Pourquoi certains lacs et rivières sont naturellement colorés ?
Des eaux roses entre micro-organismes et sel
Le rose est sans doute la couleur la plus déroutante pour un plan d’eau. En Australie occidentale, le lac Hillier intrigue depuis sa découverte au 19e siècle. Sa teinte rose vif, stable toute l’année, provient de micro algues et de bactéries halophiles capables de produire des pigments rouges lorsqu’elles évoluent dans des eaux très salées. Le même phénomène s’observe au lac Retba, au Sénégal, où la forte concentration en sel favorise la prolifération de la Dunaliella salina, une algue microscopique dont les pigments varient selon l’intensité du soleil.
Ces lacs roses ne sont pas de simples curiosités visuelles. Ils témoignent d’écosystèmes extrêmes, capables de s’adapter à des conditions que peu d’organismes supporteraient, et rappellent à quel point la vie sait exploiter chaque niche disponible.
Le rouge minéral des rivières anciennes
En Espagne, le Río Tinto coule depuis des millénaires avec une couleur rouge brun presque irréelle. Ici, pas d’algues colorées mais une réaction chimique entre l’eau, les roches riches en métaux et des bactéries spécifiques. L’oxydation du fer, accélérée par l’activité microbienne, donne à la rivière cette teinte qui évoque parfois le sang ou la rouille.
Ce phénomène fascine les scientifiques depuis longtemps, au point que la NASA s’y est intéressée pour mieux comprendre les environnements extrêmes susceptibles d’exister sur Mars. Le Río Tinto est ainsi devenu un laboratoire naturel à ciel ouvert, reliant la Terre aux grandes questions de l’exploration spatiale.
Une rivière aux cinq couleurs en Colombie
En Colombie, le Caño Cristales est souvent surnommé la rivière aux 5 couleurs. Pendant une période bien précise de l’année, lorsque le niveau de l’eau et l’ensoleillement sont idéaux, une plante aquatique endémique, la Macarenia clavigera, transforme le lit de la rivière en un patchwork de rouge, de jaune, de vert, de bleu et de noir.
Contrairement aux apparences, ce spectacle n’est ni permanent ni artificiel. Il dépend d’un équilibre fragile entre saisons sèches et humides, lumière et courant. Un dérèglement de ces paramètres suffit à faire disparaître les couleurs, preuve de la sensibilité extrême de ce milieu naturel.
Des lacs qui changent de teinte selon l’activité volcanique
En Indonésie, les lacs du mont Kelimutu offrent un autre type de métamorphose. Ces 3 cratères voisins affichent des couleurs différentes, turquoise, brun, parfois presque noir, qui évoluent au fil des années. Leur apparence dépend de la composition chimique de l’eau, influencée par les gaz volcaniques, l’oxydation des minéraux et les variations d’activité souterraine.
Pour les populations locales, ces changements sont chargés de symboles et de croyances, chaque lac étant associé à l’âme des défunts. La science y voit quant à elle un indicateur précieux de l’activité volcanique, observé de près pour anticiper d’éventuels risques.
Si ces eaux colorées fascinent autant, c’est parce qu’elles révèlent l’invisible. Derrière chaque teinte se cache un équilibre complexe entre climat, vie microscopique et géologie. Certaines couleurs sont stables depuis des siècles, d’autres apparaissent ou s’intensifient avec les changements environnementaux, notamment la hausse des températures ou la modification des régimes hydrologiques.
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