À la découverte des îles secrètes du canal du Mozambique

Par Le Figaro Nautisme

Entre Madagascar et l’Afrique, s’étend l’un des couloirs maritimes les plus mystérieux et les plus envoûtants de la planète. Le canal du Mozambique, méconnu et souvent traversé sans être exploré, cache une constellation d’îles isolées où la nature règne encore sans partage. De l’archipel des Quirimbas aux îles françaises d’Europa et de Juan de Nova, jusqu’aux bancs de sable immaculés des Barren, chaque escale semble sortie d’un autre temps. Naviguer ici, c’est s’offrir un voyage rare, entre lagons vierges, navigation d’aventure et émerveillement permanent.

Un couloir d’océan encore sauvage et fascinant

S’étendant sur près de 1 600 kilomètres entre les côtes du Mozambique et l’ouest de Madagascar, le canal du Mozambique forme une mer intérieure, large et profonde, traversée de puissants courants. Peu fréquentée par la plaisance, cette zone reste pourtant un territoire marin d’une beauté saisissante. Les alizés d’est y soufflent régulièrement, les couchers de soleil embrasent l’horizon, et les fonds marins regorgent de vie.

Pour les navigateurs aguerris, c’est une route exigeante mais d’une richesse incomparable. Entre la côte africaine, où les villages de pêcheurs rythment encore la vie au gré des marées, et la côte malgache, plus escarpée et minérale, chaque journée en mer offre un spectacle renouvelé : dauphins joueurs, raies mantas, tortues géantes ou baleines à bosse migratrices croisent dans ces eaux chaudes.

Ce canal, que les marins arabes et portugais sillonnaient déjà au XVIe siècle, conserve encore aujourd’hui cette aura d’inconnu, à mi-chemin entre exploration et contemplation.

Les Quirimbas : un archipel d’une beauté presque irréelle

© AdobeStock


Tout au nord du Mozambique, les Quirimbas s’étirent sur plus de 200 kilomètres, de Pemba à la frontière tanzanienne. Une trentaine d’îles et d’îlots ourlés de sable blanc, bordés de lagons translucides. Ici, la navigation se fait à vue, entre les récifs coralliens et les marées parfois imprévisibles.

Autour d’Ibo, la plus habitée et la plus emblématique, l’ambiance est hors du temps. Ancienne escale coloniale au passé portugais encore visible dans les ruelles et les fortins, l’île vit au rythme des dhows traditionnels. Les pêcheurs réparent leurs filets sous les palétuviers, tandis que les enfants jouent sur la plage au pied des vieilles bâtisses blanchies.

Chaque île a son caractère : Matemo, plus luxuriante, abrite quelques écolodges discrets ; Medjumbe, minuscule bande de sable au milieu du bleu, n’offre rien d’autre qu’un lagon parfait ; Quirimba, elle, dévoile ses mangroves et ses récifs d’un éclat presque fluorescent.

Sous l’eau, les plongeurs croisent mérous géants, tortues, carangues et parfois requins-léopards. Peu de lieux au monde permettent encore de vivre une mer aussi vivante et intacte.

Europa et Juan de Nova : les sentinelles du grand bleu

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Au milieu du canal, isolées à des centaines de milles de toute côte, Europa et Juan de Nova s’imposent comme des sanctuaires de nature à l’état pur. Ces îles françaises, rattachées aux Terres australes et antarctiques (TAAF), sont interdites au tourisme classique. Seuls quelques scientifiques et militaires y séjournent temporairement.

L’approche se mérite : récifs acérés, passes étroites, météo changeante. Mais les rares navigateurs qui ont pu y jeter l’ancre racontent une expérience bouleversante. Europa, immense lagon circulaire ceint d’une barrière corallienne, abrite des milliers de tortues vertes qui viennent y pondre chaque année.

Les oiseaux de mer y forment des colonies denses, les crabes parcourent le sable à perte de vue, et la végétation, luxuriante, dissimule un monde intact.
Juan de Nova, plus petite, semble perdue dans l’immensité bleue. Son lagon intérieur, d’une clarté presque surnaturelle, accueille parfois des requins-citron ou des raies pastenagues. Les épaves de navires échoués rappellent la dureté des navigations d’autrefois, quand les marins s’y abritaient en espérant le passage d’un bâtiment de commerce.

Ces îles sont des repères pour la faune, des balises naturelles au cœur d’un océan où la main de l’homme n’a laissé que peu de traces.

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Les îles Barren : un mirage sur l’eau

Face à la côte ouest de Madagascar, à hauteur de Maintirano, l’archipel des Barren dessine un chapelet de bancs de sable et d’îlots dorés. À marée haute, certains disparaissent presque entièrement, ne laissant qu’un trait blanc à la surface du lagon.

Ce lieu, aussi fragile que fascinant, semble hors du temps. Les pêcheurs vezo y dressent quelques huttes éphémères en branches de palétuvier, et repartent dès que le vent tourne. Les fonds y sont d’une clarté absolue, propices à la plongée libre : bancs de poissons multicolores, coraux en éventail, tortues paressant à quelques mètres du sable.

Le soir, le silence est total. Seuls le clapot de la mer et le souffle du vent rythment les heures. Quand la lune se lève, la mer prend des reflets d’argent et les étoiles semblent flotter jusqu’à l’horizon. Naviguer ici, c’est toucher à une forme de perfection minimaliste, un monde sans bruit, sans trace et sans détour.

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Une navigation exigeante mais inoubliable

Explorer les îles du canal du Mozambique n’est pas un projet anodin. Les distances sont longues, les infrastructures rares et les conditions parfois changeantes. Mais pour les navigateurs qui recherchent l’essentiel, l’expérience dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Ici, on navigue à l’ancienne : lecture du vent, observation du ciel, respect des courants. Les escales ne sont pas planifiées.

Avant de partir, pensez à consulter les prévisions sur La Chaîne Météo Voyage. Pensez également à télécharger l'application gratuite Bloc Marine qui vous accompagnera lors de vos navigations et de vos escales à terre !

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.