
Le rôle du parc marin est clair : protéger un patrimoine marin exceptionnel, récifs coralliens, herbiers, espèces emblématiques, tout en conciliant les activités humaines qui font vivre l’île. L’équilibre est délicat, car ici se croisent pêcheurs, plaisanciers, plongeurs, excursionnistes et compétitions nautiques.
Pêche : entre traditions et restrictions
La pêche reste un pilier de l’économie locale. Environ 880 pêcheurs professionnels, principalement à bord de yoles traditionnelles, assurent une production annuelle proche de 1 000 tonnes. Mais cette activité doit composer avec la raréfaction des stocks et la pression des autres usages.
Pour y répondre, trois cantonnements de pêche jouent un rôle essentiel. Ces zones sanctuaires, l’îlet Ramier (Anses-d’Arlet), la baie du Trésor (Trinité) et la zone Vetiver à Case-Pilote, sont totalement fermées à la capture de poissons, crustacés ou coquillages. Elles permettent aux populations marines de se régénérer et servent de réservoirs pour les zones voisines.
La pêche de loisir, très pratiquée par les résidents comme par les visiteurs, est soumise à un encadrement précis. Les captures doivent rester destinées à une consommation personnelle et ne peuvent être revendues. Certaines pratiques sont proscrites : pas de chasse sous-marine avec bouteilles, pas de détention simultanée d’un fusil harpon et d’un équipement respiratoire.
Côté espèces, la liste des interdits est large : coraux, gorgones, éponges, hippocampes, syngnathes, étoiles de mer, requins, raies manta, mérous, balistes royaux ou encore perroquets bleus. Les oursins blancs, autrefois consommés, sont aujourd’hui protégés.
Certaines espèces bénéficient de règles saisonnières. Les langoustes ne peuvent être pêchées du 1er juin au 30 septembre, et les femelles grainées doivent être immédiatement relâchées. Des tailles minimales s’appliquent : 6 cm pour la langouste brésilienne, 8 cm pour la langouste royale. Quant au lambi, emblème culinaire, sa pêche est interdite du 1er janvier au 30 juin. En dehors de cette période, chaque pêcheur de loisir est limité à 3 individus par jour, débarqués entiers avec coquille.
À cela s’ajoutent des zones interdites de pêche pour cause de pollution à la chlordécone, notamment dans la baie de Fort-de-France et plusieurs anses de la côte atlantique. Des panneaux rappellent ces interdictions, mais c’est aux usagers d’être vigilants pour éviter toute consommation à risque.

Navigation et mouillages : protéger les fonds fragiles
Depuis les années 1980, la plaisance connaît une croissance continue. La Martinique compte désormais plus de 14 000 navires immatriculés, dont près de 12 000 bateaux à moteur et 2 000 voiliers. Un essor qui a stimulé le tourisme nautique mais aussi aggravé les pressions sur l’environnement.
Les ancrages sauvages figurent parmi les principales menaces. Chaque ancre jetée sur un herbier arrache plantes marines et racines, détruisant de véritables nurseries pour poissons et tortues. Pour limiter ces impacts, le Parc déploie progressivement des bouées de mouillage écologiques. Des dispositifs sont déjà prévus autour du Rocher du Diamant, du Cap Salomon ou dans la zone marine du Pothuau. Ces équipements permettent aux bateaux de s’amarrer sans abîmer les fonds et participent à la réorganisation des zones de mouillage les plus fréquentées.
La gestion des eaux usées figure également parmi les priorités. Le rejet des eaux noires et grises dégrade la qualité de l’eau et favorise la prolifération d’algues. Le Parc accompagne donc les plaisanciers pour mieux s’équiper, en encourageant l’installation de cuves adaptées et en organisant des campagnes de sensibilisation.
Enfin, la navigation est soumise aux règles fixées par les Instructions nautiques H5 du SHOM. Les plaisanciers doivent respecter les chenaux balisés, les zones de baignade et éviter les secteurs interdits. Les contrôles se multiplient, notamment lors des périodes sensibles comme l’ouverture de la pêche aux oursins ou la saison des régates.

Plongée et sports nautiques : concilier découverte et respect
Chaque année, près de 160 000 plongeurs explorent les 106 sites de plongée recensés autour de la Martinique. Les clubs et structures professionnelles, au nombre d’une cinquantaine, participent activement à la sensibilisation. Trois sentiers sous-marins pédagogiques, aux Anses-d’Arlet et au François, ont été aménagés pour découvrir la richesse des récifs tout en apprenant les gestes respectueux.
La réglementation impose des comportements stricts : ne pas toucher les coraux, ne pas prélever de coquillages, éviter de déranger les tortues marines ou les raies. Le Sanctuaire Agoa, qui englobe la Martinique, protège également les cétacés : harcèlement, poursuite ou perturbation volontaire des dauphins et baleines sont interdits.
Les sports nautiques traditionnels ne sont pas oubliés. Le tour des yoles rondes, véritable événement identitaire, attire chaque année des milliers de spectateurs. Le Parc s’associe à la fédération organisatrice pour sensibiliser les équipages et le public : préserver les herbiers, éviter les déchets flottants, limiter les impacts des rassemblements festifs. Un travail de fond est mené pour que tradition et préservation avancent ensemble.

Trouver un équilibre durable
Le Parc naturel marin de Martinique n’est pas conçu comme une contrainte, mais comme un cadre de cohabitation. Il permet de garantir la pérennité des écosystèmes marins tout en maintenant les activités qui font battre le cœur de l’île.
Cantonnements de pêche, interdictions de capture, tailles minimales, zones interdites, bouées de mouillage écologiques : ces règles parfois strictes sont le prix d’une mer vivante. Elles assurent que tortues, lambis, langoustes et coraux resteront présents pour les générations futures.
Naviguer, plonger ou pêcher en Martinique, c’est désormais aussi participer à la préservation d’un patrimoine fragile. Respecter ces règles, c’est faire en sorte que la mer continue d’offrir ses richesses, non seulement aujourd’hui mais aussi demain.
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