Pour accéder à Dinan, il faut déjà passer l’écluse de l’usine marémotrice de la Rance qui n’est accessible qu’à certaines heures. Il faut se rappeler que nous sommes dans la Baie du Mont Saint-Michel, là où les marnages sont les plus élevés en Europe. Même par mortes eaux, il faut calculer pour naviguer dans les parages. A bord d’un bateau à fort tirant d’eau et par vives eaux, il faut redoubler d’attention. Au-delà d’1,60 mètres de tirant d’eau, on ne peut pas s’aventurer dans l’estuaire de la Rance dont l’envasement dissuade bien des plaisanciers et préoccupe les pouvoirs publics riverains. A force de médiatiser l’envasement de la Rance qu’on ne peut pas nier, les plaisanciers voileux hésitent à s’aventurer dans l’estuaire. Il faut dire et rappeler qu’il est praticable par tous les bateaux à moteur et la plupart des quillards.
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Entre l’usine marémotrice et Plouer-sur-Rance qui dispose d’une marina bien équipée et très bien tenue, pas de problème : il suffit de suivre le chenal. Mais de jour exclusivement. De nuit il est toujours possible de se fier aux lumières de Saint-Suliac puis aux phares des voitures qui circulent sur le pont Châteaubriand, mais les balises ne sont pas éclairées et les risques de se prendre un bout des innombrables casiers à casiers à crustacés ou à margattes (nom donné aux seiches) sont permanents. Si la nuit tombe, il est impératif de faire escale à Plouer-sur-Rance sur une bouée d’attente ou dans la marina, car la prochaine écluse, celle de La Hisse, ne fonctionne que de jour. La marina de Plouer est un peu éloignée du village, c’est son seul défaut. On pourrait ergoter en observant que les feux d’entrée sont éblouissants et que le passage est étroit et délicat à cause du courant. Quand le feu passe au vert et signale que le port est ouvert, mieux vaut attendre un petit quart d’heure que le flot se calme.De Plouer à la Hisse, la navigation est compliquée parce qu’elle n’est pas intuitive. Pour faire court, disons qu’il faut suivre le milieu du chenal. Le passage de l’écluse est un moment de joie. Sauf grand vent, aucune difficulté pour entrer dans le sas ou s’amarrer. En sortant de l’écluse, une halte est possible sur un ponton à la marina de La Vicomté-sur-Rance. Ou encore un peu plus loin à La Plaine de Taden équipée d’un quai très facile d’accès. Les méandres se suivent et sont piégeux : il y a des endroits bien tentants, mais profonds de 30 centimètres et si on ne suit pas le balisage, on s’échoue…L’arrivée au port de Dinan est insolite et même incongrue : à bâbord la station d’épuration, à tribord une usine de fabrication de cageots… Il faut sinon fermer les yeux, du moins les ignorer. Encore cent mètres et on a devant soi un paysage de carte postale avec le vieux pont qu’on franchissait il y a encore deux cents ans pour aller de Paris à Brest, avec le viaduc qu’on franchissait il y a encore 170 ans pour aller de Paris à Brest… Nous sommes au port de Dinan, un des plus pittoresques qu’on puisse découvrir. Il a été réaménagé et agrandi ces dernières années. Quand les sanitaires seront modernisés aussi, les plaisanciers seront accueillis dans une marina haut de gamme.
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Pour disposer de l’eau et de l’électricité, il faut prendre un catway du côté Dinan, à tribord. Il y a aussi un quai du côté Lanvallay. Ce n’est pas le même confort, mais c’est gratuit. D’un côté ou de l’autre, on s’amarre sans difficulté car le courant n’est pas bien méchant et le vent rarement violent en ce fond de vallée. Damien le capitaine du port, en plus d’avoir une gueule de jeune premier est accueillant et compétent. On peut en dire autant de Gaël qui le seconde d’avril à octobre. Une gueule de cinéma lui aussi, enfin de vieux loup de mer… Deux marins expérimentés qui, encouragés par Olivier Bobigeat le maire-adjoint, ont transformé le port de Dinan en lieu de promenade pour tous. En prolongement du vieux pont, on peut monter la célèbre rue du Jerzual jalonnée d’échoppes d’artisans et d’artistes. On peut aussi tourner à droite et commencer la visite du port par la découverte des bateaux vintage et des vieilles coques que Vincent a eu l’idée de regrouper l’entrée du port, tout près du pont. Un vrai musée sur l’eau… Ce n’est pas le Port Rhu de Douarnenez quand même, mais c’est une bonne idée. De là, on peut aussi rejoindre l’abbaye de Léhon à un bon quart d’heure de marche sur le chemin de halage. C’est une promenade de tous les jours, de tous les temps. Entre la Fête des Remparts, les Joutes Nautiques, la Course à pied du Défi du Jerzual, les animations ne manquent pas au port de Dinan. Pour les plaisanciers, c’est une charmante escale d’arrière-saison, quand on est moins tenté par les plages et qu’on veut encore naviguer sans s’exposer aux coups de vent.Vous trouverez l'ensemble des informations pratiques pour votre escale à Dinan par
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