Edito : Ile Maurice ou Liban, la mer en péril
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Ainsi va le monde. Le 25 juillet dernier, un vraquier appartenant à une entreprise japonaise mais battant pavillon panaméen a heurté un récif dans les eaux cristallines de l’île Maurice. Le « Wakashio » transportait quelques 3.800 tonnes d'huile lourde et 200 tonnes de diesel menaçant de s’échapper. Situé sur la côte sud-est de l'île, ce récif est un joyau écologique connu pour ses sites de conservation classés internationalement, ses eaux turquoises et ses zones humides protégées. A ce jour, plus des 1000 des 4000 tonnes de carburant transportées par le vraquier se sont déjà déversées en mer même si plusieurs équipes d'intervention sont provisoirement parvenues à bloquer en partie la fuite d'hydrocarbures. Des volontaires se sont efforcés de tresser des barrages flottants en chanvre et en tissu afin de circonscrire la nappe de carburant. D'autres, munis de masques et gants en caoutchouc, tentent de ramasser dans des seaux les produits échappés du navire. Plusieurs appels aux dons ont été lancés notamment en France par le biais du journaliste Hugo Clément et d’autres associations environnementales. Rappelons que, outre le tourisme, la population locale mauricienne vit de la pêche. Cette catastrophe annoncée nous ramène à de tristes souvenirs comme le naufrage du pétrolier Exxon Valdez en 1989 sur les côtes de l'Alaska (Etats-Unis) ou encore à la marée noire causée en 1978 par L'Amoco Cadiz, au large des côtes bretonnes. En trente ans rien n’a vraiment changé et le risque existe toujours.
Sans aucun lien direct avec la catastrophe de l’île Maurice, une énorme explosion dans le port de Beyrouth le 4 août dernier a ému le monde entier. Derrière ce drame humain et social se cachent aussi probablement un autre désastre environnemental. Occupés, à juste titre, à comptabiliser le nombre de décès et de sans abris, nos voisins libanais n’ont pas encore pu établir les conséquences d’une telle pollution. Pas sûr que les quelques 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium du navire moldave et surtout les innombrables immondices déversés dans la mer Méditerranée, causés par cette explosion apocalyptique au Liban, aient pu favoriser le développement de la faune et à la flore locale. Mais pour nous amoureux de la Grande bleue et plaisanciers, lorsque la mer et la biodiversité sont en péril, il y a toujours urgence à en parler !