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Pourquoi la mer est-elle l’un des sujets favoris des écrivains ? Fiction ou documentaire, l’histoire du livre est jalonnée de voyages héroïques par-delà les mers. Ainsi notre imaginaire commun est peuplé de splendides traversées, de récits où se mêlent liberté et danger. Sur ces immensités mouvantes, l’homme parait si chétif et vulnérable. La mer est source de tous les fantasmes, de sentiments contrastés qui offrent autant de sujets d’écriture. « Elle a longtemps été considérée comme un élément hostile. Au bout des portulans, avant les cartes, les bateaux étaient susceptibles de tomber dans des tréfonds infinis peuplés de bestiaux immondes. Prendre la mer dans ces conditions était au-delà de l’audace », explique Fabien Clauw, auteur des aventures de Gilles Belmonte. La saga en dix opus (éditions Paulsen) dont le numéro sept paraitra en septembre, relate les aventures d’un mousse de 13 ans qui va prendre du galon à la charnière des 18e le 19e siècles, période riche et mouvementée de notre histoire.
« Le plus beau livre de mer jamais écrit »
Très jeune, Fabien Clauw s’est nourri d’ouvrages inspirants. Il nous livre ici son trio de tête. « Tout en haut de la pile, je place Le voyage de Damien de Gérard Janichon. Le plus beau livre de mer jamais écrit ». L’histoire vraie de deux amis, l’auteur et Jérôme Poncet, partis de La Rochelle en 1969 pour un tour du monde à la voile qui durera cinq ans. Un récit d’aventure palpitant du Grand Nord à l’Antarctique et une ode à l’amitié. « Janichon est un formidable poète… Une référence à placer entre toutes les mains. » La version en bande dessinée est parue en début d’année, avec l’illustrateur Vincent. Fabien Clauw poursuit ses recommandations avec Corsaire de la République de Louis Garneray. « Ce grand ami de Robert Surcouf est le genre de personnage qui a vécu vingt vies. Il montre des talents de narration, présente un récit factuel bourré d’humour. C’est une fenêtre sur l’histoire de France, un récit pétri de panache, de bravoure. » L’auteur conseille aussi Mémoires salées d’Olivier de Kersauzon, « le meilleur de sa production à mes yeux ». Le marin médiatique, encore jeune et idéaliste, porte un regard incisif sur son tour du monde avec Éric Tabarly. « Il présente la course au large des débuts, avec des concurrents dépenaillés au possible, qui faisaient la nique aux Anglais. » Un texte bourré d’humour, poétique, un beau récit de mer, d’amitié, de fraternité et d’équipage.
Difficile de ne pas citer La longue route de Bernard Moitessier. Engagé sur le Golden Globe Challenge de 1969, l’ancêtre du Vendée Globe, le marin vire en tête au Cap Horn et décide contre toute attente de quitter la course et « de poursuivre sa route pour sauver son âme ». « Oui c’est un splendide marin qui ne s’est jamais trahi. Mais cela reste le parcours d’un homme seul. Il n’y a pas plus égoïste que Bernard Moitessier », estime Fabien Clauw qui laisse l’ouvrage au pied du podium.
Chasseur de trésors littéraires
Après une carrière d’ingénieur dans le Berri et à Paris, Dominique Nozières a décidé de suivre les préceptes de Confucius : « Choisis un métier et tu ne travailleras plus jamais ». En 1998, il ouvre une librairie ancienne à Rochefort, dans cette ville tournée vers la marine. « Je me suis installé tout près du chantier de l’Hermione. » Passionné d’ouvrages anciens, Dominique se considère désormais comme « un chasseur de trésors ». Sa vie professionnelle est faite de rencontres, de visites de maisons et de châteaux, à l’affut des bibliothèques qui changent de mains. Dans ses rayons, on trouve des ouvrages du XVIIe jusqu’à nos jours. « Des livres que j’estime et que j’aimerais partager, je pourrais en citer 200… ». En voici une quintessence actuelle, destinée à tous.
Le libraire a beaucoup apprécié l’ouvrage d’Hugo Verlomme Coup de folies en mer. Une trentaine de récits réels extraordinaires plus ou moins longs, à picorer. « Des histoires ahurissantes et pourtant bien réelles comme cette transcription d’une conversation entre un porte-avion américain et un gardien de phare espagnol. Le premier ordonnant au second de dévier sa route de 15°… » Un ouvrage paru aux éditions Arthaud, une référence en matière de littérature marine. L’invasion de la mer est le dernier roman de Jules Verne. « Une écofiction qui résonne avec les sujets d’actualité, quand la technologie se confronte aux intérêts des populations... » Un petit livre méconnu que l’on peut aborder à tout âge.
Les éditions Paulsen ont récemment édité un texte inédit de Robert Louis Stevenson Le journal de la construction d’un phare. Le grand-père de l’auteur du célébrissime L’île au trésor, avait entrepris de construire un phare au large de l’Écosse. Le livre raconte l’histoire vraie de cette entreprise collective. Dominique Nozières apprécie aussi le style de Jacques Perret, un auteur trop oublié. Selon lui, il faut lire Rôle de plaisance « un texte poétique, une langue jubilatoire pour raconter les aventures de deux amis qui font des ronds dans l’eau ». Le Rochefortais d’adoption ne pouvait omettre de citer Pêcheur d’Islande de Pierre Loti. Ce fut le plus grand succès littéraire de l’auteur dont on célèbre le centenaire de la disparition.
Qu’on la lise ou qu’on la prenne, la mer est une source d’évasion infinie…
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