Le voyage de Moananuiākea : retour vers le futur dans le Pacifique
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Hikianalia et Hōkūle’a sont deux quasi-sisterships. La seconde a été construite à Auckland en Nouvelle-Zélande en 2012, sur le modèle de son aînée, pionnière en 1976, réalisant le voyage entre Hawaï et Tahiti, soit près de 3000 MN, sans instruments. De quoi confirmer la capacité des habitants ancestraux du triangle polynésien à voyager d’île en île de l’océan Pacifique, validant ainsi un lien de parenté plus que millénaire. Les deux ancêtres de nos catamarans modernes ont déjà effectué un tour du monde de plusieurs années, achevé en 2017. A bord les dernières technologies vertes côtoient les techniques les plus ancestrales. Chaque coque est ainsi équipée d’un moteur électrique alimenté par des panneaux solaires pour une empreinte carbone nulle. Mais dans le même temps, les équipages se basent sur l'observation des étoiles, du soleil, de la houle et d'autres signes naturels pour déterminer leur position en mer et la direction à suivre.
Haute technologie et navigation à l’estime
Ce voyage autour du Pacifique est prévu durer 42 mois. A l’arrivée, plus de 41 000 milles nautiques auront été parcourus par les deux pirogues. Les chiffres donnent le vertige, surtout en ces temps de restrictions de voyage, avec pas moins de 46 pays et archipels visités, 100 territoires autochtones polynésiens et 345 ports. Les difficultés administratives ne manqueront donc pas, mais les promoteurs de ce fabuleux voyage sont prêts à les affronter tant leur détermination est forte. Ils veulent impérativement alerter le monde entier sur l'importance vitale des océans, revaloriser les savoir-faire indigènes, et en formant de jeunes membres d'équipage, sensibiliser les générations futures aux enjeux environnementaux critiques.
Ecumer le Pacifique
A l’exception notable de l’île de Pâques, l’expédition na manquera aucun territoire qui ait pu être en contact avec la culture Polynésienne. Rejoignant d’abord l’Alaska, les deux navires descendront le long de la côte Ouest de l’Amérique du Nord. Depuis l’Equateur ils rejoindront alors les Galapagos, dernière étape avant les îles de la Polynésie française, archipel qui, rappelons -le, est aussi étendu que l’Europe entière. Ensuite, cap au sud vers la Nouvelle-Zélande et son peuple Maori, puis l’Australie. L’extrémité Ouest du parcours devraient mener les équipages jusqu’en Chine, avant qu’ils ne remontent très Nord le long du Japon, trouver des vents portants vers leur base de départ d’Hawaï. Si ce retour s’effectue comme prévu au printemps 2026, ils seront dans le parfait tempo pour célébrer le 50ème anniversaire du voyage initial d’Hōkūle'a.
La troisième pirogue
Prévoyante au regard des deux années passées de restrictions que nous venons de connaître et dont nous ne connaissons pas la fin la Polynesian Voyaging Society a eu l’idée d’accompagner l’expédition de ses deux navires, d’une troisième pirogue virtuelle. Outre l’objectif de toucher non plus quelques centaines de marins, mais plutôt 10 millions d’internautes à travers le monde. Que les deux voiliers réels puissent naviguer librement ou non, la plateforme virtuelle, « construite » dans la plus pure tradition Hawaïenne et visitable en ligne, poursuivra invariablement sa route, insensible aux tracasseries administratives ou blocages sanitaires en cours. Cela permettra à des millions de navigateurs en herbe de continuer à explorer, chercher, et bénéficier des enseignements liés voyage au fur et à mesure de son avancée.
Mais souhaitons que le voyage réel puisse bien avoir lieu, afin que les 10 à 12 équipiers à bord de chaque bateau sur chacune des étapes jalonnant ce beau parcours, en profitent pleinement. Ils pourront ainsi diffuser au plus grand nombre, leur compréhension des enjeux écologiques, leur meilleure connaissance de leur culture et de leur histoire, soit pour les promoteurs de cette expédition, les bases indispensables pour se construire un avenir meilleur.