
La saison estivale 2025 vire au rouge sur le front des noyades. Les chiffres publiés par Santé publique France dressent un constat alarmant : entre le 1er juin et le 2 juillet, 429 noyades ont été enregistrées en France, dont 109 mortelles. C’est presque le double des accidents (+95 %) et une hausse de +58 % des décès par rapport à la même période en 2024.
La situation ne s’est pas améliorée depuis. Le dernier bilan, communiqué le 1er août, fait état de 702 noyades, dont 193 décès depuis le début de l’été. Par rapport à l’an dernier, cela représente +50 % d’accidents et +45 % de noyades mortelles.
Les enfants, premières victimes
Ce sont les plus jeunes qui paient le prix le plus lourd. Les accidents ont grimpé de +155 % chez les 0-5 ans et de +153 % chez les 6-12 ans. Les décès parmi les mineurs ont plus que doublé, passant de 8 en 2024 à 19 cette année. La majorité des drames surviennent dans des plans d’eau et rivières non surveillés, véritables pièges invisibles : chez les 13-17 ans, 78 % des noyades mortelles ont eu lieu dans ces environnements, contre seulement 22 % en mer.
La canicule, facteur aggravant
La vague de chaleur exceptionnelle qui a frappé la France en juin et juillet a poussé de nombreux baigneurs à chercher la fraîcheur, parfois dans des conditions dangereuses. La Fédération française des maîtres-nageurs sauveteurs (FFMNS) pointe la météo comme un accélérateur de risque : la chaleur intense, combinée à des baignades improvisées dans des zones non sécurisées, a décuplé les accidents. Invité de franceinfo le 11 août, Axel Lamotte, membre du comité directeur de la FFMNS, n’a pas mâché ses mots : « Il manque plus de 5000 maîtres-nageurs depuis vingt ans, et les pouvoirs publics n’ont toujours pas réagi. On va chercher les gens une fois qu’ils se sont noyés. Ça a un coût énorme au niveau des vies et au niveau de la Sécurité sociale. »
Pour lui, la réponse doit passer par un plan d’urgence national : apprentissage gratuit de la natation pour tous et formation accélérée de nouveaux sauveteurs.
Les dangers invisibles des eaux naturelles
Les statistiques sont formelles : les rivières, lacs et retenues d’eau restent les plus meurtriers. Ces milieux, souvent dépourvus de surveillance, cachent des pièges invisibles comme les courants, les fonds irréguliers ou les variations de profondeur. « On a vu les chiffres s’envoler dans le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté ou en Auvergne-Rhône-Alpes », prévient Axel Lamotte, qui rappelle aussi l’importance d’entrer progressivement dans l’eau. « Même s’il fait très chaud et qu’on a envie de se jeter à l’eau, on se retient et on prend son temps. On se mouille le corps, la nuque, le visage... Sinon, on risque un arrêt cardiaque immédiat par choc thermique », explique-t-il sur franceinfo.
Prévenir pour sauver
Pour inverser la tendance, la FFMNS multiplie les initiatives : journées nationales de prévention de la noyade (JNPN), opérations « Mon école, ma ville, mon club » ou « Je nage donc je sauve », et formations aux gestes qui sauvent (BNSSA, BPJEPS AAN). L’objectif : former massivement et sensibiliser dès le plus jeune âge.
Le message est clair : ne jamais laisser un enfant sans surveillance, privilégier les zones encadrées, éviter les baignades après un repas copieux ou la consommation d’alcool, et ne jamais nager seul.