifs… Il n’y aura aucun événement cet été, c’est pour cela que nous pensons que les Français vont se concentrer sur les paysages, le ressourcement, la revitalisation de l’esprit et du corps et à l’instar du littoral, nous pensons pouvoir répondre à ces nouveaux comportements. Cet été sera l’occasion de découvrir les merveilles de notre pays et de tenter de nouvelles expériences. Un nouveau tourisme plus responsable, plus engagé… et il y aura un ticket supplémentaire pour la destination qui aura pris tout cela en compte et qui auront pris des mesures sanitaires indispensables pour rassurer les touristes. »
« On essaye d’être optimiste et nous essayons de réagir efficacement au fur et à mesure, selon les directives gouvernementales et le comportement des Français : vont-ils partir en vacances ? En famille ou entre amis ? Autour de chez eux ou plus loin ? On réagira en fonction de tout cela, en collaboration avec la région. »
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