
La situation a poussé les autorités à instaurer une règlementation stricte pour encadrer la pêche, tant professionnelle que de loisir, afin de préserver cette ressource naturelle vitale pour les écosystèmes marins.
L’arrêté n° R93-2023-09-29-00001, émis par la Direction Interrégionale de la mer Méditerranée en septembre 2023, fixe ainsi des règles précises pour les trois prochaines années dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes Maritimes. Cette règlementation concerne la période de pêche, les quotas et les modalités de capture, qu'il s'agisse de pêche de loisir ou professionnelle.
Selon l’arrêté, la pêche des oursins est interdite selon le calendrier suivant pour les trois prochaines années :
- Pour les pêcheurs de loisir, la pêche est interdite du 1er mars au 14 décembre (inclus). - Pour les pêcheurs professionnels des départements des Bouches-du-Rhône et du Var, la pêche est également interdite du 1er mars au 14 décembre (inclus).- Pour les pêcheurs professionnels du département des Alpes-Maritimes, la pêche est interdite du 16 avril au 14 décembre (inclus).
Nouveaux quotas pour la pêche de loisir
Pour les amateurs de pêche, des quotas précis ont été établis afin de limiter les prélèvements et d’éviter l’épuisement des stocks. Voici les nouvelles règles en vigueur :
- Pêche sous-marine ou à pied : chaque pêcheur est limité à 2 douzaines d'oursins par jour.- Pêche au moyen d’un navire de plaisance : chaque pêcheur peut capturer 2 douzaines d'oursins par jour, avec un plafond de 5 douzaines par navire et par jour lorsque plus de deux personnes sont embarquées.
Ces quotas visent à réguler la pêche de loisir, souvent pointée du doigt pour son impact sur la ressource en période de forte demande.
Si vous vous risquez à enfreindre ses règles, vous vous exposez à une amende de 22 500€.

Une réponse à l'urgence écologique
Ces mesures de régulation répondent à une urgence écologique. Selon les nombreuses études scientifiques, dont celles menées par le Parc national de Port-Cros et le parc marin de la Côte Bleue, l'oursin comestible est exposé à un "risque de disparition". Plusieurs facteurs contribuent à ce déclin, notamment :
- La surpêche, accentuée par des pratiques illégales telles que le braconnage. - Le réchauffement des eaux méditerranéennes, qui perturbe l'équilibre des écosystèmes marins. - La modification du plancton, qui affecte le développement des larves d'oursins, compromettant ainsi la reproduction de l’espèce.
Ces bouleversements climatiques et environnementaux, conjugués à une exploitation excessive, mettent en péril la survie des oursins en Méditerranée.
Fait notable, ces nouvelles mesures de régulation ont été réclamées par les pêcheurs professionnels eux-mêmes. Ces derniers ont constaté une raréfaction alarmante des oursins, avec des répercussions directes sur leur activité. Conscients de l'importance de préserver la ressource pour garantir leur propre avenir, ils ont soutenu l’instauration de quotas et de périodes de fermeture prolongées.
L'avenir de l'oursin en Méditerranée
La protection des oursins s'inscrit dans un effort plus large de préservation des ressources marines, comme le souligne le plan d'action oursin du projet Medfish. Ce plan vise à promouvoir une gestion durable des pêches méditerranéennes tout en sensibilisant les acteurs locaux aux défis environnementaux. Grâce à cette nouvelle règlementation, les autorités espèrent rétablir un équilibre durable pour les populations d'oursins en Méditerranée. Toutefois, la réussite de ces initiatives dépendra aussi de la vigilance contre le braconnage et du respect des quotas par les amateurs comme les professionnels.
En l’absence d’une prise de conscience collective, l’oursin comestible pourrait bien disparaître des côtes méditerranéennes, privant non seulement les gourmets de ce mets prisé, mais aussi les écosystèmes marins d’une espèce clé.
Source : Parc national de Port-Cros