« A partir du 29 mai, la quasi totalité du réseau de VNF sera à disposition des plaisanciers »
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Quels sont les impacts de la crise pour le tourisme fluvial ? « Toute l’activité a bien sûr été arrêtée, y compris la plaisance privée et les personnes confinées sur leur bateau. Ils sont donc restés dans leur port d’hivernage.
Côté tourisme, l’année s’annonçait magnifiquement bien avec des réservations à un bon niveau… après le choc, tout le monde s’est remis au travail petit à petit en essayant de voir ce qu’il était possible de faire, mais avec beaucoup d’inconnues sur la reprise de l’activité et les conditions. C’est le cas par exemple des bateaux promenade, que l’on appelle les « bateaux-mouches» à Paris, et qui ont une activité très importante en province en saison. Il faut savoir qu'un bateau promenade sur deux assure une activité de restauration et ces derniers se posent énormément de questions puisque leur sort est lié à la reprise de la restauration. Ils sont encore en attente de décisions, et a priori il n’y aura pas de communication là-dessus avant la dernière quinzaine de mai. Donc voilà globalement ce qui peine le tourisme fluvial : l’inconnue des autorisations qui vont être délivrées et l’éventuelle ouverture des frontières. Une part très importante de la clientèle est étrangère. Sur la partie croisière fluviale (paquebots fluviaux, péniches hôtels) ce sont souvent des clientèles de marché lointain. La bonne nouvelle, c’est que les réservations de 2020 ont été facilement reportées sur 2021. Mais ils sont très dépendants des liaisons aériennes… Les professionnels se demandent s’ils arriveront à faire une fin de saison correcte. La question se pose de peut-être transformer ces bateaux en des hébergements car certains bateaux sont superbement équipés, sans faire de croisière. Enfin, les plus offensifs aujourd’hui, car moins contraints par les consignes gouvernementales, sont les loueurs de bateaux habitables. »
Pour les loueurs, il y a une carte à jouer, celle du slow tourism et des vacances en petit comité ? « Nous partageons tout à fait la convictions des loueurs de bateaux habitables qui est qu’il y a un bon coup à jouer sur la saison été. Sur ces bateaux, très peu accueillent plus de 10 personnes à bord donc sur des groupes qui se connaissent comme des familles qui se sont confinées ensemble, on est tout à fait dans la contrainte du gouvernement. Concernant la limite des 100 km, on espère que cela s’assouplisse un peu… Mais c’est un produit qui est totalement inscrit dans les paysages français, loin d’une plage bondée ou de lieux subissant du « sur-tourisme ». La plupart des gens qui louent ce type de bateau font des activités à côté comme de la marche ou du vélo, et qui sont totalement conformes aux consignes de sécurité sanitaire. Ces dernières années, nous avons beaucoup développé cela avec les collectivités locales : 91% des voies navigables sont à moins de 5 km d’une route cyclable. »
Les différents acteurs du tourisme fluvial sont-ils prêts à reprendre leur activité ? « Avec tous les contacts que nous avons avec les loueurs, la FIN et tous les acteurs du tourisme fluvial, il y a tout un protocole qui est en cours de définition sur les mesures sanitaires, en particulier sur les bases nautiques. Au moment où la mise en main du bateau se fait, tout un protocole sanitaire est à mettre en œuvre. Une fois que cela sera réglé, nous pourrons rassurer le gouvernement sur le fait que cette activité est totalement conforme aux règles sanitaires.
Dans toute cette période de crise, la VNF a été quotidiennement en contact avec tous les opérateurs du tourisme que ce soit les péniches hôtels, loueurs de bateaux, bateaux promenade… Pour voir comment nous pouvions les accompagner et pas seulement pendant la crise, mais aussi pour la relance. »
Quel est le rôle de la VNF ? « La VNF est avant tout gestionnaire d’infrastructures et nous aidons à la constitution de l’écosystème. Nous veillons à ce que tout se passe bien sur les voies d’eau, à ce qu’il y ait de l’eau et qu’elle circule, que tous les utilisateurs potentiels puissent être alimentés (agriculteurs, pêcheurs, touristes…). Nous avons fait un travail pendant le confinement de continuité des travaux afin que tout soit prêt pour le début de saison : travaux sur des berges, des portes d’écluses… A partir du 29 mai, la quasi totalité du réseau de VNF sera à disposition des plaisanciers. La reprise de la plaisance à partir du 11 mai sera possible à partir du moment où cela ne demande pas de franchissement d’ouvrage. »
Comment voyez-vous la reprise ? « Comme toutes les activités touristiques, l’année s’annonce très compliquée pour beaucoup d’opérateurs. Nous regardons dans quelles mesures nous pouvons aider tous les professionnels à passer cette période compliquée mais cela ne nous fait pas douter du potentiel du tourisme fluvial, pour 2021. Le tourisme fluvial est encore saisonnier, même s’il l’est un peu moins pour les bateaux promenade dans les grandes métropoles, car ce sont des activités très inscrites dans l’évènementiel. Sinon, la vraie saison se fait d’avril à octobre. Nous sommes en train de travailler pour que la saison termine plus tard, aux vacances de la Toussaint pour rattraper le retard. Mais nous ne connaissons ni la faisabilité ni l’importance de la demande. Si la reprise est forte, cela aidera pour l’arrière saison. »