Plongeons sauvages : un saut, un risque, parfois une vie brisée

Plongée
Par Le Figaro Nautisme

C’est un geste qui fascine, attire, impressionne. En bord de mer, en rivière ou au pied d’une falaise, les plongeons sauvages sont devenus, pour beaucoup de vacanciers, un rite de passage estival. Monter sur un rocher, s’élancer dans le vide, sentir l’air siffler avant de percuter l’eau – en apparence, rien de plus grisant. Pourtant, sous l’euphorie se cache un danger réel : même à hauteur modérée, un saut mal préparé peut avoir des conséquences lourdes, voire dramatiques.

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C’est un geste qui fascine, attire, impressionne. En bord de mer, en rivière ou au pied d’une falaise, les plongeons sauvages sont devenus, pour beaucoup de vacanciers, un rite de passage estival. Monter sur un rocher, s’élancer dans le vide, sentir l’air siffler avant de percuter l’eau – en apparence, rien de plus grisant. Pourtant, sous l’euphorie se cache un danger réel : même à hauteur modérée, un saut mal préparé peut avoir des conséquences lourdes, voire dramatiques.

À partir de 5 mètres, le corps frappe l’eau à environ 30 km/h. Si la posture est mauvaise, si l’angle est mal maîtrisé ou si le fond réserve une surprise, l’impact peut provoquer contusions, fractures, voire lésions internes. Au-delà de 10 mètres, les risques se multiplient : atteintes vertébrales, traumatismes pulmonaires, hémorragies. Et passé 15 mètres, on n’est plus dans le loisir, mais dans un niveau de risque qui exige une préparation physique et technique poussée. Pourtant, chaque été, les services de secours constatent la même réalité : des blessures graves, parfois irréversibles, dans des lieux non surveillés, sans encadrement ni reconnaissance préalable du site.

Accidents récents : des blessures graves, parfois la mort
Les faits divers récents rappellent à quel point un plongeon sauvage peut mal tourner. Le 21 juin 2025 à Saint Martin d’Ardèche, un jeune de 17 ans est mort après un plongeon depuis une falaise d'environ 15 mètres peu avant 22 h. Les secours n’ont retrouvé le corps qu’à plusieurs kilomètres en aval. L’enquête a confirmé un arrêt cardio-respiratoire suite au choc à l’entrée dans l’eau.
Cet événement tragique s’intègre dans une série de trois noyades signalées entre juin et août 2023 dans cette même zone prisée de baignade. Ces incidents soulignent les dangers fréquents liés à la méconnaissance du terrain ou à l’insouciance.
Témoignage d’un accident sérieux : fractures et paralysie temporaire
Le témoignage relayé par TF1 en juillet 2025 concerne Louise, qui a sauté d’un rocher à 15 mètres en bord de mer, zone interdite à Marseille. Elle s'est brisé deux vertèbres, a porté un corset pendant plusieurs mois et, depuis, appelle à la prudence via les réseaux sociaux. Elle souligne que même en présence de fond, la simple réception maladroite suffit à provoquer des lésions irréversibles.
Le même reportage évoque un autre cas : un homme d’une vingtaine d’années ayant sauté de 30 mètres a subi un hématome aux deux poumons et crache du sang à l’arrivée à l’hôpital. Le médecin prévient : ce type de plongeon relève d’un niveau professionnel. Pourtant, il voit chaque semaine des plongeurs blessés arrivant aux urgences, souvent des vacanciers sans préparation ni entraînement

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Un impact à 5 mètres suffit à blesser
Même si la tentation est forte, il ne faut jamais sous-estimer l’effet de l’impact. Contrairement à une idée reçue, l’eau ne « cède » pas facilement : à grande vitesse, elle se comporte presque comme une surface solide. À 5 mètres, une entrée mal gérée - sur les fesses, le dos, ou pire, la tête - peut entraîner une paralysie temporaire du diaphragme, une perte de connaissance ou des blessures musculaires et osseuses. À partir de 10 mètres, on dépasse les 50 km/h à l’impact : sans maîtrise technique, les conséquences peuvent être sévères. Et même quand la réception est bonne, le fond peut surprendre : rocher non visible, courant piégeur, obstacle flottant... autant de variables impossibles à anticiper sans exploration préalable.

À l’échelle européenne, les données précises sur les accidents liés aux plongeons en milieu naturel - souvent appelés cliff jumping - restent très lacunaires. Les rares études techniques estiment qu’un saut de 6 mètres génère une vitesse d’impact proche de 40 km/h, avec un risque élevé de traumatisme au dos ou aux poumons en cas de mauvaise réception. Mais aucun recensement officiel récent, ni en France ni en Europe, ne permet aujourd’hui de quantifier précisément les blessures ou décès liés à cette pratique. Les seuls éléments disponibles sont des témoignages ou des faits divers relayés localement, sans consolidation nationale.

Conseils pour sauter sans se blesser
1. Sonder systématiquement la zone : la profondeur réelle, l’absence d’obstacles, la nature du fond doivent être connus avant chaque saut. À titre d'exemple, la profondeur minimale recommandée pour un plongeon de 5 mètres se situe entre 4 et 5 mètres.
2. Privilégier un saut pieds en premier, droit comme un piquet, sans acrobatie ni rotation, sauf si l’on est formé à ces figures.
3. Ne jamais sauter seul : en cas de malaise ou de blessure, une présence à terre peut faire toute la différence.
4. Éviter alcool et désinhibition : les prises de risque augmentent avec la consommation d’alcool ou de stupéfiants.
5. Se méfier des hauteurs intermédiaires : les sauts de 5 à 10 mètres sont les plus traîtres car ils paraissent abordables sans l’être vraiment.

La beauté d’un site naturel ne suffit pas à en faire un lieu sûr. Chaque été, des jeunes se blessent ou perdent la vie en pensant faire un simple plongeon entre amis. Si les chiffres précis restent rares en France, les exemples concrets et récents suffisent à alerter : plonger, même à hauteur modérée, n’est jamais un geste anodin. Préparation, reconnaissance du site, encadrement : le bon réflexe, c’est toujours de réfléchir avant de sauter.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...