
Un littoral, une espèce dominante
Sur les côtes méditerranéennes, l’oursin violet (Paracentrotus lividus) est omniprésent. Il colonise les zones rocheuses peu profondes, souvent tapissées d’algues ou d’herbiers de posidonie, dont il se nourrit. Bien adapté aux eaux chaudes et claires, il joue un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre des petits fonds côtiers. Son piquant court et fin, sa teinte violette parfois tirant sur le brun, et surtout sa chair orangée en font une espèce emblématique du bassin méditerranéen.
En Atlantique, c’est l’oursin rouge (Echinus esculentus) qui domine. Plus gros, plus épais, il évolue dans des eaux plus froides et agitées. Il préfère les fonds rocheux battus par les courants, souvent à des profondeurs plus importantes que son cousin du Sud. D’autres espèces comme Strongylocentrotus droebachiensis peuvent également être présentes, notamment dans les eaux plus nordiques.
Des qualités gastronomiques différentes
L’oursin méditerranéen est largement consommé. Sa chair, fine, iodée, légèrement sucrée, est appréciée crue, à la petite cuillère, ou cuisinée dans des spécialités locales, en Corse comme en Provence. Sa récolte, soumise à réglementation, reste artisanale et saisonnière.
L’oursin d’Atlantique, bien que comestible, est moins présent sur les marchés. Sa chair est plus pâle, parfois plus salée, et sa consommation reste marginale en France, bien qu’on la retrouve dans certains restaurants du littoral breton ou basque. Son potentiel gastronomique est pourtant réel, notamment lorsqu’il est prélevé dans des zones peu exploitées et en pleine saison.

Un équilibre écologique fragile
Au-delà de leur intérêt culinaire, les oursins sont des indicateurs précieux de la santé des écosystèmes marins. Une population trop dense peut entraîner un surpâturage des algues, tandis qu’un effondrement des effectifs rompt l’équilibre naturel du milieu. En Méditerranée, des mesures de protection ont été mises en place dans plusieurs zones, avec des périodes de fermeture de la pêche. En Atlantique, leur suivi scientifique reste plus discret mais tout aussi nécessaire.
L’oursin violet méditerranéen, abondant et bien connu, incarne les eaux tempérées du Sud, riches en biodiversité mais vulnérables aux pressions humaines. L’oursin rouge atlantique, plus discret, résiste à un environnement plus rude, à l’image de l’océan qui le façonne.
Ils n’ont ni le même goût, ni le même rythme de vie. Et à l’heure où la préservation des fonds côtiers devient un enjeu majeur, mieux connaître ces espèces permet aussi de mieux les protéger. Sous leurs piquants, ces invertébrés racontent deux littoraux, deux climats, et deux équilibres à maintenir.