Naviguer, pêcher, plonger : ce qu’il faut savoir pour respecter le Parc naturel marin de Martinique

Règlementation
Par Le Figaro Nautisme

Depuis le 5 mai 2017, la Martinique s’est dotée d’un vaste espace de préservation : le Parc naturel marin, créé par décret ministériel après trois années de concertation. Avec ses 48 900 km², il couvre la totalité des eaux territoriales et de la zone économique exclusive (ZEE) française autour de l’île. C’est l’un des plus grands parcs marins de France, et le plus grand de l’Atlantique.

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Depuis le 5 mai 2017, la Martinique s’est dotée d’un vaste espace de préservation : le Parc naturel marin, créé par décret ministériel après trois années de concertation. Avec ses 48 900 km², il couvre la totalité des eaux territoriales et de la zone économique exclusive (ZEE) française autour de l’île. C’est l’un des plus grands parcs marins de France, et le plus grand de l’Atlantique.

Le rôle du parc marin est clair : protéger un patrimoine marin exceptionnel, récifs coralliens, herbiers, espèces emblématiques, tout en conciliant les activités humaines qui font vivre l’île. L’équilibre est délicat, car ici se croisent pêcheurs, plaisanciers, plongeurs, excursionnistes et compétitions nautiques.

Pêche : entre traditions et restrictions

La pêche reste un pilier de l’économie locale. Environ 880 pêcheurs professionnels, principalement à bord de yoles traditionnelles, assurent une production annuelle proche de 1 000 tonnes. Mais cette activité doit composer avec la raréfaction des stocks et la pression des autres usages.
Pour y répondre, trois cantonnements de pêche jouent un rôle essentiel. Ces zones sanctuaires, l’îlet Ramier (Anses-d’Arlet), la baie du Trésor (Trinité) et la zone Vetiver à Case-Pilote, sont totalement fermées à la capture de poissons, crustacés ou coquillages. Elles permettent aux populations marines de se régénérer et servent de réservoirs pour les zones voisines.
La pêche de loisir, très pratiquée par les résidents comme par les visiteurs, est soumise à un encadrement précis. Les captures doivent rester destinées à une consommation personnelle et ne peuvent être revendues. Certaines pratiques sont proscrites : pas de chasse sous-marine avec bouteilles, pas de détention simultanée d’un fusil harpon et d’un équipement respiratoire.
Côté espèces, la liste des interdits est large : coraux, gorgones, éponges, hippocampes, syngnathes, étoiles de mer, requins, raies manta, mérous, balistes royaux ou encore perroquets bleus. Les oursins blancs, autrefois consommés, sont aujourd’hui protégés.
Certaines espèces bénéficient de règles saisonnières. Les langoustes ne peuvent être pêchées du 1er juin au 30 septembre, et les femelles grainées doivent être immédiatement relâchées. Des tailles minimales s’appliquent : 6 cm pour la langouste brésilienne, 8 cm pour la langouste royale. Quant au lambi, emblème culinaire, sa pêche est interdite du 1er janvier au 30 juin. En dehors de cette période, chaque pêcheur de loisir est limité à 3 individus par jour, débarqués entiers avec coquille.
À cela s’ajoutent des zones interdites de pêche pour cause de pollution à la chlordécone, notamment dans la baie de Fort-de-France et plusieurs anses de la côte atlantique. Des panneaux rappellent ces interdictions, mais c’est aux usagers d’être vigilants pour éviter toute consommation à risque.

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Navigation et mouillages : protéger les fonds fragiles

Depuis les années 1980, la plaisance connaît une croissance continue. La Martinique compte désormais plus de 14 000 navires immatriculés, dont près de 12 000 bateaux à moteur et 2 000 voiliers. Un essor qui a stimulé le tourisme nautique mais aussi aggravé les pressions sur l’environnement.
Les ancrages sauvages figurent parmi les principales menaces. Chaque ancre jetée sur un herbier arrache plantes marines et racines, détruisant de véritables nurseries pour poissons et tortues. Pour limiter ces impacts, le Parc déploie progressivement des bouées de mouillage écologiques. Des dispositifs sont déjà prévus autour du Rocher du Diamant, du Cap Salomon ou dans la zone marine du Pothuau. Ces équipements permettent aux bateaux de s’amarrer sans abîmer les fonds et participent à la réorganisation des zones de mouillage les plus fréquentées.
La gestion des eaux usées figure également parmi les priorités. Le rejet des eaux noires et grises dégrade la qualité de l’eau et favorise la prolifération d’algues. Le Parc accompagne donc les plaisanciers pour mieux s’équiper, en encourageant l’installation de cuves adaptées et en organisant des campagnes de sensibilisation.
Enfin, la navigation est soumise aux règles fixées par les Instructions nautiques H5 du SHOM. Les plaisanciers doivent respecter les chenaux balisés, les zones de baignade et éviter les secteurs interdits. Les contrôles se multiplient, notamment lors des périodes sensibles comme l’ouverture de la pêche aux oursins ou la saison des régates.

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Plongée et sports nautiques : concilier découverte et respect

Chaque année, près de 160 000 plongeurs explorent les 106 sites de plongée recensés autour de la Martinique. Les clubs et structures professionnelles, au nombre d’une cinquantaine, participent activement à la sensibilisation. Trois sentiers sous-marins pédagogiques, aux Anses-d’Arlet et au François, ont été aménagés pour découvrir la richesse des récifs tout en apprenant les gestes respectueux.
La réglementation impose des comportements stricts : ne pas toucher les coraux, ne pas prélever de coquillages, éviter de déranger les tortues marines ou les raies. Le Sanctuaire Agoa, qui englobe la Martinique, protège également les cétacés : harcèlement, poursuite ou perturbation volontaire des dauphins et baleines sont interdits.
Les sports nautiques traditionnels ne sont pas oubliés. Le tour des yoles rondes, véritable événement identitaire, attire chaque année des milliers de spectateurs. Le Parc s’associe à la fédération organisatrice pour sensibiliser les équipages et le public : préserver les herbiers, éviter les déchets flottants, limiter les impacts des rassemblements festifs. Un travail de fond est mené pour que tradition et préservation avancent ensemble.

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Trouver un équilibre durable

Le Parc naturel marin de Martinique n’est pas conçu comme une contrainte, mais comme un cadre de cohabitation. Il permet de garantir la pérennité des écosystèmes marins tout en maintenant les activités qui font battre le cœur de l’île.
Cantonnements de pêche, interdictions de capture, tailles minimales, zones interdites, bouées de mouillage écologiques : ces règles parfois strictes sont le prix d’une mer vivante. Elles assurent que tortues, lambis, langoustes et coraux resteront présents pour les générations futures.
Naviguer, plonger ou pêcher en Martinique, c’est désormais aussi participer à la préservation d’un patrimoine fragile. Respecter ces règles, c’est faire en sorte que la mer continue d’offrir ses richesses, non seulement aujourd’hui mais aussi demain.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.