Bordé de palmiers et d'eaux turquoises, cet atoll minuscule au milieu du Pacifique était autrefois le lieu de vacances favori de la royauté tahitienne. Marlon Brando en était tombé amoureux pendant le tournage en 1961 des "Révoltés du Bounty" et l'avait acheté. Jusqu'à sa mort en 2004, cet îlot fut son refuge, loin de la frénésie d'Hollywood. Le testament de l'acteur stipule que Tetiaroa doit contribuer à la préservation de l'environnement et à l'étude de la biodiversité. C'est pourquoi ce petit paradis abrite aujourd'hui un complexe éco-touristique de luxe baptisé "The Brando", qui attire une clientèle en vue, dont Leonardo DiCaprio, Johnny Depp et Barack Obama.
Ces voyageurs habitués à une vie fastueuse aident à financer des projets de recherche en déboursant jusqu'à 10.000 dollars par nuit pour séjourner dans ce lieu doté notamment d'un restaurant étoilé au Michelin et qui se veut à la fois l'un des plus respectueux de la planète.
Pendant que des stars se prélassent à Tetiaroa ou y cherchent l'inspiration, tel Obama pour ses mémoires, les scientifiques étudient l'évolution de l'acidification des océans et le blanchiment des coraux.
Tumi, la petite fille de l'acteur, gère aujourd'hui la communication de la Tetiaroa Society, une ONG scientifique qui se consacre à la faune marine. "Notre objectif est d'éveiller les consciences, d'abord parmi les gens du pays, parce que nous voulons protéger notre environnement", a confié Tumi à l'AFP. Et "peut-être que les Etats-Unis ou la Chine -- ils me viennent à l'esprit parce qu'ils sont les plus grands pollueurs -- pourront nous imiter" un jour, dit-elle. Quant aux naturalistes du centre de recherche de l'île, ils surveillent le sanctuaire d'innombrables oiseaux tropicaux et tortues. Tetiaroa a aussi été en 2016 au coeur d'une expérience prometteuse contre le virus Zika.
Frank Murphy, directeur exécutif de la Tetiaroa Society que DiCaprio et Depp soutiennent financièrement, estime que Marlon Brando n'aurait pas pu trouver meilleur endroit que Tetiaora pour la recherche écologique. "Nous sommes perchés ici sur un des endroits les plus vulnérables de la Terre", c'est une sorte de laboratoire pour les questions de changement climatique, dit-il. "On ferait bien de faire de notre mieux pour comprendre ce qu'il se passe. Les phénomènes El Nino des vingt dernières années nous donnent un aperçu de ce qui nous attend".