Thomas Coville qui s’impose une escale technique, Armel Le Cléac’h qui opte pour une route qui protège : l’heure est à la maîtrise. N'hésitez pas à consulter le dossier spécial ARKEA ULTIM CHALLENGE pour connaître les détails de ces évènemments.
D’ici la fin d’après-midi de ce mercredi, Sodebo Ultim 3 abattra sa grand-voile dans l’embouchure profonde de la Derwent, le fleuve qui abreuve Hobart, à la pointe sud-est de la Tasmanie. Commencera alors l’escale technique de 24 heures minimum, plus le temps de se mettre à la panne, de signifier le point GPS du début d’escale, puis plus tard le temps de remise en route du bateau.
Le cœur gros, mais avec raison, Thomas Coville racotait la situation hier soir : « On va s’arrêter à Hobart en Tasmanie. Par rapport à la sécurité, aller sur la plage avant, ne plus avoir le filet bâbord, c’était très engagé. Et puis il y a les manipulations que je suis obligé de faire pour aller hooker (caler) les foils et les déhooker à chaque fois le long du flotteur. Les interventions sont très engagées quand il y a de la mer. Je ne me sens pas capable d’engager tout le Pacifique comme ça. On a donc pris la décision avec mon équipe de s’arrêter et faire une escale technique. Cela doit durer minimum 24 heures mais, malheureusement, il y a deux énormes dépressions qui arrivent et peuvent nous bloquer à quai plus longtemps ».
Les fichiers évoluant rapidement dans cette zone du pôle sous influence, peut-être Sodebo aura-t-il rapidement une fenêtre pour repartir. Assurément, le retour en mer sera engagé. Une fois sa décision prise, Thomas a jugé bon de partager l’information avec Armel Le Cléac’h : « J’avais besoin de le prévenir de mon intention de m’arrêter. Car dans notre sport, un peu comme en montagne, on a cette manière de penser, cette philosophie, cette obligation de porter assistance à quelqu’un qui serait en danger aux alentours. Alors quand on est en course, bien souvent c’est votre concurrent le plus direct qui est votre « angel » : la personne qui serait susceptible de venir sur zone ».
« Angel » lui aussi, malgré ce que peut suggérer son surnom, le Chacal a prévenu hier après-midi son intention d’entrer dans l’océan Pacifique en passant par le détroit de Bass, qui sépare (ou joint, c’est selon) l’île-continent qu’est l’Australie et la Tasmanie. Ce choix lui permettra de ménager son Maxi Banque Populaire XI, tandis que la météo vire à la tempête : « La météo se dégrade fortement avec un front qui se creuse et qui va durer plusieurs jours (…) Pour éviter de traverser une zone très dangereuse, nous sommes en train de voir si on peut passer entre la Tasmanie et l’Australie dans le détroit de Bass. On pourrait aussi dépasser la Nouvelle-Zélande par le Nord. Certes, ça va nous rallonger la route, mais c’est le prix à payer pour ne pas prendre de risque, préserver le bateau et continuer avec sérénité ». Si ce plan devait être déroulé dans les heures à venir, il signifierait le retour rapide aux conditions de terres habitées : « Il y a des îles, des cailloux, des plateformes pétrolières, il faudra faire attention ».
Tout là-bas
Loin devant, Charles Caudrelier poursuit son cavalier seul dans des conditions qui, jusqu’à présent, ne lui ont jamais été vraiment défavorables. Longeant la zone des glaces, le Maxi Edmond de Rothschild cavale à plus de 30 nœuds à travers le Pacifique, avec la complicité des dépressions qui circulent sur sa route. Le leader devrait franchir la longitude du point Nemo dans les 24 heures ; le cap Horn est à 2400 milles environ. À l’autre bout des mers du sud, Actual se fraie un chemin vers les îles Kerguelen dans une situation météo un peu différente de celle attendue : deux centres anticycloniques sont en train de fusionner, qui pourraient freiner la trajectoire d’Anthony Marchand et, dans une moindre mesure, celle d’Éric Péron.
Source : ARKEA ULTIM CHALLENGE