8 animaux marins qui changent de sexe au cours de leur vie

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

Dans l’océan, le sexe n’est pas toujours figé. Selon la taille, l’âge, la saison ou la composition du groupe, plusieurs espèces basculent d’un sexe à l’autre pour maximiser leurs chances de se reproduire. Ce phénomène, appelé hermaphrodisme séquentiel, prend des formes variées, du passage femelle vers mâle (protogynie) au trajet inverse mâle vers femelle (protandrie), parfois avec des changements de couleurs, de comportement et d’organisation sociale. Tour d’horizon de huit champions de l’adaptation.

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Dans l’océan, le sexe n’est pas toujours figé. Selon la taille, l’âge, la saison ou la composition du groupe, plusieurs espèces basculent d’un sexe à l’autre pour maximiser leurs chances de se reproduire. Ce phénomène, appelé hermaphrodisme séquentiel, prend des formes variées, du passage femelle vers mâle (protogynie) au trajet inverse mâle vers femelle (protandrie), parfois avec des changements de couleurs, de comportement et d’organisation sociale. Tour d’horizon de huit champions de l’adaptation.

1) Poisson-clown - protandrie (mâle vers femelle)

Ces petits poissons, célèbres grâce à leur relation avec les anémones de mer mais aussi au film de Disney, vivent dans une hiérarchie bien réglée. En haut, une femelle dominante ; juste en dessous, un mâle reproducteur ; et plus bas, des individus immatures. Si la femelle meurt, le mâle change de sexe et devient la nouvelle femelle du groupe. Le plus grand des jeunes devient alors mâle à son tour. Ce mécanisme garantit qu’il y a toujours un couple reproducteur sans avoir à chercher un partenaire ailleurs. Ce changement s’accompagne de modifications hormonales rapides, d’un comportement plus affirmé et d’une prise de contrôle sur le territoire de l’anémone.


2) Labre à tête de mouton asiatique - protogynie (femelle vers mâle)

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Dans les eaux japonaises, ce grand labre commence sa vie en tant que femelle. Lorsqu’il atteint une certaine taille ou qu’il n’y a plus de mâle dominant dans la zone, il se transforme. Sa tête devient plus massive, un front bombé se développe et sa mâchoire se renforce. Ce n’est pas qu’un changement physique : son comportement change aussi radicalement. De paisible brouteur d’algues, il devient protecteur d’un territoire et d’un groupe de femelles. Cette transition, qui peut durer plusieurs semaines, permet de maintenir l’équilibre reproductif dans le récif.


3) Labre à tête bleue - protogynie (femelle vers mâle)

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Ce poisson des Caraïbes est l’un des champions de la rapidité de transformation. Quand le mâle dominant disparaît, une femelle peut prendre sa place en un temps record. Dès les premières heures, elle adopte les comportements de parade et de défense typiques des mâles. En quelques jours, ses organes reproducteurs changent et deviennent pleinement fonctionnels. Ce passage express évite que le groupe perde une saison de reproduction. On retrouve souvent ce phénomène sur les zones de sable et de corail, où les mâles surveillent des territoires riches en nourriture.


4) Poisson-perroquet stoplight - protogynie (femelle vers mâle)

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Reconnaissable à ses couleurs éclatantes, ce poisson joue un rôle écologique clé en grignotant le corail et en rejetant du sable fin. Il commence généralement sa vie comme femelle, puis peut devenir mâle selon la densité des autres individus et sa propre croissance. Ce changement s’accompagne d’un nouveau schéma de couleurs et d’une attitude plus combative : le mâle « phase terminale » défend une zone où les femelles viennent pondre. Ces transformations sont souvent visibles au printemps et en été, quand l’activité de reproduction est la plus intense.


5) Murène ruban - protandrie (mâle vers femelle)

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Longue, fine et ondulante, la murène ruban est un spectacle en soi. Elle naît en tant que mâle, puis, en grandissant, se transforme en femelle. Ce changement est signalé par un code couleur étonnant : les jeunes sont noirs, les mâles adultes bleus, et les femelles jaunes. Cette transition n’est pas qu’esthétique : elle prépare l’animal à pondre. Souvent cachée dans un trou ou une crevasse, la murène ruban attend ses proies, et ce changement de sexe intervient à un moment précis de sa vie pour maximiser ses chances de reproduction.


6) Barramundi - protandrie (mâle vers femelle)

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Très apprécié des pêcheurs en Asie et en Australie, le barramundi vit aussi bien en eau douce qu’en mer. La plupart des individus commencent leur vie comme mâles, puis deviennent femelles à mesure qu’ils grossissent. Les femelles produisent des milliers d’œufs, et plus elles sont grandes, plus elles en pondent. C’est pourquoi protéger les gros individus est essentiel à la survie de l’espèce. Cette transformation se produit souvent lors des migrations vers les zones côtières où a lieu la reproduction.


7) Dorade royale - protandrie (mâle vers femelle)

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Bien connue en Méditerranée, la dorade royale naît souvent mâle et devient femelle après quelques années. Le moment du changement dépend de plusieurs facteurs : taille, âge, état de santé et conditions de l’environnement. En aquaculture, on a même remarqué que la lumière et la nourriture peuvent influencer ce processus. Dans la nature, ce mécanisme assure qu’il y a toujours assez de femelles dans la population pour maintenir un bon taux de reproduction.


8) Crépidule - protandrie (mâle vers femelle)

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Ce petit mollusque marin vit empilé en grappes sur les rochers ou les coquillages. Les individus les plus jeunes et placés en haut de la pile sont des mâles. Ceux plus bas, souvent plus âgés, sont des femelles. Avec le temps, ou si le groupe manque de femelles, un mâle peut se transformer. Cette organisation sociale garantit que, peu importe la composition du groupe au départ, il y aura toujours un équilibre entre mâles et femelles pour se reproduire.

Pourquoi changer de sexe ? Trois leviers qui reviennent souvent

o Bénéfice lié à la taille : dans des espèces où les gros individus réussissent mieux comme mâles (défense d’un territoire, compétition), il « paie » d’être femelle quand on est petit (pondre des œufs à bas coût) puis mâle une fois grand. Inversement, quand la fécondité des femelles augmente fortement avec la taille, être d’abord mâle puis devenir une grande femelle maximise la production d’œufs.
o Contrôle social : chez les espèces à harem ou à couple fixe, la disparition d’un individu clé déclenche un relais sexuel quasi immédiat, évitant la perte d’une saison de reproduction.
o Plasticité environnementale : température, disponibilité de nourriture, densité de population ou photopériode peuvent accélérer/retarder la bascule, voire la rendre incomplète chez certains individus.

Chez ces espèces, changer de sexe est bien plus qu’une curiosité naturelle : c’est une adaptation fine aux contraintes de la vie marine. Cela permet de s’ajuster aux absences, aux déséquilibres ou aux changements de l’environnement, tout en maintenant la reproduction. Comprendre ces mécanismes aide aussi à mieux protéger ces animaux, en préservant l’équilibre des populations et la diversité des océans.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...