Nos herbiers sur la bonne voie
Même si l’on estime qu’un tiers des herbiers de posidonie ont disparu depuis les années 50, avant qu’ils n'aient été correctement protégés des dégradations humaines, la Méditerranée en compte encore plus d’un million et demi d’hectares (15 000 km2). Et d’après les dernières cartographies réalisées, nos fonds côtiers français abritent à eux seuls quelque 78 934 hectares de prairies sous-marines. Un écosystème qui sert d’habitat et de lieu de reproduction à près de 1000 espèces animales et 400 espèces végétales.
Une protection devenue réalité
La route aura été bien longue pour que la protection des herbiers devienne une réalité. La plante marine est officiellement protégée depuis 1976, mais il aura fallu attendre 2020 pour que des arrêtés d'interdiction de mouillage pour les navires de plus de 24 mètres soient effectivement mis en place. Et ces mesures se sont bien concrétisées : fin 2024, le tribunal maritime de Marseille reconnaissait pour la première fois un préjudice écologique d'atteinte à l'herbier de posidonie. Deux capitaines de navires de plaisance, à l'origine de dégradations occasionnées par leur mouillage, étaient condamnés au paiement d’indemnités compensatoires face à une perte de valeur écosystémique.
Des réimplantations qui fonctionnent
Plusieurs programmes de réimplantation, dans des zones où les herbiers avaient été particulièrement endommagés, ont été mis en place. Le programme REPIC (REstaurer la Posidonie Impactée par les anCres), lancé en 2019 par Andromède Océanologie et L’Œil d’Andromède, en partenariat avec l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et le groupe NAOS, vise ainsi à restaurer les herbiers endommagés. Les biologistes marins se font jardiniers, en récoltant des faisceaux de posidonie arrachés, par les ancres ou naturellement, et les repiquent un par un en les maintenant à l’aide d’agrafes métalliques biodégradables. Et ça fonctionne, puisque le taux de survie des transplants peut atteindre 95% !
La résilience des herbiers
Nos herbiers, lorsque la qualité de l’eau s’améliore, lorsque les perturbations anthropiques diminuent et leur en laissent la possibilité, sont capables de faire preuve de résilience. Dans des zones dégradées, les plantes épargnées peuvent, lentement, gagner à nouveau du terrain, recoloniser peu à peu des fonds désertés et reconstruire un écosystème riche et sain. Mais il arrive aussi, comme c’est actuellement en baie de Marseille, que des patchs isolés apparaissent dans des zones nouvelles, sans aucune intervention humaine. Ces petits jardins sous-marins se développent sans doute sur d’anciennes mattes mortes, recréant peu à peu des îlots de vie. On peut imaginer qu’ils vont continuer à s’étendre pour finalement se rejoindre et créer à terme de véritables prairies sous-marines.
Reste à chacun d’entre nous, plaisancier ou professionnel, à choisir ses zones de mouillage pour poursuivre des efforts de préservation qui portent désormais leurs fruits.
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