
Un archipel sous haute protection
Situé à une vingtaine de kilomètres au large de Vilankulo, l’archipel de Bazaruto se compose de cinq îles principales : Bazaruto, Benguerra, Magaruque, Santa Carolina et Bangue. Depuis 1971, il bénéficie du statut de parc national marin, aujourd’hui étendu sur plus de 1 400 km2. Ce cadre protégé vise à préserver la diversité exceptionnelle d’un écosystème où cohabitent récifs coralliens, mangroves, dunes et herbiers marins.
C’est ici que subsiste la dernière population viable de dugongs de l’océan Indien occidental, une espèce menacée que les biologistes surveillent étroitement. Cinq espèces de tortues marines viennent également y pondre chaque année, tandis que les eaux cristallines abritent une multitude de poissons tropicaux, de raies manta et de requins léopards.
Les mesures de conservation imposent un encadrement strict du tourisme et de la pêche. Les licences sont limitées, les opérateurs agréés, et la pratique du « catch and release » (capture et remise à l’eau) est devenue la norme. Cette gestion rigoureuse a permis à Bazaruto de rester un modèle d’équilibre entre activité économique et préservation de la biodiversité.
Le royaume du marlin
Les pêcheurs du monde entier viennent ici pour une seule raison : affronter le marlin, symbole absolu de la pêche au gros. Ces poissons majestueux, noirs ou bleus, fréquentent les eaux profondes qui bordent le canal du Mozambique. Les reliefs sous-marins, très marqués, permettent d’atteindre des fonds de 100 m à seulement quelques milles des côtes.
Les saisons de pêche s’étendent de septembre à mars, avec des pics d’activité au cœur du printemps austral. Les marlins noirs dépassent fréquemment les 300 kg, et un spécimen record de 585 kg a même été capturé ici en 1998. Les techniques varient selon la météo et les courants : traîne lourde, appâts vivants ou leurres artificiels, toujours dans le respect des règles environnementales.
Au-delà des marlins, les pêcheurs croisent aussi thons jaunes, wahoos, espadons voiliers et carangues géantes. Les eaux du canal abritent une concentration unique de grands pélagiques, nourris par les remontées d’eau froide riches en nutriments. Ces conditions en font un terrain d’entraînement prisé pour les compétitions internationales.

Entre tourisme raisonné et nature intacte
Si la pêche reste la vitrine de Bazaruto, l’archipel attire aussi les amateurs de nature et de plongée. Les eaux peu profondes des lagons dévoilent des récifs colorés et des jardins de coraux intacts. Les sites de Two Mile Reef et de Five Mile Reef sont parmi les plus réputés pour observer les tortues, les poissons-papillons et les raies tachetées.
À terre, les îles offrent un décor saharien : dunes mouvantes, cocoteraies et villages de pêcheurs vivant encore de la mer. Les lodges, souvent construits en matériaux naturels, privilégient un confort discret et une intégration paysagère totale. L’électricité solaire et le dessalement de l’eau de mer témoignent d’un tourisme haut de gamme mais respectueux.
Les biologistes et ONG locales collaborent avec les opérateurs pour sensibiliser les visiteurs aux enjeux environnementaux : protection des coraux, lutte contre la pollution plastique et suivi des tortues marines. C’est cette coopération entre scientifiques, habitants et professionnels du tourisme qui garantit la pérennité du site.
Un défi sportif dans un cadre sauvage
Naviguer à Bazaruto n’a rien d’anodin. Les alizés du sud-est peuvent lever une houle longue et puissante, rendant certaines journées de pêche particulièrement physiques. Mais cette difficulté participe à la légende du lieu. Les skippers, souvent mozambicains, connaissent par cœur les passes, les dérives et les changements de courant.
La proximité du grand large permet d’accéder rapidement aux zones de pêche, tout en gardant le rivage en vue. Cette combinaison rare de sécurité et d’efficacité séduit les pêcheurs chevronnés qui cherchent à conjuguer performance et dépaysement total.
L’expérience se poursuit souvent à terre, autour d’un barbecue de poissons frais, face au coucher du soleil sur les dunes. Bazaruto, c’est ce mélange unique de sport, de nature et de silence, un équilibre fragile que les autorités tentent de préserver face aux convoitises touristiques croissantes.
L’archipel de Bazaruto est plus qu’un spot de pêche : c’est une vitrine de ce que peut être le tourisme marin durable. Entre science et passion, il rappelle que la mer reste un territoire de respect et d’apprentissage. Ceux qui y viennent pour capturer un marlin repartent souvent avec bien plus qu’un trophée : une leçon d’humilité face à la beauté intacte de l’océan Indien.

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.
vous recommande