
Construite en 1942 à Seattle pour la Royal Navy, la Calypso - alors baptisée HMS J-826 - appartenait à la classe des dragueurs BYMS (British Yard Mine Sweepers). Après avoir été affectée en Méditerranée, elle fut démobilisée en 1947. Rachetée par le milliardaire Thomas Loel Guinness, elle est confiée à Jacques-Yves Cousteau à partir de 1950. Le navire est entièrement réaménagé : une chambre d’observation sous-marine, des équipements de plongée, des laboratoires et, plus tard, un petit sous-marin jaune, « Denise », font de la Calypso un véritable laboratoire flottant.
Dès 1951, la Calypso devient le centre des expéditions de Cousteau. De la mer Rouge à l’Antarctique, en passant par le fleuve Amazone ou l’archipel des Galápagos, l’équipage multiplie les missions. Ces explorations sont filmées, donnant naissance à des documentaires marquants comme Le Monde du silence (Palme d’or à Cannes, 1956) ou encore à la série L’Odyssée sous-marine diffusée dans le monde entier.
Un patrimoine inestimable, un héritage controversé
Les expéditions de la Calypso ont ouvert la voie à l’océanographie moderne, à une époque où les connaissances sur les fonds marins étaient encore limitées. Toutefois, avec le recul, certaines méthodes utilisées par l’équipe Cousteau ont été critiquées, notamment concernant le traitement de la faune. Ces images n’en restent pas moins des archives scientifiques majeures de leur temps.

Le naufrage et les années d’incertitude
En 1996, la Calypso coule à Singapour, percutée par une barge. Elle est renflouée et rapatriée en France, d’abord à Marseille, puis à La Rochelle. En 2007, après des années de litige sur sa propriété, l’Équipe Cousteau en devient officiellement propriétaire. Les travaux de restauration commencent alors, mais progressent difficilement. En 2016, le navire est transféré à Izmit, en Turquie, pour y être restauré dans un chantier naval spécialisé. Un incendie, survenu en 2017, détruit une grande partie de sa coque en bois. Un chantier de reconstruction s’amorce, mais les difficultés techniques et financières ralentissent considérablement le projet.
Face à l’impossibilité de remettre l’original en état de naviguer durablement, un projet de reconstruction fidèle voit le jour. Grâce aux plans d’origine du navire, conservés intégralement, une Calypso II devrait être construite à l’identique. Ce nouveau bateau, pensé comme une réplique respectueuse de l’originale, aurait vocation à reprendre la mer et à prolonger l’oeuvre de Cousteau. L’objectif affiché est clair : faire de la Calypso II un navire d’exploration moderne et un outil de sensibilisation aux enjeux environnementaux contemporains.
Un symbole toujours vivant
Labellisée « Bateau d’Intérêt Patrimonial » depuis 2012 par la Fondation du Patrimoine Maritime et Fluvial, la Calypso conserve une place forte dans l’imaginaire collectif. Son destin reste lié à la volonté de faire revivre l’esprit d’exploration qui animait Jacques-Yves Cousteau. Qu’il s’agisse du navire restauré ou de sa réplique en préparation, l’histoire de la Calypso est loin d’être terminée.