Le Fort National, bastion avancé de la cité corsaire
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D’un Islet à la construction d’un fort
Au large de Saint-Malo, mais accessible à pieds en fonction de la marée, se trouve le rocher de l’Islet. Auparavant, à son sommet, s’élevait un phare (le pharillon), équipé d’une torchère où brûlaient des matières résineuses pour guider les navires. Moins glorieux, c’était aussi le lieu d’exécution des condamnés à mort de la Seigneurie de Saint-Malo. C’est à ce même endroit que s’élevèrent ensuite les fourches patibulaires pour la pendaison des criminels. A la fin du XVIIe siècle, Louis XIV prend conscience de l’importance stratégique de Saint-Malo et charge Vauban, le grand ingénieur militaire, d’activer et d’intensifier les travaux de défense de la cité corsaire. Utilisant au maximum la topographie des lieux, chaque îlot est transformé en véritable sentinelle avancée. Ce ne sont pas moins de 102 pièces d’artillerie servies par 1300 canonniers et mousquetaires qui vont interdire l’approche de la cité. En 1682, le rocher devient domaine de l’état et Vauban dressa les plans du fort. Sa construction commença en 1689 sous la direction de Siméon de Garangeau, architecte malouin à qui l’on doit également les remparts de Saint-Malo. Tout a été pensé dans la construction de ce fort. Le rocher a été découpé pour assurer la liaison parfaite entre le roc et la maçonnerie ne formant qu’un seul bloc indestructible.
Les grandes époques du fort
En 1704, les travaux étaient suffisamment avancés pour permettre à Vauban d’y faire placer des mortiers. Il portait 14 canons l’année suivante. A l’origine en 1700, il était percé de 41 embrasures ou créneaux. Il a été plusieurs fois modifié jusqu’en 1743. D’une superficie d’environ 4.000 m2, il se trouve limité par une seconde enceinte qui est de construction plus récente que les remparts de Vauban. Elle a été rajoutée en 1849 pour protéger le Fort Impérial, non seulement contre les attaques de haute mer, mais aussi contre les assauts des troupes d’infanterie qui pouvaient débarquer de terre. Sur la première enceinte, on trouve les redents et les créneaux qui permettent la défense au fusil de tous les abords du Fort.
Le fort de 1900 à nos jours
Le Fort National a été classé monument historique depuis 1906 et est propriété privée depuis 1927. Lors de la dernière guerre, au mois d’août 1944, Saint-Malo s’écroula sous la mitraille et dans l’incendie. La Kommandantur allemande craignant une rébellion, donna l’ordre de conduire tous les hommes de Saint-Malo dans le Fort National. Le 7 août, au point du jour, après avoir quitté sous la contrainte femmes et enfants, 380 malouins se dirigent vers le Fort où ils furent emprisonnés. Les Allemands tirèrent sur les Alliés depuis le Grand Bé et l’Île de Cézembre. Le mercredi 9 août, un obus éclata sur le parapet nord de la plateforme. 18 hommes sont tués. Ils seront inhumés sur place. Les captifs sont rejoints par 150 femmes et hommes âgés. L’évacuation est rendue possible dans la soirée grâce à une trêve d’une heure. C’est la fin du cauchemar. Dans la nuit du 9 au 10 août 1944, les obus détruisirent partiellement le Fort et le corps de garde. La maison qui reste sur le Fort a été reconstruite, il y a 70 ans. Le Fort a été racheté en 1927 à la ville de Saint-Malo par Edmond Boletti et appartient à quatre de ses descendants.
Une visite s’impose
Plus de 25. 000 visiteurs s’y rendent chaque année. La visite guidée fortement commentée, vous permet de découvrir dans les moindres détails l’histoire de sa construction à sa période militaire depuis son origine à la dernière guerre. Vous aurez également une vue unique sur toute l’agglomération de Saint-Malo jusqu’aux îles Chausey d’où le granit a été extrait pour sa construction ainsi que pour celle du Mont Saint-Michel. Côté ouest, vous pouvez voir de Dinard au Cap Fréhel.
Sur le site internet www.fortnational.com vous trouverez tous les renseignements. Et l'info à ne pas louper : lorsque le drapeau français est hissé, cela signifie que le fort est ouvert à la visite !