Les moyens du bord : l'indispensable, l'utile et le superflu !

Culture nautique
Par Jean-Yves R?guer

La Pointe du Raz, redoutable même par temps calme ©Jean-Yves Réguer

On embarque beaucoup de choses sur un bateau. On en emporte trop, le plus souvent. On commence par se munir de l’indispensable : le matériel de sécurité. La liste en est précise, mise à jour par les Affaires maritimes et disponible dans le Bloc Marine notamment. On inventorie et on se procure aussi l’utile : cordages, lunettes de soleil, jumelles, sac étanche, outillage, pare-battages, lampe-torche, couteau et tire-bouchon bien sûr, surtout s’il n’y en a pas sur le couteau. Un inventaire à la Prévert… C’est bien tant qu’on reste en mesure de retrouver tout ce qu’on a embarqué. Dans un petit bateau, en général, tout est en vrac dans un coffre. Dans un bateau plus grand, quand il y a plusieurs coffres, des placards et ce qu’on appelle joliment des équipets, ils sont en général, tous pleins. De l’indispensable et réglementaire, de l’utile et jusqu’au superflu. Des manilles, tous les bateaux en sont pourvus et de toutes tailles, mais il faut reconnaitre qu’elles ne servent pas toutes bien souvent. Des couteaux, il en faut un par personne, pas plus. Une, allez deux lampes-torches, parce qu’elles ne s’allument pas toujours quand on en a besoin. Une paire de jumelles, une corne de brume, une pompe à carburant, une nourrice au cas où, et un bidon d’huile moteur parce qu’on ne sait jamais… Un moteur pour l’annexe qu’on ne sort pas souvent et qui sans doute ne démarrera pas le jour où il aurait pu servir, ce qui n’est pas grave car on ne va pas loin et que les avirons sont à poste. Combien de moteurs n’ont jamais démarré que dans le garage… S’il n’est pas entretenu avec soin et mis en route de temps à autre, le moteur de l’annexe ne sera pas fiable. Autant ne pas l’embarquer à moins d’avoir à faire des navettes.

Alimentaire

Maintenant, le rayon alimentation. Il y en beaucoup trop, sauf pour ceux qui se lancent dans de grandes traversées dont on ne connait pas bien la fin. Mais pour les sorties à la journée et les croisières de quelques jours, on en prend en général bien plus qu’il n’en faut. Packs d’eau minérale alors qu’on en trouve dans tous les ports. Caisse de vin rouge bien que les taches qu’il fait soient difficiles à ravoir sur le gelcoat. Caisse de vin blanc si on prend des maquereaux. Caisse de rosé parce que c’est un vin de bateau. Packs de bières pour tous les goûts, jus de fruits de toutes les couleurs. Caisse de champagne parce qu’il se trouve toujours quelque chose à fêter… Plus des conserves, des œufs, de l’huile et surtout du beurre. En général, les trois-quarts des provisions reviennent au port parce que sur les autres bateaux, ils ont prévu aussi. Au bout du bout, cela fait beaucoup et cela fait du poids, l’ennemi de tout moyen de transport, surtout ceux qui flottent. Il faut se rappeler que les caisses isothermes ne sont efficaces qu’une petite journée s’il ne fait pas trop chaud et que les réfrigérateurs de bateau sont capricieux : trop froids, pas assez froids, gourmands en électricité sur du 12 volts. On jette encore plus de nourriture sur un bateau qu’à terre, personne ne peut en disconvenir et tout ça par peur de manquer…

Répertorier

Donc, sur un bateau, on en prend trop. Tout le monde est d’accord sur ce point, mais personne n’est d’accord sur ce qu’il faut laisser à terre. Alors le meilleur moyen de s’entendre est d’abord de tout noter le moindre objet embarqué et de lui trouver un emplacement définitif. Noter par ordre alphabétique tout ce qui entre dans le bateau. C’est très facile avec un téléphone portable. Si vous notez « jumelles », le mot trouvera sa place tout seul entre « jeu de cartes » et « lampe torche ». Noter aussi en face de chaque objet désigné une place qu’il doit retrouver impérativement chaque fois qu’il en est sorti.

Ainsi à bord où on a peu de moyens parce qu’on vit dans un espace restreint, on trouvera les moyens du bord sans avoir à tout mettre sans-dessus-dessous chaque fois qu’on en a besoin. 

Nautisme Article
À la Pointe du Raz, les courants de marée creusent les mers calmes© Jean-Yves Réguer

Les choses peuvent aussi se mettre sans-dessus-dessous parce que la mer s’est formée plus vite et plus fort qu’on ne l’avait prévu. Sur une puissante vedette de 12 mètres, un plaisancier a voulu passer près de la Ponte du Raz à mi-marée, au moment où les courants se rencontrent. C’est un marin expérimenté qui navigue dans les difficiles parages de Paimpol et des Héaux de Bréhat où la mer se creuse pour peu que les courants et le vent soient contraires.  Ce jour-là, à l’approche de la Pointe du Raz, la mer est belle et la brise légère. Entre la pointe et la roche de Gorebella qui porte de phare de la Vieille, il y a bien assez de fond pour passer. Mais quand on passe par gros coefficient de marée, et à certaines heures, il faut considérer qu’on descend d'un étage ! On peut passer, amis dans quelles conditions…  Notre ami, marin trop confiant ou plutôt trop intrépide cette fois, a pu refaire l’inventaire de ce qu’il avait embarqué : tout est descendu sur le plancher du cockpit et des cabines, à commencer par les enfants qui somnolaient dans leur couchette…

Ils ne se sont pas fait bien mal, et heureusement si on peut dire, qu’ils se sont affalés, car les parents s’en sont préoccupés et ont relativisé les dégâts causés par la confiture et les autres denrées tombées du frigo…

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…