La Santa María, la Niña et la Pinta : les voiliers de Christophe Colomb qui ont changé l’histoire

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

Le 3 août 1492, trois navires quittent le petit port andalou de Palos de la Frontera sous le commandement d’un marin génois persuadé qu’il atteindrait l’Asie par l’ouest. Ces trois voiliers, la Santa María, la Niña et la Pinta, allaient entrer dans la légende. Ensemble, ils traversèrent un océan encore inconnu, découvrant un continent que l’Europe ignorait. Leur destin, entre gloire, aventure et tragédie, demeure l’un des épisodes les plus fascinants de l’histoire maritime.

Réplique de la Santa Maria ©Wikipédia
Le 3 août 1492, trois navires quittent le petit port andalou de Palos de la Frontera sous le commandement d’un marin génois persuadé qu’il atteindrait l’Asie par l’ouest. Ces trois voiliers, la Santa María, la Niña et la Pinta, allaient entrer dans la légende. Ensemble, ils traversèrent un océan encore inconnu, découvrant un continent que l’Europe ignorait. Leur destin, entre gloire, aventure et tragédie, demeure l’un des épisodes les plus fascinants de l’histoire maritime.

La Santa María : le navire amiral d’une expédition audacieuse

La Santa María était le plus imposant des trois navires de l’expédition. Construite probablement à Pontevedra, en Galice, c’était une nao, un navire de commerce espagnol à coque ronde et large, conçu pour le transport de marchandises lourdes. Longue d’environ 25 mètres et large de huit, elle jaugeait près de 100 tonneaux. Avec ses trois mâts et ses voiles carrées, elle n’était pas la plus maniable, mais offrait une stabilité précieuse sur les longues traversées.
Christophe Colomb choisit d’en faire son navire amiral, bien qu’elle n’appartînt pas à lui mais à Juan de la Cosa, célèbre navigateur et cartographe. À son bord, une quarantaine d’hommes embarquèrent, parmi lesquels des marins de Palos, des interprètes, un chirurgien, et même un mousse d’à peine douze ans. C’est sur la Santa María que Colomb tint son journal de bord et inscrivit, le 12 octobre 1492, l’observation des premières terres du « Nouveau Monde ».

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Construction du fort La Navidad, a partir du bois de La Santa Maria© Wikipedia


Mais la gloire du navire fut de courte durée. Le 24 décembre, alors que l’équipage célébrait la Nativité, la Santa María s’échoua sur un récif près de l’actuelle Haïti. Incapable de la dégager, Colomb fit démonter le navire et utilisa son bois pour bâtir un petit fort, La Navidad, première implantation européenne dans les Amériques. L’épave, ensevelie depuis cinq siècles, n’a jamais été retrouvée malgré de nombreuses expéditions sous-marines.

La Niña : la caravelle fidèle et rapide

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Replique de la Nina© Wikipedia


La Niña, de son vrai nom Santa Clara, appartenait à la famille Niño, de Moguer, d’où son surnom. C’était une caravelle typiquement portugaise, fine, rapide et légère, conçue pour la navigation côtière mais capable de grandes traversées après quelques ajustements. Avant l’expédition, Colomb fit remplacer ses voiles latines par des voiles carrées afin d’affronter plus efficacement les vents de l’Atlantique.
Avec ses 20 mètres de long et son équipage d’environ 25 hommes, la Niña fut sans doute le navire le plus performant du trio. Elle se montra stable, résistante et remarquablement manœuvrable. Après le naufrage de la Santa María, Colomb la désigna comme son nouveau vaisseau amiral. C’est donc sur son pont qu’il rentra en Europe au terme d’un voyage éprouvant, affrontant une tempête violente au large des Açores avant de se réfugier au Portugal, épuisé mais victorieux.
La Niña participa ensuite au deuxième voyage de Colomb en 1493, transportant colons et vivres vers les Antilles. On la retrouve encore dans des registres de Séville en 1498, engagée dans le commerce avec les îles, avant que sa trace ne se perde. Sa réputation, en revanche, resta intacte : pour Colomb, c’était « le plus fidèle et le plus rapide des navires qu’il ait commandés ».

La Pinta : la première à apercevoir le Nouveau Monde

La Pinta était commandée par Martín Alonso Pinzón, un marin respecté de Palos, qui finança même une partie de l’expédition. Plus rapide que la Santa María et plus spacieuse que la Niña, cette caravelle combinait vitesse et robustesse, avec ses 21 mètres de long et ses trois mâts.
C’est à son bord que Rodrigo de Triana, un marin de l’équipage, cria le premier « Terre ! » à l’aube du 12 octobre 1492. L’histoire retient cet instant comme le moment où l’Europe posa symboliquement le regard sur un continent inconnu. Mais la Pinta eut un parcours plus mouvementé que ses compagnes : son capitaine, en désaccord avec Colomb sur la route à suivre, prit la liberté de naviguer seul vers Cuba, puis Haïti, avant de retrouver le reste de la flotte.
Revenue en Espagne quelques jours avant Colomb, la Pinta arriva au port de Bayonne en mars 1493. Son équipage, affaibli par la maladie, dut être mis en quarantaine. On perd ensuite sa trace dans les années qui suivirent, probablement démantelée après avoir servi quelques années encore dans le cabotage local.

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Replique de la Pinta

Trois destins pour une même épopée

La Santa María, la Niña et la Pinta symbolisent à elles seules l’esprit de découverte du XVe siècle : des embarcations modestes, en bois de chêne ou de pin, menées par des marins qui ignoraient tout des dangers de l’océan. Leur traversée de 1492 changea la perception du monde connu et marqua le début de l’expansion européenne vers les Amériques.
Derrière l’image romantique de l’exploration, ces navires rappellent aussi les limites techniques de l’époque : absence de cartes précises, instruments rudimentaires, conditions de vie éprouvantes. Les hommes dormaient sur le pont, partageant l’espace avec les provisions, et se nourrissaient de biscuits secs, de lard et de vin. L’expédition de Colomb fut à la fois un exploit et une épreuve humaine.

Héritage et répliques modernes

Aujourd’hui, les trois navires continuent de fasciner historiens et passionnés de mer. Des répliques fidèles de la Santa María, de la Niña et de la Pinta ont été construites pour commémorer les 500 ans du voyage de Colomb en 1992. Ces copies naviguent ou sont exposées dans différents ports : Huelva, Palos de la Frontera, Séville, ou encore à Saint-Domingue, où la Santa María est honorée comme le symbole de la première rencontre entre l’Europe et le Nouveau Monde.
Au-delà de leur aspect légendaire, ces navires racontent le courage, la curiosité et les contradictions d’une époque où le monde bascula dans la modernité. Leur mémoire flotte encore, portée par le vent de l’histoire.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.