Fort-La-Latte : cadre de rêve pour batailles sans merci
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Les cinéphiles connaissent sa haute silhouette grâce aux films historiques : Ridicule, Les Chouans, ou encore Les Vikings avec Kirk Douglas. Mais les hautes murailles n'ont pas connu que les artifices du grand écran. Fort-La-Latte se dresse face au cap Fréhel depuis la seconde moitié du XIVe siècle. La forteresse, née en pleine guerre de Cent Ans (1337-1453), connut sa première attaque dès 1379 avec le chevalier Du Guesclin. Puis elle essuya de nombreuses attaques ennemies, affronta les guerres de succession et vécut ses pires heures lors du sanglant épisode de La Ligue. Le château fut pillé et ravagé par les flammes en 1597. Lorsque Garangeau, disciple de Vauban, le visita pour fortifier la côte et défendre Saint-Malo, il n'y trouva que le donjon. La forteresse qui se visite encore aujourd'hui est donc à l'image de ce qu'en fit Garangeau entre 1690 et 1715. Toutefois, de récentes fouilles ont permis de retrouver les traces des anciennes pièces, comme le corps de garde dévoilé face à la mer, à l'angle occidental des murailles. Le XVIIIe siècle est aussi l'époque qui vit le château entrer dans la rubrique people avec le mariage du propriétaire des lieux, Jacques-François-Léonor Gouyon, sire de Matignon, et de la princesse de Monaco, Louise-Hippolyte Grimaldi. Le couple prit le nom de la mariée, mais le Rocher n'a pas oublié les liens qui l'unissent au petit village breton - Albert de Monaco y est venu en 2012 - et les cloches de l'église de Matignon sonnent toujours pour les naissances, mariages et décès monégasques.
Fort-la-Latte n'a pourtant jamais cédé aux sirènes de la vie de princesse. En arpentant le château, le visiteur ne trouvera pas d'ornements et meubles d'apparat. La forteresse conserve sa beauté brute depuis 700 ans. En revanche, Fort-La-Latte propose de remonter l'histoire bretonne avec ses installations guerrières comme son impressionnante catapulte - qui servait parfois, dit-on, à renvoyer les prisonniers vers le camp ennemi - ou l'ingénieux four à rougir les boulets de canon. En jetant un oeil sur ce curieux toboggan, on imagine les soldats courir d'un bout à l'autre de la plateforme, malgré les gifles du vent, en tenant les lourds projectiles brûlants au bout de piques. Puis en grimpant sur la spectaculaire charpente de pierres, au sommet de Fort-La-Latte, vous profiterez d'une vue imprenable sur la côte d'Émeraude et le cap Fréhel. En redescendant, penchez-vous sur les jardins médiévaux que les propriétaires des lieux entretiennent à l'ombre des murailles. Le carré des simples, jardin clos de forme carrée, est destiné aux plantes aromatiques et médicinales. Parmi elles, des herbes de sorcellerie comme la mandragore, la jusquiame noire et le datura. Enfin, avant de quitter les lieux, les plus jeunes réprimeront un frisson en jetant un oeil dans les oubliettes ou sur le précipice que le pont-levis surplombe.
Fort-la-Latte est l'un des châteaux témoins de l'histoire bretonne les plus visités, après celui des ducs de Bretagne à Nantes.